Boucler la boucle

Il faut coaliser les différents âges

Tribune libre - 2007

Maintenant que M. Duceppe retourne au Bloc, que madame Marois est bien en selle pour accéder à la chefferie du PQ, la boucle pourrait être bouclée en requérant les services des anciens et anciennes combattant(e)s et autres battants et battantes. Celles et ceux qui ont déjà beaucoup contribué à la cause et qui ont quitté, pour toutes sortes de raisons, accréditant le désengagement de tout un chacun, la distance prise à l’égard de la politique, du politique.
Au premier chef, le Chef sortant, M. Boisclair. Madame Marois pourrait le contacter pour lui demander de suspendre l’annonce d’un départ annoncé. Entre-temps, elle pourrait soupeser l’à propos de le conscrire dans la lutte à mener pour reprendre le pouvoir à Québec et ultimement accéder à la souveraineté de l’État du peuple du Québec. M. Boisclair n’a pas démérité. Sa démission, précipitée par une maladroite dénonciation de l’empressement de M. Duceppe, finalement avéré, fut plus que digne et a finalement ouvert la porte à l’intronisation de madame Marois mieux que toute espérance prévisible. De plus, il ne faudrait pas que la jeune génération qu’il a drainée au PQ pour se faire élire, devienne orpheline par son départ. Le coup de jeunesse espéré par son élection à la tête du PQ ne doit pas sombrer par le fond avec sa défaite et son retrait. Elle pourrait lui offrir de devenir son colistier à titre d’aspirant Vice-Premier ministre.
Dans la même veine, elle pourrait demander à MM Landry et Parizeau de se présenter aux prochaines élections fédérales pour venir prêter main forte à M. Duceppe, non pour le remplacer, mais pour lancer un message clair quant à l’utilité du Bloc à Ottawa. Quant à M. Bouchard, elle pourrait lui demander de postuler le poste de Président du PQ, et ce n’est pas de l’ironie que de le voir animer ce parti qu’il a eu tant de mal à apprivoiser. Elle pourrait aussi demander à Madame Payette de reprendre du service à titre de députée, maintenant qu’une femme est à la tête du PQ et qu’elle est en droit d’aspirer à devenir Chef de l’État. Ne resterait qu’à trouver un poste à M. Pierre-Marc Johnson...
Tant de personnes blessées par les échecs politiques passés et récents, endossant le risque de voir se rouvrir de vieilles blessures dans le but de les guérir en revisitant les lieux concernés, pour la cause, pour l’avancement de la cause, dans une ultime bataille, ne pourrait qu’être édifiant. Voir, tant de gens, venir, humblement, à nouveau, mettre au mieux de leur forme, l’épaule à la roue, alors qu’ils et elles peuvent maintenant à bon droit jouir de leur tranquille confort et indifférence, ne peut que susciter l’admiration, inspirer le fait de s’engager, comme il faut que nous tous le fassions pour voir se réaliser nos rêves.
L’équipe du tonnerre dont rêvait M. Boisclair, ne serait-elle pas celle-là, s’ajoutant aux nouvelles recrues que sont Curzi et autres Drainville... Ne resterait plus qu’à solliciter d’autres forces fraîches, dont celles pouvant émaner des minorités ethniques. Cet exemple de réengagement précité pourrait à coup sûr aider à susciter les vocations.
En somme, refaire nos forces en mobilisant d’abord celles qui ont déjà servi. Fini la retraite à 55 ans, la jeunesse à tout prix, il faut coaliser les différents âges. Savoir utiliser le savoir des anciens, respectueux de la jeunesse, grands-parents qu’ils sont maintenant... Il me semble qu’ils auraient la sagesse et l’art de contribuer en tout respect de l’autorité de madame Marois. Ils et elles le devraient du moins.
