Les «vertuistes» et la folie des «phobies»

Cette bien-pensance qui contamine la «pensance»

Les Québécois: ni intolérants, ni massivement racistes

Tribune libre

Dans un récent texte sur la bien-pensance, j’essayais de réfléchir à la fameuse dialectique majorité-minorités. J’affirmais, avec certaines nuances, que je suis d’accord avec l’idée selon laquelle la démocratie, c’est «le gouvernement de la majorité dans le respect des minorités». Je prétendais, toutefois, qu’avec l’actuelle bien-pensance galopante et conquérante, nous courons le risque de sombrer dans une vénération presque idolâtrique, non pas de toutes les minorités, mais de certaines minorités. Ça paraît bien, aujourd’hui, de se présenter comme étant le défenseur inconditionnel des minorités. C’est là le jeu actuel des libéraux fédéraux et du général en chef, Justin Trudeau. Sauf grossière erreur de ma part, les sikhs et les musulmans sont plus vénérés que les francophones, ces enquiquineurs bornés qui ne cessent de se battre pour leur langue et leur culture.

Même si, jusqu’à renversement de situation, les francophones sont majoritaires, au Québec, nombreux sont les fédéralistes qui acceptent très mal le concept du gouvernement de la majorité. Les efforts des francophones pour protéger certaines valeurs et certaines règles sont facilement interprétés comme étant un manque de respect envers ces minorités canonisées et magnifiées, pour ne pas dire divinisées.

Nous, Québécois, nous sommes toujours du mauvais côté. Dans le Canada, nous constituons une minorité qui doit peiner constamment pour obtenir un minimum de respect. C’est la majorité "canadian" qui gouverne. Au Québec, lorsque la majorité francophone veut gouverner, c’est souvent interprété comme étant du racisme, de l’intolérance, de la xénophobie, ou encore de l’islamophobie.

Il y a un événement qui m’a, pour l’éternité, laissé ébaubi et décontenancé. C’est la fameuse émission de 2007, à TV5, émission animée par Luck Mervil. Je ne vais pas raconter, encore une fois, cette lamentable histoire. Je veux seulement rappeler qu’en plus de l’animateur, Luck Mervil, il y avait six invités, devant partager un repas, tout en discutant. Parmi ces invités, il y avait l’imam Said Jaziri, un drôle de zigoto. Luck Mervil et les cinq autres invités, tous des couards, ont accepté d’aller boire du vin dans la cuisine plutôt que dans la salle à manger. Pourquoi ? Pour ne pas indisposer le minable islamiste, pour respecter ses valeurs religieuses. Où se situait alors le "gouvernement de la majorité" ? Cela mérite réflexion.

Un des concepts actuellement surutilisés, c’est celui d’islamophobie. L’Assemblée nationale du Québec a accepté, à l’unanimité, de voter pour une motion de Françoise David, motion condamnant l’islamophobie, cette horreur qui, bien évidemment, gangrène, en profondeur la société québécoise. C’est connu et reconnu que les Québécois sont bornés et intolérants.

J’aimerais souligner qu’en France, de nombreux penseurs d’envergure refusent ce nouveau concept. Parmi ces penseurs et penseuses, il y a Élisabeth Badinter, Régis Debray, Pascal Bruckner, Charb (qui a été assassiné), et beaucoup d’autres.

Voyons ce qu’affirme Pascal Bruckner :

« Forgé par les intégristes iraniens à la fin des années 70 pour contrer les féministes américaines, le terme d'«islamophobie», calqué sur celui de xénophobie, a pour but de faire de l’islam un objet intouchable sous peine d’être accusé de racisme.


Cette création, digne des propagandes totalitaires, entretient une confusion délibérée entre une religion, système de piété spécifique, et les fidèles de toutes origines qui y adhèrent. Or une confession n’est pas une race, pas plus que ne l’est une idéologie séculière : l’islam, comme le christianisme, est révéré par des Arabes, des Africains, des Asiatiques, des Européens, de même que des hommes de tous pays sont ou ont été marxistes, libéraux, anarchistes. Jusqu’à preuve du contraire, on a le droit, dans un régime démocratique, de juger les religions mensongères et rétrogrades et de ne pas les aimer. Se méfier de l’islam comme on a pu en d’autres temps se méfier du catholicisme, juger inquiétant son prosélytisme agressif, sa prétention à la vérité unique, son penchant sacrificiel, c’est manifester un sentiment qu’on estimera légitime ou absurde, ce n’est pas faire preuve de racisme.»

Bruckner parle aussi du retour éventuel du délit d’opinion.

Chacun a le droit d’accepter ou de refuser le concept d’islamophobie. Personnellement, je pense qu’il existe des concepts qui existent déjà, et qui sont adéquats, comme le concept de racisme ou le concept de xénophobie.

Si on n’est pas trop imbécile, on peut comprendre qu’il y a des raisons qui expliquent le fait que de nombreux citoyens se posent des questions à propos de la religion musulmane. Il y a une certaine méfiance, laquelle est saine, si elle ne débouche pas sur une haine militante ou sur un racisme délétère. Si une personne s’informe le moindrement, elle constate qu’il y a une rage terroriste et meurtrière qui guide certains fanatiques qui prétendent agir au nom de l’islam.

J’aimerais souligner que le mot «phobie» est, d’abord et avant tout, un terme médical, un mot qui désigne certaines pathologies comme, par exemple, l’agoraphobie, la claustrophobie, la phobie sociale, et j’en oublie.

