PERSPECTIVES

Brexit mondialisation

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L'échec de la mondialisation

Deux semaines après le vote référendaire choisissant le Brexit, la carte de l’échec de la mondialisation à la sauce libérale constituait encore le coeur de l’explication. D’autant que l’histoire encore récente nous enseigne que ces grands ensembles peuvent souffrir d’un manque d’adoucisseurs et de l’inefficacité ou de l’absence des mécanismes de redistribution.

Le thème des ratés de la mondialisation restait dominant deux semaines après le vote britannique. On en est toujours à cette fameuse dialectique entre gagnants, peu nombreux, et perdants, trop nombreux. À l’identification des bénéficiaires, trop concentrés, du dividende versé par ces grands partenariats économiques.

« Il y a plusieurs formes de réponse à la montée des inégalités et l’une d’entre elles est malheureusement le repli national ou la xénophobie », disait l’économiste français de gauche Thomas Piketty, selon les propos recueillis mercredi par l’Agence France-Presse. « Cette voie-là est incarnée par le Brexit au Royaume-Uni, mais elle est aussi forte en France avec le Front national, aux États-Unis avec Donald Trump qui fustige les Mexicains ou l’islam. Elle prend différentes formes dans différents pays. »

C’est bien connu. Sans l’adhésion populaire, point de salut. Et les oubliés ou déclassés de la mondialisation sont toujours plus nombreux. Le repli sur soi des Britanniques était déjà bien enclenché avant que n’explose la crise migratoire en Europe et le besoin pressant du retour des frontières. Rappelons qu’il y a deux ans, une enquête d'« une ampleur sans précédent » menée par dix universités et instituts de recherche britanniques montrait que le pourcentage de foyers pauvres avait plus que doublé en trente ans, pour toucher le tiers d’entre eux. Depuis 2010, « les pauvres souffrent d’une pauvreté encore plus grande et l’écart entre riches et pauvres se creuse ». Une personne sur cinq se retrouvait sous le seuil de la pauvreté à la fin de 2012. Aussi, 18 millions de Britanniques, soit près de 30 % de la population, ne pouvaient plus s’offrir des conditions de logement décentes, quatre millions d’enfants et d’adultes souffraient d’une alimentation déficiente et 1,5 million d’enfants vivaient dans des foyers ne disposant pas des moyens nécessaires pour chauffer leur habitation. Cela se passait au royaume de l’austérité sans croissance.

Inégalités inégalées


Il n’y a pas que les Britanniques qui ont le monopole de la souffrance, ici exprimée par le Brexit. La crise de la dette grecque, puis celle de la dette souveraine dans la zone euro, a vite poussé le modèle communautaire à ses faiblesses bureaucratiques, à son déficit démocratique et à l’absence de mécanisme de mutualisation.

À l’échelle planétaire, « les inégalités ne cessent d’augmenter dans la plupart des pays de l’OCDE. Aux États-Unis, elles atteignent même des niveaux jamais vus depuis les années 1920 », explique Jennifer Blanke, chef économiste du World Economic Forum. « Si l’on analyse le Brexit, le pays apparaît divisé entre les régions profitant de la mondialisation et celles où les gens n’ont pas l’impression de bénéficier de la croissance », reprenait l’AFP, qui élargit son spectre. Même diagnostic pour le Français Michel Barnier, ancien ministre français de droite et ancien commissaire européen. « Le vrai problème est : d’où vient cette souffrance sociale ? D’où vient ce chômage, ce sentiment d’exclusion ou d’abandon ? À coup sûr, les conséquences de la mondialisation sont en cause. »

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