Canadien-Français ou Québécois francophone ?

Bock-Coté se trompe et joue sur l'ambiguïté québécoise

L'original ou la copie ?

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Chronique de Gilles Verrier


Dans sa chronique du 19 novembre, Québécois ne changeons pas de nom ! Mathieu Bock-Coté s'oppose à ce que les « Québécois francophones » reprennent leur identité historique de Canadiens-Français. Je prétends qu'il faut le faire pour se distinguer sur le plan national de la pluri-nationalité et de l'ambiguité que recouvre désormais l'identité québécoise




Nous verrons que Bock-Coté joue lui-même sur l'ambiguité identitaire. Il parle tantôt des Québécois dans le sens canadien-français et tantôt dans le sens pluri-national. Examinions ses arguments un à un. 




1- « Ne redevenons pas minoritaires »


Retrouver notre statut de fondateurs du Canada ne change rien au rapport de force dans l'immédiat. Cela ne compromet en rien la possibilité que le Québec devienne indépendant un jour. Par contre, oui, cela fait de nous des minoritaires, avec des droits qui s'appliquent aux minorités, aux nations non reconnues et ne jouissant pas de l'égalité politique. Ce qui décrit très bien ce que nous sommes. Toutes prétentions mises à part, n'avons-nous pas toujours été une minorité sociologique, y compris au Québec ? Nous n'avons jamais détenu la majorité politique, celle-ci est détenue par la nation canadienne-anglaise au Québec, aussi appelée minorité de blocage. 




2- « ...régression de la conscience historique »


Il faudrait plutôt parler de ré-appropriation de notre conscience historique noyée dans la « québécitude ». Savez-vous que l'identité québécoise a pour créateur Lord Halifax, artisan du génocide acadien ? Savez-vous que le nom The Province of Quebec apparaît pour la première fois dans l'histoire du monde dans une décision du Conseil privé de Londres, le 19 septembre 1763 ? Inversement, les Canadiens (Français) sont signataires des traités internationaux (France, Angleterre, Canada) que constituent les Articles de capitulation de Québec et de Montréal. Ils étaient déjà reconnus par les Anglais dès 1759.  Pendant 250 ans, nous étions les seuls Canadiens.


3- « C’est là où nous avons cherché à nous constituer en État indépendant »


Dans l'esprit des militants l'indépendance peut être un objectif ou un idéal permanent, mais cette volonté ne s'est jamais projetée dans les actions gouvernementales du Parti québécois. Sauf à l'occasion, de façon purement symbolique. Le gouvernement du Québec ne s'est jamais permis d'agir autrement que dans l'intérêt de tous les Québécois, il a toujours respecté l'interdit d'agir ‼ non écrit mais combien réel - pour l'intérêt primordial des Canadiens-Français ou, si l'on préfère, dans l'intérêt des Québécois francophones. 


4- Notre peuple « s’est battu pour constituer une communauté politique où il serait majoritaire. »


Faut-il comprendre dans cet énoncé que ceux qui ne sont pas Québécois francophones ne sont pas des Québécois ? Si le Québec est un espace politique, ses habitants ne sont-ils pas tous des Québécois ? 


5- « ...c’est un espace politique où se trouve le seul gouvernement contrôlé par une claire majorité de francophones en Amérique du nord. »


C'est vrai. Mais ce serait la même chose en reprenant notre identité de Canadiens-Français, mais simplement plus clair. Encore une fois, qui sont les Québécois ? Bock-Coté en parle tantôt comme tous les habitants du Québec et à d'autres moments comme les seuls successeurs des Canadiens-Français. Faudrait savoir.


Le gouvernement du Québec légifère sous la tutelle du Canada et sous la menace de blocage, jamais loin, de la puissante minorité anglophone interne. Jamais ces derniers ne se diront Québécois. Ils seront toujours Canadians d'abord. Le gouvernement  du Québec, même avec sa claire majorité de francophones, est perpétuellement entravée par les survivances du colonialisme. Bock-Coté nie l'existence de deux nations principales au Québec. Mais n'est-ce pas à ça que sert l'identité québécoise aujourd'hui : brouiller la réalité des nations concurrentes au Québec.


