Droit à l'indépendance

Combien faut-il de morts et de villages brûlés?

DUI - Référendum - Kosovo (17 février 2008), Soudan (janvier 2011)


Onil Perrier - D'après M. [Philippe Roseberry (Le Devoir du 27 juillet)->29450], le Kosovo avait le droit de proclamer son indépendance parce qu'il avait beaucoup souffert. Mais ce ne serait pas le cas du Québec. M. Roseberry ne semble pas connaître l'histoire du Québec et des francophones de ce territoire qui s'appelle Canada. Je la rappelle en quelques phrases.
De 1608 à 1756, attaques incessantes des pionniers par Iroquois interposés (j'y ai perdu une vingtaine de mes ancêtres); double siège de Québec en 1690 et en 1711, avec dommages collatéraux; 1755, déportation des Acadiens (reconnue comme un génocide); 1756, déclenchement de la guerre de Sept Ans et invasion de la Nouvelle-France; siège de Québec avec incendie de 40 villages de Lévis à Saint-Jean-Port-Joli.
De 1760 à 1783, vexations croissantes qui ont amené les Patriotes du Bas et du Haut-Canada à se révolter (au moins 500 morts et de 20 à 25 villages brûlés); entre 1840 et 1920, saignée de 800 000 Canadiens du Québec vers les États-Unis par suite des mauvaises conditions économiques et de la fermeture de l'Ouest pendant qu'on faisait venir les immigrants à pleins bateaux...
De 1890 à 1965, persécutions scolaires qui ont fait que 3 500 000 francophones sont maintenant anglicisés... dans toutes les provinces. Si les francophones avaient été traités en égaux depuis 1760, ils seraient aujourd'hui 15 millions au lieu de 7 millions et le visage du Canada serait tout autre.
Ce n'est rien, tout ça? Le peuple francophone maintenant parqué au Québec n'aurait pas le droit de dire: c'est assez? Voyons donc! Faudrait-il qu'on oublie aussi les nombreux actes illégaux commis par Ottawa et les fédéralistes lors des deux référendums de 1980 et de 1995?
Comme tout bon Québécois, je me souviens.
Quelques principes
Mais au-delà de ce lourd passé d'injustices qui nous donnerait le droit à l'indépendance (si c'était ça la condition...), je souhaite qu'enfin les sociologues, les politologues et les politiciens à travers le monde s'imposent une réflexion de fond pour établir justement, auprès des Nations unies, les conditions de base qui justifient le droit d'un peuple ou d'une «nation» à l'indépendance.
Qu'on le veuille ou non, les grands empires existants ne pourront pas tous garder leur unité. Dans 50 ans, on pourrait se retrouver avec 400 États souverains au lieu de 195. Ce ne serait pas nécessairement un drame, pourvu que les choses se passent logiquement.
Je risque quelques principes.
- Le premier, c'est que les groupes humains sont comme les individus: ils ont besoin de liberté pour vivre et se développer.
- Le deuxième: la structure étatique existe non pour elle-même, mais pour le bien des personnes et des groupes qui vivent sur le territoire qu'elle gère.
- Le troisième: s'il s'avère avec le temps qu'un des groupes humains soumis à une structure politique par la ruse, par une conquête ou par un arrangement qui ne lui va plus le souhaite ainsi, ce groupe a le droit démocratique de se détacher de l'ensemble.
Des conditions
Mais pour que ce droit soit exercé, certaines conditions devraient se réaliser:
- le groupe doit être vraiment distinct par son histoire, sa langue, sa culture (sa religion);
- le groupe humain en question doit être assez nombreux pour assurer à ses membres les services permettant à chaque individu de s'épanouir: éducation jusqu'à l'université, hôpitaux bien équipés pour la santé, ressources disponibles, etc.;
- il doit occuper un territoire suffisamment défini; et si celui-ci comprend une minorité implantée depuis longtemps (non des immigrants), celle-ci doit avoir des droits définis;
- le groupe doit avoir les moyens de contrôler et de développer le territoire qu'il occupe: police et armée, routes, communications, etc.
- enfin, ce groupe doit être en mesure de jouer un rôle valable comme membre de la communauté des nations par ses ambassadeurs, ses Casques bleus, etc.
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Onil Perrier, Communicateur et un des fondateurs de la Maison nationale des Patriotes, Saint-Denis-sur-Richelieu


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