Budget Leitao: un plan d'abolition de la taxe santé

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C’est sûr que ça va faire mal

(Québec) Le gouvernement Couillard va retenir dès cette semaine des recommandations du rapport de Luc Godbout sur la fiscalité. Le budget de jeudi proposera un plan d'élimination de la taxe santé avant la fin du mandat du gouvernement, un souhait très fermement exprimé dans le rapport de la semaine dernière.
Le ministère des Finances a aussi retenu, selon les informations obtenues par La Presse, une partie des recommandations de Luc Godbout en ce qui concerne le «bouclier fiscal», une série de mesures destinées à inciter la classe moyenne à gagner davantage sans devoir retourner au fisc l'essentiel de ces gains.
Des coupes très importantes
Mais les bonnes nouvelles du ministre Leitao ne parviendront pas à faire oublier l'exercice douloureux auquel nous conviera le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux. En ramenant la croissance des dépenses à 0,7% cette année, le gouvernement devra imposer des coupes très importantes aux mégaministères de la Santé et de l'Éducation; ces budgets croîtront en chiffres absolus, mais bien moins que ne le nécessiterait l'augmentation des coûts de systèmes.
Déjà, en fin de semaine, le nouveau ministre de l'Éducation, François Blais, ne laissait guère de doutes sur l'ampleur des compressions. «Aujourd'hui, on ose davantage faire les changements qui auraient dû être faits un peu plus tôt. [...] Je me souviens très bien qu'il y a eu de très bonnes années. Les années, en ce moment, sont un peu plus difficiles. Je pense que les Québécois ne sont pas faits en chocolat», a-t-il dit sur les ondes de Radio-Canada.
Dans les autres portefeuilles, on en est réduit à des économies bien modestes; on récoltera ainsi 13 millions de dollars de la vente des résidences des délégués du Québec à Londres, Bruxelles, Munich et Mexico.
Pas de hausses de taxes ou d'impôt
Comme prévu, le gouvernement Couillard parviendra au déficit zéro pour 2015-2016, ce qui suppose des compressions de dépenses importantes pour résorber les 2,3 milliards d'encre rouge du budget de juin 2014. En décembre 2014, Carlos Leitao avait déposé une mise à jour montrant qu'il restait 1 milliard de dépenses à cibler. Québec soutenait alors que 85% du chemin avait été parcouru - «85% des compressions étaient identifiées, mais rien n'était annoncé», a-t-on expliqué hier dans les officines gouvernementales.
Signe encourageant, les recettes dépassent les prévisions. Au cours des trois derniers mois, elles ont été supérieures aux dépenses.
Philippe Couillard l'a martelé jusqu'à plus soif: le budget de jeudi ne comportera aucune augmentation de taxes, d'impôt ou même de tarifs. Les hausses importantes aux tarifs d'électricité préconisées par le rapport Godbout supposent un vaste débat social, et il est impossible qu'elles apparaissent dès jeudi, assure-t-on. Les entreprises ne devraient pas subir non plus d'augmentation du fardeau fiscal.
De passage au Vermont, le premier ministre Couillard a rappelé que les objectifs du budget restaient simples: «baisser le fardeau fiscal des Québécois, que ce soit plus payant de travailler que de ne pas travailler, et encourager le travail et l'investissement et la création d'emplois».
Il a refusé de «disséquer» le rapport de la semaine dernière, de commenter l'une ou l'autre des mesures qu'il contient, promettant un vaste débat sur ce document totalisant 600 pages.
Le budget aura un volet sur la relance économique, qui recyclera la stratégie maritime, depuis longtemps dans les cartons. On ajoutera une stratégie pour favoriser l'utilisation industrielle de l'aluminium. Une nouvelle mouture du Plan Nord devrait être rendue publique prochainement, le 1er avril.
Taxe santé
Le rapport Godbout préconise l'abolition pure et simple de la taxe santé instaurée par Raymond Bachand. Au début, cette taxe était de 200$ par personne, quel que soit son revenu; le gouvernement Marois l'avait rendue progressive, en augmentant le fardeau pour les revenus élevés afin d'exempter les gagne-petit. Cet ajustement a causé des «incohérences»: les hauts salariés atteignent un taux d'imposition de 54% (provincial et fédéral conjugués), un puissant dissuasif au travail. L'abolition de la taxe signifie 734 millions de moins en recettes; Québec optera pour une élimination graduelle, avant la fin du mandat en 2018.
Jusqu'ici, les libéraux s'étaient engagés à ce que les surplus de l'après-déficit zéro soient partagés également entre la réduction de la taxe santé et la réduction de la dette.
Le budget devrait retenir aussi une partie de la proposition de «bouclier fiscal» du rapport Godbout. Pour les moyens salariés, la fiscalité décourage la recherche de sources supplémentaires de revenus, parce que ces gains disqualifient les salariés pour des mesures comme la prime au travail, le crédit d'impôt pour solidarité et celui pour la garde d'enfant. Avec le budget, M. Leitao voudra préserver ces mesures pour ne pas décourager les gens de chercher à obtenir davantage de revenus.


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