Citoyenneté québécoise: le PQ forcé de corriger le tir

Élection Québec 2012 - les souverainistes



TOMMY CHOUINARD La Presse - Le Parti québécois a dû corriger le tir à la suite de la controverse soulevée par la chef Pauline Marois au sujet de son projet de citoyenneté québécoise. Les anglophones de souche et les autochtones conserveraient finalement le droit de se présenter aux élections même s'ils n'ont pas une connaissance appropriée du français.
Les nouveaux arrivants devraient toutefois connaître le français afin d'obtenir la citoyenneté québécoise et de pouvoir briguer les suffrages, si le PQ est élu.
En conférence de presse mardi, Pauline Marois avait dû préciser les contours de sa promesse d'instaurer une citoyenneté québécoise. Le PQ avait déposé en 2007 un projet de loi pour créer cette citoyenneté. Or mardi, à la surprise générale, la chef avait présenté des règles qui vont plus loin que celles prévues à l'époque. Elle disait vouloir interdire aux anglophones, aux autochtones et aux nouveaux arrivants de se présenter aux élections s'ils n'ont pas une «connaissance appropriée» du français.
«Ce n'est pas pour les nouveaux Québécois, c'est pour tout le monde. Tous les citoyens du Québec qui veulent se faire élire dans une mairie, comme conseiller, comme député, doivent avoir une connaissance du français, a-t-elle dit. Dans le cas d'un anglophone, soit-il de souche, soit-il nouvellement arrivé, la langue commune ici, officielle, c'est le français. Y a-t-il quelqu'un qui pourrait imaginer qu'on ne puisse pas posséder cette langue?»
L'affaire a soulevé une controverse. Dans un communiqué, l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador a accusé le PQ de vouloir «imposer sa loi» avec son projet de citoyenneté. «Personne ne pourra nous empêcher de vivre notre vie comme nous l'entendons, affirme le chef Ghislain Picard. Si les partis politiques croient pouvoir nous imposer leur citoyenneté et leur langue, ils feraient mieux de continuer de nous ignorer. De toute manière, nous les attendrons dans le détour, après les élections.»
Le PQ a ensuite publié un communiqué de presse précisant qu'un gouvernement péquiste reprendrait les dispositions contenues dans le projet de loi 195 déposé en 2007. Pauline Marois est donc allée trop loin dans ses déclarations mardi. «On a cru nécessaire de clarifier l'interprétation» qui a été faite des propos de la chef, a indiqué à La Presse le député sortant Alexandre Cloutier.
Ainsi, comme le prévoyait le projet de loi 195, tous les citoyens vivant sur le territoire du Québec au moment de l'adoption éventuelle de la loi obtiendraient automatiquement la citoyenneté québécoise -y compris, donc, les autochtones et les anglophones de souche. Ils jouiraient ainsi des droits que celle-ci confère, comme celui de se porter candidat aux élections.
Mais les nouveaux arrivants devraient respecter certaines conditions pour avoir la citoyenneté. Ils devraient avoir une «connaissance appropriée» de la langue française. Cela impliquerait de leur faire passer des tests linguistiques. Si un immigré ne respecte pas la condition, il serait privé du statut «citoyen québécois». Il lui serait ainsi interdit de financer un parti politique, d'adresser une pétition à l'Assemblée nationale et d'être candidat aux élections québécoises, municipales et scolaires.
«De telles exigences seraient semblables à celles requises par le gouvernement du Canada, qui demande une connaissance appropriée du Canada et de l'une des deux langues officielles pour obtenir la citoyenneté canadienne, souligne le PQ dans son communiqué. D'autres pays à travers le monde ont également ces exigences, comme l'Australie, l'Allemagne, les États-Unis, la France et le Japon.»
En 2007, la Commission des droits de la personne et certains constitutionnalistes avaient déclaré que le projet péquiste serait discriminatoire et contraire aux chartes.
«Improvisation», raille Charest
Ce changement de cap soudain de Pauline Marois a fait sourciller Jean Charest. De passage à Saint-Jean-sur-Richelieu, le chef libéral n'a pas manqué l'occasion pour dénoncer l'«improvisation» de sa rivale péquiste.
«J'espère que leur thème n'est pas "nous sommes prêts", a-t-il raillé, une allusion au slogan de son parti en 2003. Parce que je pense que la démonstration du contraire vient d'être faite.»


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