M. Duceppe au Bloc – Madame Marois au PQ
Avant que madame Marois ne fasse part de son intention de ne plus écarter la possibilité de sa venue à la tête du PQ, j'avais des doutes. Bien que M. Duceppe soit doté de très grandes qualités, je privilégiais malgré tout la continuité. Sa présence à la tête du Bloc était d'autant plus essentielle qu'un affaiblissement des souverainistes est perceptible dans un contexte instable où des élections fédérales peuvent se tenir à tout moment. Quitter à ce moment, le fait que des personnes au Bloc l'encouragent à quitter en ce moment, a toutes les apparences de l'opportunisme. Mais j'avais néanmoins un doute... peut-être devait-il quitter le Bloc...
Maintenant que Madame Marois, qui elle aussi est dotée d'autant de qualités, je n'ai plus de doute, M. Duceppe doit assurer à Ottawa la continuité de la mouvance souverainiste. De plus, Madame Marois est dotée d'une qualité déterminante qui échappe à M. Duceppe, son départ de la vie qu'elle mène actuellement, ne déstabiliserait en aucun cas les forces souverainistes, au contraire.
Par ailleurs, elle est une femme, les Québécois, pourtant supposés manœuvrer leur bateau de plus en plus à droite, ont néanmoins récemment « voté » Ségolène Royal... il me semble, que cet exemple récent, contrairement à la dernière course à la chefferie qui a malheureusement mené André Boisclair à la tête du PQ, le vent tourne pour les femmes politiques. Peut-être sommes-nous maintenant prêts à voir une femme accéder aux plus hautes fonctions ? Peut-être que « Tout sauf Pauline », parce qu'elle est une femme, parce qu'elle avait un passif... fonctionne maintenant non pas contre elle mais en sa faveur... Les temps changent...
La manière dont madame Marois s'est comportée après sa défaite à la course à chefferie, ses textes, son attitude, son retrait, l'ont grandie aux yeux de plusieurs. (Comme du reste celle qui a caractérisé le départ de M. Boisclair). Par contre, étant donné le contexte, je vois mal quelle manière de faire pourrait permettre de grandir M. Duceppe s'il annonçait son départ du Bloc.
Le retrait de madame Marois lui permet de revenir en forme, détachée, porteuse d'un regard neuf. Ce qui n'était pas le cas à l'époque de sa campagne à la chefferie. Ce qui n'est pas le cas de M. Duceppe.
M. Duceppe a de grandes qualités, il pourrait certes assumer les tâches qui incombent au prochain Chef du PQ, aspirer à devenir Premier ministre du Québec. Cependant, Madame Marois peut aussi bien le faire, sans toutefois engendrer de l'incertitude, sans déstabiliser les forces souverainistes. Les qualités de M. Duceppe ne vont pas disparaître, au contraire, si le passé est garant de l'avenir, elles ne pourront que se bonifier. Le mouvement souverainiste devrait à mon avis conserver cet atout et ne pas abattre maintenant cette carte de haut niveau, d'autant que les perspectives électorales ne sont pas meilleures au Québec qu'au fédéral. M. Duceppe serait me semble-t-il au contraire grandi en acceptant de relever le défi des prochaines élections fédérales. Il manifesterait ainsi ses qualités de leader, apte et capable d'assumer ses responsabilités. Il le ferait de manière à faire progresser la présence souverainiste à Ottawa, au lieu de contribuer à son affaiblissement attendu par son départ. Nul ne le conteste, nul de doute de ses qualités pour ce faire. Il est la meilleure personne qui puisse occuper ce poste, et tout le monde en convient. Pourquoi dénigrer, déconsidérer, menacer, cette exceptionnelle cohésion ? Alors que, quittant ce poste, il ne deviendra qu'un parmi d'autres, apte et capable d'occuper celui de Chef du PQ.
