Depuis hier, la Catalogne et l’Espagne sont de nouveau en ébullition.
Permettez-moi un petit rappel.
Le Journal m’avait envoyé couvrir le référendum sur la souveraineté tenu en Catalogne le 1er octobre 2017.
Verdict
Vous n’avez pas oublié ces images qui avaient fait le tour du monde : la police espagnole faisait irruption dans les lieux de votation, partait avec les urnes et matraquait des gens qui ne voulaient que voter.
On a ensuite jeté en prison les leaders indépendantistes. Deux ans de détention avant leur procès.
La sentence de la Cour suprême vient de tomber et elle est terrible.
Les neuf principaux leaders indépendantistes sont condamnés à des peines de prison allant de neuf à 13 ans, notamment l’ex-vice-président du gouvernement, l’ex-présidente du Parlement et cinq ex-ministres.
Un procès politique ? Évidemment.
Madrid jugeait le référendum illégal, et il est exact que la constitution espagnole, contrairement à celle du Canada, dit bien que l’Espagne est une et indivisible.
Mais il aurait suffi de dire : votez tant que vous voulez, ce sera nul et sans effet. On a préféré verser le sang.
Madrid joue la carte de la légalité, mais se sert du droit pour nier un exercice démocratique.
Un nouveau mandat d’arrêt international a aussi été lancé contre Carles Puigdemont, l’ex-président du gouvernement catalan, réfugié en Belgique depuis deux ans.
Dès l’annonce du verdict, les manifestations dans les rues de Barcelone ont commencé.
Est-ce que cela pourrait déraper ? Absolument.
Personnellement, j’ai longtemps été déchiré.
Les Catalans forment-ils une nation distincte ? Absolument.
Une nation peut-elle vouloir un nouveau statut politique ? Bien sûr.
Comme souverainiste québécois, je ne pouvais qu’être sympathique.
D’un autre côté, ma famille est d’origine espagnole, et je sais que pour tous les Facal d’Espagne, leur pays inclut la Catalogne.
Mais la violence de l’État espagnol m’a fait définitivement basculer.
Il est vrai par ailleurs que la démarche souverainiste catalane m’avait frappé par son haut degré d’improvisation.
On espérait un référendum négocié. Devant cette impossibilité, ce fut un référendum unilatéral.
Contrairement aux souverainistes québécois en 1995, les Catalans avaient zéro appui hors de leurs frontières.
Comme chez nous, les souverainistes catalans ne sont pas majoritaires. La majorité des Catalans voudrait plutôt une réforme constitutionnelle.
Mais la Catalogne n’est pas assez pesante pour forcer Madrid à négocier. Comme le Québec...
Suite
Il y aura des élections générales dans toute l’Espagne le 10 novembre qui vient.
Celles du 28 avril dernier ont donné une courte victoire aux socialistes, mais comme ils étaient loin de la majorité, ils ont dû se chercher des alliés pour former un gouvernement de coalition.
L’échec des pourparlers fait que l’Espagne n’a pas de gouvernement effectif depuis six mois, et force la tenue de nouvelles élections... qui risquent fort de produire un résultat très similaire.
Tous se disent ouverts au dialogue, mais posent des conditions de départ qui rendent impossible ce dialogue.
Le blocage est complet. Le pourrissement va se poursuivre.