Code de vie d'Hérouxville: André Boisclair persiste et signe

Dossier de Hérouxville

(Québec) Même si ses propos sont qualifiés de «loufoques» et «fabulatoires», l'ex-chef péquiste André Boisclair maintient qu'un stratège adéquiste, Éric Duhaime, lui a confié que la crise des accommodements raisonnables a été financée et entretenue par l'ADQ.
La sortie de l'ancien politicien à l'émission Les francs-tireurs, mercredi, a entraîné une vague de contestations chez les anciens de l'ADQ. M. Boisclair a affirmé qu'en 2007, l'Action démocratique du Québec (ADQ) a «callé la shot» et «payé et commandité» le code de vie d'Hérouxville juste avant la campagne électorale. Une façon de faire perdurer selon lui un dossier politiquement favorable à l'ADQ.
En entrevue au Soleil, hier, M. Boisclair a persisté et signé. Il y a plus d'un an, lors d'une rencontre avec «un client» et M. Duhaime, ce dernier lui aurait assuré que l'ADQ aurait joué un rôle actif pour entretenir la crise. «Je le vois encore sur un ton quasi arrogant me dire : "Ben voyons André, tu le savais", dit-il. Et je lui ai dit que je comprends qu'ils en ont profité politiquement, mais que je n'avais jamais pensé qu'ils figuraient parmi les animateurs de la crise.»
L'ex-chef du PQ convient qu'il n'a pas contre-vérifié l'information. Mais elle lui apparaissait suffisamment crédible pour être répétée en ondes. «Ça me semblait d'autant plus crédible que [M. Duhaime] m'a dit : "Pourquoi tu penses que c'est arrivé à ce moment"?» juste avant les élections.
«C'était très clair qu'ils ont manigancé pour monter ce débat-là et qu'ils y ont contribué avec les ressources à leur disposition», renchérit M. Boisclair. Aujourd'hui consultant dans le secteur privé, l'ex-député de Gouin dit n'avoir aucun intérêt à mentir. Il soutient avoir eu un «haut-le-coeur» après la confidence.
MM. Duhaime et Boisclair se voient de temps à autre. Ils se sont d'ailleurs parlé au téléphone mercredi soir. «On est de bons amis, je n'ai rien contre André, explique M. Duhaime au Soleil. Il aurait dû m'appeler avant de dire ça publiquement, me confronter, et attendre d'avoir des preuves ou d'autres sources, ajoute-t-il. Tu ne pars pas sur une histoire de même sur un coup de tête.»
D'après lui, M. Boisclair aborde souvent la question des accommodements raisonnables avec amertume. Le rôle du débat dans la défaite électorale de 2007 lui est resté dans la gorge, d'après M. Duhaime. À l'époque, l'ADQ n'avait pas les moyens d'investir dans autre chose que sa propre campagne, dit-il. Et le parti ne pouvait pas deviner la date des élections, plaide M. Duhaime.
«Responsable de sa défaite»
«On a soufflé sur la braise, et c'est clair que politiquement, ça nous a profité, reconnaît-il. Mais ça ne peut pas être un coup monté de l'ADQ. On ne savait pas comment Boisclair allait se positionner. Il s'est planté. Qu'il ne cherche pas des coupables à Hérouxville. Le responsable de sa défaite, c'est lui.»
Sur plusieurs tribunes, l'ex-conseiller municipal d'Hérouxville, André Drouin, a aussi réfuté que l'ADQ se soit impliquée d'une façon ou d'une autre dans le controversé code de vie à l'intention des immigrants.
De son côté, Mario Dumont a nié à son émission sur LCN toute connaissance d'une quelconque implication financière de l'ADQ dans l'épopée d'Hérouxville. «Tant qu'à soulever des questions absurdes, c'était pour financer quoi? demande-t-il au Soleil. Ça n'a rien coûté, Hérouxville. À moins qu'il accuse criminellement d'avoir acheté un par un les élus. Autrement, ça ne coûte rien d'autre que le papier pour imprimer le code de vie.»


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