C’est fin de session parlementaire.
« Que six mois de perdus dans un mandat de quatre ans et demi »!… Telle était la conclusion d’un chroniqueur du Journal de Montréal [1], au terme de son bilan de cette session. À compter de janvier, nous devions pourtant, parole de Couillard, commencer à entrevoir les « voies ensoleillées » promises, à l’instar de celles de Justin Trudeau…
Que six mois de perdus ! Six mois, « y’a rien là », comme on dit communément… Doit-on comprendre que Mario Asselin accorde une étoile d’honneur à l’ « entreprise » d’austérité qui a précédé ces six mois, avec tous ses gâchis en Éducation, en Santé, en Affaires sociales, en Environnement… et qu’il accorde à ce Gouvernement Couillard un crédit ouvert pour les deux années et demi de pouvoir qui lui restent ? Sans doute… Malgré tout, tout, tout…
Et hier, Philippe Couillard, sur fond de crise et de scandales, le pouce en l’air comme à son habitude, esquivant les « vraies » questions comme à son habitude, vantait sans pudeur son gouvernement!…
Et pourtant… cette équipe libérale de démolisseurs, de fossoyeurs, achève de débâtir le Québec… On apprenait même il y a deux jours que quelque quatre cents chercheurs, historiens, archivistes, ainsi que des sociétés d’histoire, dénonçaient, dans une lettre ouverte,[2] le « travail de sape » dans les Musées de la civilisation de Québec – le Musée de la civilisation, le Musée du Séminaire, le Musée de l’Amérique francophone, le Centre d’interprétation de la Place-Royale et la Maison Chevalier, victimes de ces mesures austéritaires sans coeur. Sans coeur « national ». Des « historiens de toutes les universités du Québec, mais aussi d’autres provinces canadiennes, archéologues, bibliothécaires, archivistes de plusieurs sociétés d’histoire, tous n’en reviennent pas », écrit Jean-François Nadeau, du Devoir : « la mission de ce fleuron est « remise en cause par les récentes décisions administratives ». [3]
La « mission » de Philippe Couillard, elle, celle qu’il s’est donnée lui-même ou qu’il a reçue on ne sait d’où, c’est le « rapetissement » du Québec, le « ratatinement » de ce pays qu’il ne reconnaît pas plus que ne le fait Justin Trudeau. Le Québec est mené par le bout du nez, sans respect et sans envergure, par deux Québécois qui le renient. La culture, l’histoire, la mémoire, l’art, la langue du Québec, bof! C’est l’argent qui compte; au profit de ceux qui en « font »… Une nation, le Québec ? Ben voyons donc! Un statut de « capitale nationale » à Québec pour satisfaire le maire Labeaume et de métropole à l’automne pour son émule Coderre; enrichissant du même coup le pouvoir des villes en prévision d’un éventuel jour J… c’est bien suffisant. Moins d’État, moins de « collectif », moins de danger…
Non, ce n’est pas six mois que le Québec a perdu avec cette « équipe » des Vraies Affaires, dont même Jean Lesage rougirait. Ce n’est pas six mois que nous perdons, c’est 4 ans. Quatre ans, soumis au bistouri aveugle et au pouvoir indécent de ces médecins convertis en politiciens au service du 1% dont ils font partie comme l’affirmait si bien Gaétan Barrette aux finissants en médecine. Et dans la perspective où les Québécois, mystère impénétrable, reconduiraient ces saboteurs au pouvoir en 2018 comme le prédit un sondage du jour, c’est huit ans de retard, sans compter celles de Charest, que le Québec accuserait. Dans son être profond. Dans son âme. Et dans ses structures sociales. Huit autres années gaspillées pour son avenir. « Une misérable petite province en faillite » écrivait hier Mathieu Bock-Côté.[4]
Dans le bulletin « ministériel » que Michel David distribue traditionnellement aux ministres, sur 19 notés pour cette session, seulement 6 obtiennent une cote au-dessus du C et 7 se retrouvent dans les D et les E. Ces derniers ne pourraient passer que « par charité », comme on disait dans le temps. Étrangement, l’évaluateur ne décerne aucune note à Philippe Couillard. Quelle serait-elle ? Puisque le Premier ministre est imputable du choix de ses ministres, un généreux C-, peut-être, comme la moyenne de ses élus ? « C’est pas les gros chars », disons, pour utiliser la dernière expression de La Belle Parlure…
Les Québécois ont-ils consciemment voté pour ÇA ou se sont-ils fait flouer par l’homme habile, si habile, pour ne pas dire « machiavélique », qu’est Philippe Couillard ? Floués comme l’enfant à qui l’on dit: « Allez, donne ton bras, ça f’ra pas mal »?
Nicole Hébert
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