Claude Péloquin se tait

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« Vous êtes pas écœurés de mourir, bande de caves ! C’est assez ! »


Jusqu’à la fin, il a été notre poète le plus marginal. Un poète maudit, disaient même ses proches. Claude Péloquin, à qui on doit notamment les paroles de Lindberg, chantée par Robert Charlebois et Louise Forestier, a rendu l’âme discrètement, dimanche soir.  


 Âgé de 76 ans, Péloquin souffrait d’un cancer généralisé dont il n’avait soufflé mot à personne ou presque. Il est décédé à l’hôpital Marie-Clarac, de Montréal, a annoncé son agent de liaison, René Corbeil.  


 Son grand ami et complice de la contre-culture, Lucien Francoeur, était inconsolable quand Le Journal l’a contacté.  



Au lancement de Voyage en Arctique (1987).


« Qu’est-ce que tu veux faire, man ? On pleure parce qu’on a cheminé ensemble longtemps. Malgré sa carapace de frondeur, il était extrêmement vulnérable et fragile. Il se cachait derrière une image de samouraï de la poésie mais souffrait beaucoup de l’arrogance envers lui. »  


 Une citation qui a fait scandale  


 Né à Montréal, le 26 août 1942, Claude Péloquin était un poète, écrivain, auteur-compositeur-interprète, scénariste et réalisateur qui n’a jamais craint de générer la controverse avec ses écrits et ses propos.  


Le poète en spectacle au début des années 70.


Parmi ses principaux faits d’armes, il importe de mentionner qu’il a écrit des textes de l’Osstidcho et qu’il a participé à la célèbre Nuit de la poésie, en 1970.  


« Vous êtes pas écœurés de mourir, bande de caves ! C’est assez ! » Cette phrase de Péloquin avait créé toute une polémique lors de l’inauguration du Grand théâtre de Québec, en 1971.


L’année suivante, sa célèbre citation « Vous êtes pas écœurés de mourir, bande de caves ! C’est assez ! » a fait scandale quand elle a été gravée dans la murale de Jordi Bonet, au Grand Théâtre de Québec.« Les critiques étaient moitié-moitié », se souvient le directeur de la programmation du Grand Théâtre, Michel Côté, qui a bien connu « Pélo ».  


 « C’était un grand ambassadeur de la liberté d’expression. Il a pu en abuser à quelques reprises mais c’est bien d’avoir des gens comme ça qui s’expriment haut et fort. »  


 Querelle avec Charlebois  


 En 2009, Claude Péloquin a écrit un poème que devait lire l’homme d’affaires Guy Laliberté lors de son voyage dans l’espace.  


Se disant humilié par Guy Laliberté, le poète avait fait tatouer le logo du Cirque.


Une mésentente entre les deux hommes a toutefois amené Laliberté à faire volte-face. L’affaire avait ensuite donné lieu à une querelle publique, par médias interposés, entre Robert Charlebois et son ancien acolyte Claude Péloquin.  


En 2012, la prose de Péloquin avait servi d’inspiration à Yann Perreau quand il avait concocté son album À genoux dans le désir. Il s’est rappelé avec émotion hier « du plus maudit des poètes ». « Il était beaucoup plus que Lindberg, a dit Perreau. Ça vaut la peine de lire ses recueils. Il avait beaucoup à dire et beaucoup d’amour. »  


 - Avec la collaboration de l’Agence QMI