6- « Il était naturel qu’un jour, notre peuple finisse par s’identifier à sa communauté politique au point d’en prendre le nom: telle est la trame de fond de notre histoire.


«À l’heure de la décolonisation du monde, [l’instinct ontologique de la liberté] nous rend universels d’emblée. C’est lui qui, depuis 1960,, nous fait lentement renaître à nous-mêmes et au monde; c’est lui qui, dans l’intuition d’un nom – puisque tout a toujours commencé par un nom – retrouve dans toute sa réalité notre véritable identité, un nom qui lève toute ambiguïté, un nom clair et transparent, précis et dur, un nom qui nous reconstitue concrètement dans notre souveraineté et nous réconcilie avec nous-mêmes: Québécois». ─ Jean Bouthillette


Bock-Coté ( et Bouthillette ) réfère visiblement aux Québécois du slogan « Le Québec aux québécois », nom qu'a pris le site indépendantiste « Le Québécois », par exemple. C'est un nom qui renommait les Canadiens-Français du Québec en vue de réaliser leur indépendance dans cette portion du Canada. C'est ce que j'appelle la phase 1 de l'identité québécoise. La signification de « Québécois » a évoluée pour devenir profondément ambigüe. Les gouvernements successifs du Parti québécois (et du Parti libéral ) ont rendu inclusif le mot Québécois, comme dans la Loi 99 et la loi 101. Ce qui veut dire que Québécois recouvre aujourd'hui la nation canadienne-française et la nation canadienne-anglaise au Québec. C'est la phase 2. Pour pouvoir se distinguer de nouveau, il faut désormais se dire Québécois francophones. Donc, nous avons déjà changé de nom deux fois en cinquante ans : nous sommes passés de Québécois à Québécois francophones. Pour continuer à exister il faudra s'en tenir à Québécois francophone ou reprendre notre identité canadienne et la disputer au Canada usurpateur, au lieu de nous soumettre au vol de notre identité primitive, comme le feraient des colonisés. On a le choix : l'appellation d'origine ou la copie. 


Il y a un prix à payer pour renoncer à son statut de fondateur du Canada


La segmentation poussée des Canadiens-Français en « réserves » provinciales, qui se chargent d'administrer la Loi sur les langues officielles, notamment en éducation, est en partie le résultat des politiques de Pierre-Elliot Trudeau. Les franco-ontariens sont tombés dans le panneau comme les autres. En cessant de se réclamer Canadiens (Français), fondateurs du Canada, ils se verront bientôt disputer par les Chinois, aussi nombreux que les francophones, ce qui peut être désormais perçu comme le privilège d'avoir une éducation dans sa langue, une discrimination envers les autres minorités ! Il y a un prix à payer pour renoncer à être les fondateurs du Canada. Et le Québec n'y échappera pas.


 



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Gilles Verrier138 articles

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Entrepreneur à la retraite, intellectuel à force de curiosité et autodidacte. Je tiens de mon père un intérêt précoce pour les affaires publiques. Partenaire de Vigile avec Bernard Frappier pour initier à contre-courant la relance d'un souverainisme ambitieux, peu après le référendum de 1995. On peut communiquer avec moi et commenter mon blogue : http://gilles-verrier.blogspot.ca





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16 commentaires

  • Marie-Hélène Morot-Sir Répondre

    14 décembre 2018

    Bonjour monsieur Verrier, tout à fait d'accord avec votre propos.


    J'ai toujours trouvé  bien triste que les descendnats des Canadiens français aient accepté de perdre leur nom d'origine pour endosser  celui que le conquérant leur donnait en  fondant cette" Province of Québec" ! Bien sûr il y a mille raisons  que vous avez évoquées  ainsi que les commentateurs.. Mais il reste, de ce fait, que  tous ceux qui habitent au Québec  s'appellent Québécois et eux-mêmes  sont noyés  parmi tous le autres. Ils ne sont plus visibles.


    Les Acadiens s'appelaient Acadiens il y a quatre cents ans, ils s'appellent toujours ainsi  et nous savons tous qui ils sont, où ils sont.


    merci d'être là,


    Marie-Hélène Morot-Sir


  • Gilles Verrier Répondre

    4 décembre 2018

    M. Léonce Naud,


    J'ai lu attentivement votre commentaire et je vous en remercie.  


