Conflit étudiant

« C’est le malheur ! »

Crise sociale - printemps 2012 - comprendre la crise



Les irréductibles qui croient encore que seule une « ligne dure » cassera ce conflit sans fin n’auront qu’à revisionner en boucle les scènes de chaos vécues hier à Lionel-Groulx, et lundi à Rosemont, pour se convaincre que cette voie ne peut qu’empirer les tensions. Dans les temples sacrés que sont les écoles, les policiers sont incongrus.
Des scènes de désolation. De véritables scènes de désolation. Après la violence inouïe de Victoriaville, après les fins de manifestation nocturnes tournant en affrontements, après des opérations policières devenues nécessaires pour cause de sécurité publique, voilà que les maisons d’enseignement sont le théâtre de foires d’empoigne, en raison d’injonctions impossibles à faire respecter. Le cégep Lionel-Groulx a vécu un affrontement troublant. Rosemont la veille avait connu tumulte semblable.
Pour ceux qui veulent terminer leur session mise en péril, la voie des tribunaux a paru l’unique manière d’atteindre un retour en classe autrement impossible. Dans cette crise déroutante, même ces sanctions venues du tribunal, tombées par dizaines, ont souvent été bafouées. Et le « mordant » ajouté par le tribunal pour commander aux directions de collège de recourir aux forces policières n’a pas eu raison de ceux qui s’opposent à cette voie d’évitement qu’est le juridique, en lieu et place du politique. Cela est troublant.
À l’Assemblée nationale, une motion a été votée hier à l’unanimité pour que dans notre État où le droit prime, on respecte ces appels venus du pouvoir législatif. La tourmente est devenue telle que ces raisonnements logiques et balisés n’ébranlent plus la portion jusqu’au-boutiste du mouvement étudiant qui semble prête… à tout.
« C’est le malheur ! », dénonçait hier matin la directrice ébranlée du collège Lionel-Groulx devant les affrontements terribles qui venaient de se jouer sous ses yeux. Ils mêlaient policiers, parents, professeurs, verts, rouges et blancs dans une fumée de gaz lacrymogènes. «Le gouvernement nous a largués ! », ajoutait-elle, cassante mais pleine de vérité. Une première injonction a mené à la fermeture du collège aujourd’hui et demain. Mais pour vendredi, un nouvel ordre de la cour force le retour en classe de quelque 300 élèves. « Odieux », conclut la directrice, qui porte, en lieu et place du gouvernement, le fardeau de ce non-règlement par voie négociée.
Déterminée à ne plus laisser ce scénario se jouer dans sa cour, qu’a choisi la directrice? Le dialogue. Comme d’autres collèges avant celui-là, elle essaie l’entente négociée entre l’association étudiante, les profs et les demandeurs, pour permettre un retour sans violence. Et préserver le climat !
À cette heure grave de la crise, c’est le seul sentier possible. Espérons que du côté gouvernemental comme dans le camp des étudiants, qui hier ont échangé, il s’agit aussi de l’unique planche de salut.
À la lumière de ce qu’on a vu ces derniers jours autour de ces cégeps, la coercition ne peut vraisemblablement faire partie de la solution finale. Nos écoles ne peuvent pas être assiégées.


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