Boisclair prend ses distances du programme du PQ

Crise de leadership au PQ


Invoquant des «réalités politiques», le chef péquiste André Boisclair a pour la toute première fois, jeudi, pris ses distances par rapport au plan de match souverainiste prévu dans le programme du Parti québécois.
«Au-delà de ce que je pourrais appeler de l'exégèse, au-delà de l'analyse fine des textes, il y a des réalités politiques. Et moi, je suis le fiduciaire, comme chef du parti, de l'atteinte de ces objectifs», a souligné M. Boisclair, en conférence de presse à Rivière-du-Loup, au terme d'un caucus de deux jours des députés du PQ.
Hormis la promesse formelle et déjà fort contraignante de tenir un référendum «le plus tôt possible» après l'élection du PQ, le leader péquiste a fait savoir qu'il ne se laisserait pas «distraire par une interprétation fine et pointue» du programme de son parti.
Adopté par les membres au congrès de juin 2005, le programme prévoit en outre que le PQ rende publics, avant son élection, «des documents relatifs au processus d'accession à la souveraineté».
Toujours en vertu du programme, le Parti québécois doit aussi, avant son retour au pouvoir, «actualiser le cadre financier d'un Québec souverain», préparer «un projet de document de transition vers le pays» et concocter «un projet de constitution initiale».
M. Boisclair a refusé catégoriquement de s'engager à réaliser ces engagements, considérant que «les grands objectifs» du Parti québécois «l'emporteront sur l'interprétation fine des textes».
Il s'agit d'une volte-face de la part du chef du PQ, qui depuis son élection à la tête des troupes péquistes il y a près d'un an avait toujours soutenu qu'il tenait pour parole d'évangile les éléments du programme du parti.
Du reste, M. Boisclair a paru irrité lorsque les journalistes ont tenté d'en savoir davantage sur sa décision de s'éloigner des positions adoptées par les membres.
«Je suis étonné devant toute l'énergie que vous consacrez à des détails», a-t-il laissé tomber.
De toute façon, a insisté M. Boisclair, les Québécois «connaissent déjà» le plan souverainiste.
Cependant, pour connaître de façon précise la mécanique de la démarche vers le prochain référendum et la souveraineté, les électeurs devront patienter jusqu'au retour au pouvoir du PQ.
«Nous discuterons, en particulier, de ce que nous ferons comme gouvernement entre le jour de notre élection et le jour du référendum», a-t-il dit.
En mode électoral en prévision d'un scrutin à l'automne, le Parti québécois entend
par ailleurs renverser «le fardeau de la preuve» au cours de la prochaine campagne électorale.
Le PQ n'a pas à justifier son projet de souveraineté, a martelé son chef. À ses yeux, ce sont plutôt les libéraux de Jean Charest qui devront exposer aux électeurs «les conditions gagnantes» qu'ils souhaitent réunir pour faire adhérer le Québec à la constitution canadienne.
«Ce n'est pas nous qui seront (sic) coincés», a prédit M. Boisclair.


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