Cimenterie McInnis: l'hypocrisie libérale sous son vrai jour

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Manigances libérales mur à mur

Après l'épisode des bélugas du Saint-Laurent, puis celui du flushgate à Montréal, sans oublier l'argent gaspillé du Fonds vert, je pensais sincèrement que le ministre de l'Environnement, David Heurtel, ne pouvait plus descendre plus bas. Mais les attentes n'étant jamais trop basses pour notre ministre de l'Environnement, il n'a pas fallu attendre longtemps avant qu'une autre controverse s'attache à lui.

Le dossier de la cimenterie McInnis à Port-Daniel est revenu hanter le ministre, alors que Le Journal de Québec nous apprenait que David Heurtel avait refusé d'évaluer une option plus verte et moins polluante avant de lancer ce projet hautement controversé qui est aujourd'hui, rappelons-le, le plus polluant de toute l'histoire du Québec.

Incapable de reconnaître ni d'apprendre de ses erreurs, M. Heurtel a décidé de n'en faire qu'à sa tête et de balayer du revers de la main une proposition faite par son propre collègue, le ministre de l'Énergie Pierre Arcand : remplacer une partie du coke de pétrole utilisé par la cimenterie par un approvisionnement en gaz naturel liquéfié provenant du puits Bourque, près de Murdochville.

L'hypocrisie de ce gouvernement en matière d'environnement atteint de nouveaux sommets. D'une part, on bloque l'exploration pétrolière sur l'île d'Anticosti sous prétexte qu'on veut protéger un milieu naturel. D'autre part, on autorise la construction d'une usine qui va émettre près de 2 fois plus de gaz à effet de serre (GES) que le projet Anticosti. Comble de l'incohérence, on tourne le dos à une méthode qui aurait permis de diminuer de façon significative les émissions produites par la future usine.

Le premier ministre peut bien solliciter l'appui des lobbys environnementaux, s'acoquiner des députés solidaires, le fait est que son ministre de l'Environnement vient de se faire prendre une fois de plus la main dans le sac !

Je vous rappelle que c'est ce même ministre qui avait exempté la cimenterie McInnis d'une évaluation du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE). Combien de passe-droits dont on ignore l'existence ont encore été octroyés à McInnis ?

En toute connaissance de cause, le ministre Heurtel a préféré engager le Québec dans une voie risquée, où il lui sera, rien qu'avec la cimenterie McInnis, très difficile de respecter sa cible de réduction des émissions de GES de 37,5 % d'ici 2030.

À elle seule, la future cimenterie gaspésienne, ultrasubventionnée à même les fonds publics, fera augmenter les émissions de gaz à effet de serre du Québec de plus de 2 millions de tonnes de GES chaque année !

Pourtant, ce que le ministre de l'Environnement ignore, c'est que parmi tous les combustibles fossiles, le gaz naturel émet jusqu'à moins de 30 % de polluant que tout autre hydrocarbure. Le ministre Heurtel, qui prétend être un homme de sciences, aurait mieux fait de faire ses devoirs.

Des questions sans réponses

Le rejet pur et simple de l'utilisation de gaz naturel pour McInnis soulève un certain nombre de questions légitimes pour lesquelles nous attendons toujours des réponses.

Nous avons vu au cours des dernières semaines toute la sympathie et le respect que témoigne Philippe Couillard envers Pétrolia. Or, le puits produisant le gaz liquéfié qui aurait pu être utilisé pour McInnis appartient à Pétrolia. Tiens donc, comme le hasard fait bien les choses !

Le premier ministre aurait-il refusé un approvisionnement du projet Bourque afin d'écarter Pétrolia, soit la même compagnie avec qui il tente désespérément de briser toute alliance en ce qui concerne l'exploration des hydrocarbures sur Anticosti ?

On ne peut s'empêcher également de soulever les propos qu'a tenus Philippe Couillard à Paris, lui qui ne croit plus du tout en l'avenir de la filière du gaz naturel au Québec. Est-ce que David Heurtel croit lui aussi que la filière du gaz naturel sera morte avant 50 ans ?

Disons que les avenues que prend ce gouvernement sont inquiétantes. Pendant ce temps, silence radio au gouvernement. Normal, il est encore à chercher une explication pour justifier l'injustifiable.

David Heurtel, numéro 2 du gouvernement

Comme si l'hypocrisie libérale ne suffisait pas, voilà que le gouvernement en a rajouté une couche en affirmant qu'il n'écartait pas la possibilité d'injecter d'autres fonds publics dans ce désastre environnemental qu'est McInnis, par le biais du Fonds vert. Fonds Vert qui, comme le réitérait le commissaire au développement durable pour la troisième fois en quatre ans, dans un troisième rapport accablant déposé le 25 février, ne dispose toujours d'aucun cadre de gestion, ni d'objectifs, ni de processus d'évaluation.



Il faut être un brin fou pour penser à injecter de l'argent du Fonds vert, dédié exclusivement à la lutte aux changements climatiques, dans un projet dans lequel nous avons déjà dépensé collectivement 450 M$. Il y a des limites à prendre les Québécois pour des valises !

La vérité fait mal : David Heurtel est véritablement devenu le numéro deux du gouvernement Couillard. Cafouillage après cafouillage, controverse après controverse, rien ne semble faire tomber David Heurtel, nouveau bras droit de Philippe Couillard. Nous avons la démonstration qu'il est devenu un poids lourd du cabinet Couillard. Ça en dit long sur la vision environnementale du gouvernement qui nous représente.

À la suite de toutes ces révélations, il est temps que le gouvernement réajuste le tir et qu'il mette en place les innovations nécessaires pour, au moins, évaluer la possibilité de remplacer une partie du coke de pétrole produit par la cimenterie par du gaz naturel liquéfié provenant du puits Bourque. J'espère toutefois que le gouvernement sera à même de le faire à partir des 450 M$ déjà dépensés pour ce projet.

On l'a vu par le passé : ça prend généralement un article dans un journal pour que le ministre Heurtel se réveille et corrige ses bévues. Cette fois-ci ne fait pas exception.


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