L’autre jour, je vous ai montré comment parler le Mélanie Joly.
C’est simple : il suffit d’utiliser des mots et des termes hyper complexes pour parler d’une chose simple.
Par exemple, au lieu de dire « soupe », vous dites « plat liquide et onctueux contenant des légumineuses plus ou moins cuites auxquelles on ajoute parfois des protéines animales ou des matières grasses ».
Comme ça, en utilisant des mots pseudo-scientifiques, la moindre niaiserie que vous proférez semble intelligente.
L’INVERSE DU MÉLANIE JOLY
Aujourd’hui, je vais vous enseigner à parler le Justin Trudeau.
Dialecte de plus en plus utilisé par le gouvernement canadien, le Justin Trudeau est en fait l’inverse du Mélanie Joly.
Il ne s’agit pas de rendre les mots plus compliqués, plus « savants », mais de les rendre plus doux, plus neutres.
Par exemple, au lieu de dire « l’excision est un acte barbare », vous dites « l’excision est un acte inacceptable ».
C’est le même crime sauvage (couper à froid le clitoris d’une fillette pour l’empêcher de jouir et s’assurer que ses organes génitaux ne servent plus qu’à produire des enfants), mais lorsque vous utilisez le Justin Trudeau pour le décrire, il devient moins brutal, moins sanglant, moins violent.
Un acte barbare est un acte cruel, inhumain, contraire à toutes nos valeurs.
Un comportement inacceptable est un comportement que la société n’accepte pas, comme se baigner seins nus en public, par exemple, ou se montrer la zigounette dans un parc.
Lorsque vous dites que l’excision est un « acte inacceptable » au lieu de « barbare », vous participez à le rendre moins révoltant, moins odieux.
POLIR, RENDRE PLUS DOUX
De même, lorsqu’un fou d’Allah se fait sauter à la dynamite dans une gare, vous ne dites pas que c’est une attaque terroriste islamiste.
Vous dites que c’est une « tragédie », un « drame humain ».
Vous lui enlevez ainsi toute connotation idéologique.
Vous comprenez ?
Quand vous vendez des chars d’assaut à l’Arabie saoudite, vous ne dites pas que vous participez à armer une monarchie religieuse qui ne respecte pas les droits de la personne, non.
Vous dites que vous effectuez une transaction commerciale importante avec un pays ami, dans l’intérêt économique de tous les Canadiens.
Il s’agit toujours d’enlever tout ce qui peut choquer ou prêter flanc à la controverse.
Quand vous parlez le Justin Trudeau, même l’événement le plus dégueulasse paraît soudainement plus doux.
Nous vivons au pays des licornes, ne l’oubliez pas !
PAS DE DETTE !
Quand le chef d’un gouvernement emprunte des milliards de dollars pour financer ses promesses électorales, on dit qu’il creuse la dette publique, qu’il endette les générations futures.
Mais le mot « dette » n’existe pas dans le Justin Trudeau. On dit plutôt « investissement majeur dans l’avenir ».
Beaucoup plus positif, non ?
La base du Justin Trudeau est simple à comprendre...
Le monde est cruel.
On ne peut rien faire pour le rendre moins cruel.
À défaut de pouvoir changer la réalité, on va changer les mots qui servent à la décrire, afin de nous donner l’impression que le monde dans lequel on vit est plus doux.
Fallait y penser, non ?
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