Catalogne: Puigdemont compte rester en Belgique

Le président catalan destitué ne compte pas y demander l'asile

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Prochaine étape, formation d'un gouvernement en exil

Le dirigeant indépendantiste Carles Puigdemont a tenté, mardi, de déplacer la crise catalane « au coeur » de l’Europe en annonçant son installation à Bruxelles avec une partie de son gouvernement destitué, alors qu’en Catalogne la situation semblait s’apaiser.



Sous la menace de poursuites pour « rébellion » en Espagne après la déclaration d’indépendance du 27 octobre, M. Puigdemont a expliqué lors d’une conférence presse qu’il comptait rester en Belgique avec quelques-uns de ses « ministres » pour « expliquer au monde les défaillances démocratiques de l’État espagnol ».



Il a exhorté « la communauté internationale, et en particulier l’Europe, à réagir », accusant le gouvernement de Mariano Rajoy de miner les « valeurs » de l’Union européenne, citant notamment « la démocratie, la liberté, la libre expression, l’accueil, la non-violence ».



Démis de ses fonctions par Madrid le 27 octobre, quelques heures après la proclamation unilatérale de la « République » catalane, Carles Puidgemont s’est rendu en Belgique dès lundi.



« Je ne suis pas ici pour demander l’asile politique » mais pour des raisons de « sécurité », a-t-il clarifié.



M. Puigdemont, qui « n’est en Belgique ni à l’invitation, ni à l’initiative du gouvernement belge », sera traité « comme n’importe quel citoyen européen », a déclaré de son côté le premier ministre belge Charles Michel.



Quant aux élections régionales fixées au 21 décembre par le premier ministre espagnol, Mariano Rajoy, M. Puigdemont a déclaré mardi qu’il « respecterait » leur résultat.



« Je veux un engagement clair de la part de l’État [espagnol]. L’État respectera-t-il des résultats qui pourraient donner une majorité aux forces indépendantistes ? » a-t-il toutefois ajouté.



Les déclarations du président catalan destitué étaient très attendues dans la région de 7,2 millions d’habitants passée vendredi sous contrôle de l’État espagnol et où son départ a laissé nombre de militants désemparés.



Poursuites



Afin d’éviter des troubles à moins de deux mois des élections , M. Puigdemont a jugé nécessaire de « ralentir » le processus d’indépendance.



« Nous avons été obligés d’adapter notre plan de travail pour éviter la violence » et « si cette attitude a pour prix de ralentir le déploiement de la République, alors il faut considérer que c’est un prix à payer raisonnable dans l’Europe du 21e siècle », a-t-il expliqué.



Le parquet les accuse d’avoir « encouragé un mouvement d’insurrection au sein de la population face à l’autorité légitime des institutions de l’État pour atteindre leur objectif « sécessionniste », évoquant un soulèvement violent.



Un ancien « ministre » modéré de Puigdemont a dressé mardi un cinglant constat d’échec du processus de sécession, estimant que les indépendantistes n’avaient pas mis en place les institutions indispensables à l’existence d’un État séparé.



Ils « doivent maintenant s’expliquer », a estimé Santi Vila, membre du parti PdeCat de M. Puigdemont, qui a démissionné à la veille de la proclamation d’indépendance.



Dans le sillage de l’activation de l’article 155 faisant passer la Catalogne sous le contrôle de Madrid, M. Puigdemont avait appelé les Catalans à la résistance « démocratique », mais les quelque 200 000 fonctionnaires catalans sont passés sans heurts sous la tutelle de l’État espagnol.

 



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