En grec ancien, le mot «φόβος / phóbos» désigne une crainte, une méfiance, une inquiétude, une peur démesurée.

Puis, avec l’arrivée fracassante de mots comme le mot «homophobie», certains ont modifié la signification du terme, lequel désignerait, maintenant, une haine, presque absolue, des homosexuels et d’autres groupes.

En anthropologie et en sociologie, le mot "xénophobie" existe depuis longtemps. Il désigne une méfiance, «normale», vis-à-vis de ce qui est étrange ou étranger. À ce que je sache (je sais que les bien-pensants ne seront pas d’accord et qu’ils vont me prendre pour un raciste), la xénophobie est universelle. J’ai un grand ami, de très longues dates, un anthropologue. Il a vécu en Afrique pendant 25 ans, et au Pérou pendant deux ans. Il m’a souvent dit que tous les groupes ou tribus qu’il a croisés, dans divers pays, manifestent un certain degré de xénophobie ou d’ethnocentrisme, l’ethnocentrisme étant la tendance qui consiste à penser que «notre culture est la meilleure».

La xénophobie et l’ethnocentrisme ont l’avantage de resserrer les liens sociaux au sein d’un groupe ou d’une société. Cela devient un inconvénient sérieux, lorsque le tout se transforme en haine, en détestation, en rejet fanatique et borné de tout ce qui est différent.

Cela m’a fait rigoler lorsque j’ai, en novembre 2015, pris connaissance d’une déclaration de Philippe Couillard. Il disait que le Québec n’est pas à l’abri de la xénophobie. Sait-il ce qu’est la xénophobie ? J’en doute. Serait-il du côté de la bien-pensance, comme Françoise David ?

En ce qui concerne le mot «racisme», sa signification s’est modifiée, au fil du temps. Il est de plus en plus "élastique". La haine n’est plus «raciale» (les races existent-elles ?). La haine "raciste", dans le sens élastique du terme, peut engendrer le rejet d’ethnies, de nations, de cultures, et de ce qui est "autre" ou différent. Si certains citoyens éprouvent une haine militante vis-à-vis des musulmans, le mot "racisme" est, à mon avis, plus approprié que le mot "islamophobie". Nous n’avons pas besoin du concept d’islamophobie, concept culpabilisant et méprisant, concept qui fait l’affaire des islamistes enragés et des djihadistes. Les députés québécois, par leur vote unanime, ont mis en évidence le mépris qu’ils éprouvent vis-à-vis de leur peuple.

Je me permets de noter qu’au Québec, le catholicisme a été sérieusement attaqué et ridiculisé, surtout à partir des années 60. On a rarement parlé de "christianophobie". Je soulignerai, aussi, que Charlie Hebdo a beaucoup attaqué le pape et le christianisme. Les blagues sur l’Islam ont été beaucoup moins nombreuses que celles portant sur les chrétiens et les juifs.

Enfin, il serait utile de ne pas oublier que la religion la plus opprimée dans le monde, à l’heure actuelle, c’est le christianisme.

S’il faut absolument utiliser le suffixe "phobie", je dirai que je suis djihadistophobe et islamistophobe.

J’aimerais dire, avant de mettre un point final à mes trop longues élucubrations, dire à quel point le sens de l’humour peut être anéanti par la bien-pensance militante. Je pense à l’affaire Guy Nantel, bien analysée par Olivier Kaestlé, dans Vigile.

Une petite observation : j’ai enseigné au niveau collégial de 1966 à 2003, d’abord dans un collège classique, puis dans un cégep. Lorsque je suis arrivé en 1966, il y avait, dans le collège classique, un professeur d’anthropologie, d’origine haïtienne, un type très costaud et très impressionnant. Au fil des années et des décennies, il a pris l’habitude, lorsqu’il passait devant mon bureau, de me saluer en disant, à très haute voix : «Baribeau, le gros nègre a l’honneur de vous saluer et de vous souhaiter une bonne journée». Parfois, je prenais l’initiative, et je disais à ce cher collègue : «Dites donc, Monsieur le gros nègre, vous avez oublié de me saluer.» Ce petit jeu a indisposé de nombreuses personnes qui décelaient dans tout cela un terrible et insupportable racisme.

Terrible est cette bien-pensance qui interdit l’humour et une certaine désinvolture.

Je termine, pour de vrai, en offrant à Françoise David une remarque de Philippe Murray : «L’utopie d’un univers où ne règneraient que la gentillesse, la tendresse, les bonnes intentions, devrait faire froid dans le dos…»

Dangereuse est la bien-pensance… Il ne faut pas arrêter d'en parler et de la dénoncer.


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2 commentaires

  • Jean Lespérance Répondre

    1 mai 2016

    Si l'islamophobie est un crime, que dire de la christianophobie? Je pense que M. Pierre Cloutier a démontré de façon claire que certaines sourates sont carrément de la christianophobie, si on donne à ce mot, le sens de haîne plutôt que celui de peur. Si la haîne de l'islam est un crime, il en va de même pour la haîne du christianisme. Or on pourra demander à des musulmans qu'ils renoncent à accepter certaines sourates dans leurs croyances, leur foi sous peine d'être accusés au criminel.
    Avant de faire des lois stupides, le législateur est mieux d'y réfléchir par deux fois.

  • Serge Jean Répondre

    1 mai 2016

    La bien pensence.......ou pansanse.. on s'en fiche, ce que l'on désire c'est ressentir ce que nous sommes véritablement; rien à voir...