Le statut qui est le sien, le place dans une catégorie à part, au-dessus de la mêlée. Comme celui de M. Bouchard, avant qu'il ne quitte le Bloc. Le « team » qu'il formait avec M. Parizeau était la meilleure donne que l'on puisse avoir, à preuve, nous avons presque gagné la partie. S'il avait renoncé à la compréhensible ambition d'avoir été un temps Premier ministre du Québec, s'il avait plutôt désiré assurer la pérennité d'un tel carré d'as en formant équipe avec un Bernard Landry par exemple. Peut-être serait-il aujourd'hui ou bientôt le premier Président de la République d'un État souverain du Québec.
L'un des problèmes électoraux du PQ est la suspicion d'opportunisme qui ferait de ses dirigeants des gens qui n'aspirent qu'au pouvoir, quel qu'il soit, provincial, à défaut d'être national et de s'en accommoder très bien. Opportunisme pour opportunisme... il n'y a pas de mal à élire par opportunisme d'autres opportunistes qui selon l'humeur du moment, semblent plus attrayants... Il me semble que M. Duceppe par sa décision de demeurer au Bloc, fort qu'il serait de se dire détenteur d'un plan de travail solide et cohérent, change la donne et envoi le message que la cause peut transcender pour une fois au PQ, les aspirations personnelles de ses dirigeants.
M Duceppe doit, me semble-t-il, rester pour tenter de recréer ces conditions favorables qui faisaient de l'équipe Bouchard-Parizeau une équipe gagnante. Les postes de Chef du PQ, de Premier ministre du Québec sont précaires, sujets aux fluctuations propres à l'exercice du pouvoir. Le statut de Chef d'un Bloc solide à Ottawa est similaire à celui de Président de la République souverainiste, privé du pouvoir il détient celui du pouvoir moral, du pouvoir durer. Il est en mesure d'incarner la persistance, la constance, du mouvement souverainiste.
Il me semble devoir rester et le faire en disant vouloir participer aux débats à tenir en ce qui concerne l'avenir du mouvement souverainiste. En disant avoir un plan de redressement et de consolidation pour le Bloc, pour le PQ et pour l'ensemble du mouvement et de la mouvance souverainiste.
Cette consolidation passe par la stabilité, celle qui lui impose de rester. Ce plan, à dévoiler par étape, pourrait aussi inclure la réunion des député(e)s souverainistes du Bloc et du PQ. Afin qu'ils et elles échangent, discutent de leurs champs respectifs d'intervention, qu'ils et elles mettent au point et s'entendent des stratégies complémentaires communes autant au plan politique qu'électoral. Cela, de manière à démontrer l'importance de la présence souverainiste autant au fédéral qu'au provincial. Une manière d'illustrer de manière tangible la congruence, la convergence, la solidarité, la force du mouvement souverainiste. Cette réunion pourrait se tenir sous forme de caucus ou sous forme d'Assemblée publique de parlementaires.
L'éventuel retour de Madame Marois me fait militer en faveur de la continuité au Bloc. Cette réflexion, me fait la privilégier dans tous les cas, même si Madame Marois se désistait. La continuité au Bloc est d'autant plus importante que la personne qui occuperait le poste de Chef du PQ, serait vulnérable. Le Chef du Bloc doit pouvoir être solide, nul autre que M. Duceppe ne peut l'être plus que lui, il connaît ses dossiers, il a de bonnes relations avec le Canada, il est respecté par lui et par les souverainistes. À moins d'événements nouveaux, il me semble devoir rester et l'annoncer dans les meilleurs délais.
Ce qui le placerait en bonne position si des événements nouveaux se produisaient... encore que... il me semblerait prudent cette fois, d'attendre avant de se dire ouvert à la question... attendre que plus rien ne s'oppose à sa candidature, attendre que sa décision finale soit prise, attendre qu'elle soit devenue irréversible...
Enfin, le couple homme-femme, gauche-droite, que le tandem Marois-Duceppe formerait me semble être fort prometteur. Dès fois que, pour une fois, il n'y aurait pas que des Pères à la nation...
Luc Archambault
Peintre, sculpteur, céramiste et citoyen... souverainiste
Saint-Étienne-de-Lauzon


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