Bouillon de culture?

De l’utilité des débats

Dans quelques heures – à 13h30 – à Rimouski, les candidat.es toujours en lice pour la course à la chefferie du PQ se mesureront, pour un 4e débat.
Notre Question du mois de mai vous demande si ces débats ont influencé votre perception des participant.es et si cela pourrait avoir un impact sur votre vote.
Pour l’instant, la Question reste sans réponses!…
Pour ma part, c’est oui. Au fil de ces débats, les propos, mais plus encore le comportement et les attitudes des concurrent.es, ont teinté l’image que j’avais de chacun.e. Et peut-être est-ce là le côté le plus appréciable au fait d’exposer ainsi à la lumière des aspirant.es au pouvoir. Il n’y a pas que le contenu du discours qui nous renseigne sur celles et ceux à qui nous avons affaire. Si l’on ajuste un peu l’énoncé connu, on peut dire : « Ce que tu es parle – parfois – plus fort que ce que tu dis »
Aujourd’hui, ils nous entretiendront de « culture ». Et de « développement régional ». Ce sera une autre occasion de discerner les valeurs qui les animent; et les guident.
La culture… Qu’est-ce à dire ? En 1982, alors même que Pierre Elliott-Trudeau s’en prenait à la nôtre, l’Unesco, lors d’une Conférence mondiale sur les politiques culturelles tenue à Mexico, la définissait comme suit : «La culture, dans son sens le plus large, est considérée comme l’ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l’être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances.»
Le thème de la « Culture » rejoint ainsi celui des valeurs, d’un ensemble de valeurs collectives et concerne donc, de superbe façon, la question du développement régional, puisque chaque région du Québec se distingue et a besoin qu’on le reconnaisse et qu’on la reconnaisse. Que l’on voit son visage et qu’on le respecte. C’est pourquoi on les courtise actuellement, plus que d’habitude, et dans cette urgence de les séduire, chacun s’illustre à sa façon. Martine Ouellet va jusqu’à leur proposer rien de moins qu’une « révolution »! ***
Vendredi, c’est Alexandre Cloutier qui prenait les devants en présentant, accompagné de quelques artistes, son « programme pour la culture », avec une définition assez ouverte et d’intéressantes propositions*. Ce dévoilement survenait – on l’a souligné – quelques jours après que 101 artistes aient témoigné de l’apport culturel au Québec de Pierre-Karl Péladeau.**
Nous voilà donc déjà dans le sujet, tout au moins pour une partie de sa définition. L’autre partie, qui sera peut-être négligée dans ces échanges, concerne au fond l’identité collective et ce que proposait d’aborder le projet de Charte des Valeurs québécoises.
Dans un article de L’Actualité****, Frédéric Bastien, historien, auteur de La Bataille de Londres, exprime sa conviction, ou à tout le moins sa crainte, que le retrait de Bernard Drainville de la course à la chefferie ne signifie la fin du « débat social » sur la laïcité, sans mentionner d’autres valeurs. Et il redoute qu’un Parti québécois dirigé par PKP soit tout sauf préoccupé par la question identitaire. Vraiment ?
J’écrivais ailleurs que pour ma part, je ne crois pas que Bernard Drainville abandonne là-dessus, même si ses collègues-candidat.es ont pratiquement renié la démarche que mettait d’avant leur caucus il y à peine plus d’un an. Cette démarche plaisait pourtant à bon nombre de Québécois.es, comme le rappelle Frédéric Bastien. J’ajoutais du même souffle, et c’est ce que j’espère, que Drainville saura plutôt influencer Péladeau là-dessus et que pour ce faire, il n’hésitera pas à recourir aux militantes que seront toujours pour cette cause Julie Snyder, Pauline Marois et bien d’autres femmes pour qui cet enjeu est primordial.
Cependant, ce sujet de la « laïcité » – auquel semble pour l’instant se résumer ce qui reste du projet de charte des valeurs – ne fera l’objet de débat que lors du dernier de la série, le 7 mai, à Montréal, avec les thèmes de la langue, l’immigration, la citoyenneté, l’urbanisation et le transport. Ouf!…
On a donc ainsi scindé la Culture. Et même, si je ne m’abuse, on a retiré des débats le thème de l’identité. Il y était au départ, non ?… Toujours utile de lire à ce propos Mathieu Bock-Côté,*****
Quoi qu’il en soit, il sera intéressant d’écouter, d’observer, et de jauger les candidat.es sur ces épineux sujets. En souhaitant qu’à Rimouski, elles soient bien corsées les questions qu’on leur adressera sur le développement régional, comme celles sur la conscience, la connaissance et le souci réel qu’ils ont de la vitalité culturelle en régions.
(Pour le suivre: pq.org/endirect)
Nicole Hébert


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