Brouiller pour règner

L'assimilation des immigrants

Tribune libre

Si le pouvoir s'appui sur la communication, et la communication sur l'information, rien n'empêche une information fabriquée de servir le pouvoir.

Le concept statistique d'allophone est un concept confus nuisible à l'intégration, à la paix sociale et à la neutralité démocratique. Il brouille la différence entre le nouveau venu adoptant le français et celui porté à adopter l'anglais, différence cruciale. Confondre ces deux profils en les mettant tous deux sous le même épitaphe «Allophone» porte à confusion et ne permet pas de discerner ceux en bonne voie d'intégration et ceux sur une voie réfractaire au français.

Peu importe la langue parlée à la maison, si le nouveau venu parle et travaille principalement en français et que ses enfants fréquentent l'école française, il doit être considéré comme francophone en devenir. Si la langue occupe de tels rôles clés, tôt ou tard, l'intégration le rendra pleinement francophone.

La notion d'allophone ne permet pas de discerner le réel degré d'adaptation au français.

Elle justifie l'existence et la persistance d'un troisième groupe linguistique sans définition claire, en limbe entre francophone et anglophone.

Le concept d'allophone est d'ailleurs un non-sens puisqu'il repose sur une génération en voie d'intégration, donc en voie de devenir francophone ou anglophone.

Le concept valorise et justifie à tord l'idée qu'il est acceptable d'être ni francophone ni anglophone.

Le concept d'allophone crée également une barrière artificielle entre francophones en devenir et francophones actuels. Ce classement linguistique est erroné et gagne à être revu.

Le concept d'allophone sert les intérêts anglophones, puisqu'il divise francophones et francophones en devenir et empêche statistiquement aux seconds de venir ajouter leur poids au premier.

Ce faisant, l'anglophone minimise la valeur et l'intérêt des efforts de francisation. Il envoie également le signal statistique faussé qu'un allophone est un groupe en soi qui peut s'exclure du processus de francisation.

Les milieux anglophones et libéraux refusent de comptabiliser les francophones en devenir dans la catégorie statistique francophone. Ils préfèrent les identifier séparément, comme allophones. Par contre, ils incluent volontiers les anglophones en devenir dans la catégorie anglophone.

Cette tactique leur permet à la fois d'augmenter statistiquement le pourcentage d'anglophones tout en empêchant un renforcement du pourcentage de francophones. L'outil qui permet cette tactique est le concept d'allophone.

Il importe de faire pression sur les maisons de sondage et statisticiens pour rejeter ce terme. Les journalistes, auteurs et commentateurs gagnent également à éviter l'emploi de ce terme. Il n'existe pas d'allophones, seulement des nouveaux citoyens qui sont multilingues de façon transitoire.

Car il s'agit bien d'une transition puisqu'à mesure que s'opèrent les forces d'intégration, la troisième génération retiendra en principe avant tout le français dans sa vie courante.

Un concept sert à définir une réalité, non a en créer une. Les données statistiques guident les politiques gouvernementales. Des données justes et neutres sont essentielles pour une démocratie saine.


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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    10 juillet 2014

    Maleureusement, pour les immigrants à Montréal, choisir entre le français et l'anglais n'est pas une option; on doit les avoir toutes les deux. C'est la vie et on doit vivre avec. Et pour ceux et celles qui ne peuvent l'accepter, la route 401 vers Toronto est grande ouverte.

  • Archives de Vigile Répondre

    10 juillet 2014

    Bon texte. La manipulation des statistiques c'est très sournois et dangereux.
    Même si une personne parle plusieurs langue, il y en a toujours une qui devient principale. Ça n'a rien à voir avec maîtriser plusieurs langues dans sa culture personnelle. Concrètement, dans quelle école sont inscrits les enfants? Dans quelle langue le citoyen travaille-t-il principalement? Si c'est une école française et un milieu de travail principalement français, tôt ou tard la 2ième ou 3ième génération sera francophone, tout court, peu importe s'ils se débrouillent bien dans une autre langue aussi.
    Être francophone ou anglophone ne veut pas dire être incapable de parler une autre langue, ça dénote seulement une affiliation principale à une plutôt qu'à l'autre. Le terme allophone ne veut rien dire. Je parle moi-même 4 langues, suis-je donc un allophone? Ridicule. Je suis un francophone.
    Allophone est un terme presque discriminatoire, trop de gens s'en serve comme synonyme du mot immigrant. Les statisticiens devraient demander aux gens dans quelle langue ils travaillent principalement, où ils sont allés à l'école et/ou ils envoient leurs enfants à l'école. C'est ce qui devrait décider si un citoyen est principalement francophone ou anglophone. La langue parlée à la maison est sans importance dans un État civique.
    Si les statisticiens et les journalistes s'obstinnent à classer les citoyens selon la langue parlée à la maison, ils devraient avoir l'honnêteté de préciser si c'est hispanophone, arabophone, sinophone, etc au lieu d'inventer un terme fourre-tout insensé comme allophone.

  • Archives de Vigile Répondre

    10 juillet 2014

    Et si la majorité des immigrants devient bilingue? Ceci est le cas dominant pour ceux et celles qui s'installent dans la grande région de Montréal et à Gatineau, environ 90% de tous les immigrants.