Hier, la célébration du jour du Souvenir a eu une signification particulière. Elle coïncidait avec le 11 novembre 1918, une date historique marquant le centenaire de l’Armistice qui a scellé la fin de la Première Guerre mondiale.
À Paris, plus de 70 chefs d’État et de gouvernement, dont le premier ministre canadien, Justin Trudeau, et le président Trump, avaient pris part à cette commémoration.
Le tribut du Canada
Chaque année, à la 11e heure, du 11e jour, du 11e mois, on se rassemble au Québec et au Canada pour rendre hommage à la bravoure de dizaines de millions de victimes, civiles et militaires, qui ont donné leur vie, lors des deux guerres mondiales, pour que triomphent la liberté et la paix.
Avec des effectifs de 650 000 Canadiens qui avaient participé à cette guerre de 1914-1918, sur une population de moins de huit millions, le tribut du Canada est considérable, tout comme son lourd bilan de 66 000 morts et 172 000 blessés.
Les multiples célébrations qui gravitent autour du 11 novembre sont autant d’occasions pour revisiter cette page d’histoire et rendre hommage à ces héros qui ont fait le sacrifice ultime de leur vie pour que prévale la démocratie. « Nous nous souviendrons d’eux. »
Au fil des ans, j’ai pris part à plusieurs de ces commémorations, en présence de dignitaires civils et militaires, à Montréal, à Québec, à Ottawa, à Paris et sur la Rive-Sud de Montréal.
À chaque discours que j’écoutais, à chaque couronne que je posais, à chaque marche que je faisais, à chaque médaille que je remettais à des anciens combattants, le devoir de mémoire me submergeait.
Et une question s’imposait à moi, avec insistance : « Qu’avons-nous appris des atrocités de ces deux guerres ? » Un jour, un cadet qui servait la soupe avec moi aux vétérans m’a interpellée. « Madame, pourquoi il y a tant de guerres dans le monde ? »
Sur le coup, je me suis surtout mise en mode écoute pour mieux comprendre ses préoccupations. Mais je lui dois de m’avoir forcée à réfléchir à la question. Au-delà du devoir de mémoire et de l’hommage que nous rendons, chaque année, à nos héros de guerre, que fait-on du devoir de l’éthique qui commande qu’on mette fin à la guerre ?
Plaidoyer pour la paix
Le président français, Emmanuel Macron, a apporté un élément de réponse, hier, dans son discours devant les leaders du monde en les appelant à « placer la paix plus haut que tout ».
Insistant sur le renouvellement de « l’éternelle fidélité à nos morts », il a rappelé que la Première Guerre mondiale avait fait « 10 millions de morts, 6 millions de blessés et mutilés, 3 millions de veuves, 6 millions d’orphelins (et) des millions de victimes civiles ».
Référant au nationalisme hideux qui a plongé l’Europe dans le nazisme et le fascisme, il a envoyé un message clair au locataire de la Maison-Blanche, Donald Trump, qui s’est décrit, récemment, comme un « nationaliste », en lui précisant que « le patriotisme est l’exact contraire du nationalisme : le nationalisme en est la trahison ».
Mais au-delà du discours, comment le président Macron peut-il être crédible avec son plaidoyer pour la paix, alors que la France est en tête de liste des pays vendeurs d’armes ?
Comment peut-on parler de « combat pour la paix » et du même souffle, renforcer l’emprise des dictatures dans le monde, en leur vendant des armes ?
La même logique s’applique au premier ministre, Justin Trudeau, qui se drape des vertus des droits de l’homme, mais qui défend la vente de blindés canadiens à l’Arabie saoudite, sachant qu’elle massacre les civils au Yémen et dans son propre pays.
Pour construire la paix, l’éthique ne commanderait-elle pas de cesser d’armer les zones de guerres et de conflits en Afrique, en Asie et au Moyen-Orient ?