    Vous parlez de « minorités ethniques dispersées ». Avec plus de respect, on pourrait aussi dire qu'ils sont de ces fondateurs du Canada pré-britannique qui ont survécu à une pression implacable pour les faire disparaître.Y a-t-il quelque mérite à dépréprécier la résistance de son propre peuple aux mécaniques d'extermination graduelle entretenue par l'élite anglo-saxonne ? Leur résistance est la même que la nôtre. Vous les opposez à des « citoyens majoritaires quelque part » ?  


    Selon vous,



    « Il existe une différence identitaire fondamentale entre Canadiens-français et Québécois. Le Canadien-français fait partie d'une minorité ethnique Canadian en voie d'extinction graduelle, le Québécois appartient à une nation majoritaire qui occupe un territoire délimité dans l'Est de l'Amérique.



    Pourquoi réservez-vous le verdict d' «extinction graduelle » aux Canadiens-français [ des autres provinces ] alors que la même extinction graduelle progresse également au Québec et pour les mêmes raisons qu'ailleurs au Canada ? Les Québécois francophones, puisque le vocable canadien-français ne vous inspire rien qui vaille, seront minoritaires au Québec dans quelques décennies. La tendance à l'extinction est la même. Nous partageons le même destin dont le coté irréversible s'est accru depuis cinquante ans. Mais les idées nourries par le néo-nationalisme québécois voudraient nous faire croire qu'au Québec nous avons un destin séparé. Peut-être ? Mais entre temps, la québécitude a mis au monde la supériorité québécoise. Elle a encouragé la division et le mépris envers les Canadiens-français et les Acadiens.


    En toute honnêteté, je pardonnerais bien volontiers l'orgueil des néo-nationalistes québécois et de ses principaux architectes, notamment le tandem-Lévesque-Morin, si leur révision historique de la question nationale nous avait conduit quelque part. Or, nous nous rendons bien compte que, cinquante ans plus tard, la position stratégique du Québec face au régime fédéral n'a fait que se détériorer. Nous avons plus reculé en cinquante ans que pendant les premiers cent ans de la Confédération ! J'ai déjà analysé l'échec des quelques tentatives de renouveler le fédéralisme canadien par le Parti québécois, en laissant courir le bruit qu'il s'agissait d'« indépendance » et de « souveraineté ». Réflexe de survivance, les Québécois francophones viennent de sonner le glas de la mascarade en rejetant le Parti québécois. La défaite de ce parti est la fin d'un paradigme qui annonce un recadrage majeur de la question nationale au Canada. 


    Que vous qualifiez d'ethnique ou de civique le combat pour résister à la tendance lourde conduisant à notre disparition n'a pas pour effet de l'invalider ou de le valider. Ces distinctions un peu oiseuses, inspirées par la rectitude politique, n'altèrent en rien la valeur d'un combat existentiel et sa dimension politique n'est pas en cause. L'égalité des nations est le combat qu'ont toujours mené les Canadiens-français, et il apparaît plus justifié que jamais. C'est ce que promettait George Brown, père de la Confédération, et c'est ce que nous devrions plaider. Nos pas auprès de la Cour suprême du Canada mais auprès d'instances internationales. 


    Vous remarquerez que les gouvernements successifs du Parti québécois n'ont pas été capables d'imposer l'égalité politique des Québécois francophones avec les Québécois anglophones. Ces derniers constituent toujours une puissance faction de la nation canadian au Québec. Ils ont empêché que leurs privilèges, survivances tenaces du colonialisme, ne soient contestés, notamment en santé et en éducation où leurs budgets gonflés sont inexplicables en dehors de la persistance des effets de la conquête. L'État du Québec s'est en effet soumis à cette exigence avec la Loi 99, en qualifiant les privilèges de nos maîtres de « droits consacrés ». Une affaire qui illustre la subordination coloniale de l'État du Québec, une subordination d'autant mieux réussie qu'elle se coule dans une prétentieuse rhétorique « souverainiste ». Il y a certes des différences entre les Canadiens-français et Acadiens et les Canadiens-français du Québec (que vous préférez appeler d'une façon non moins « ethnique » les « Québécois francophones », mais essentiellement nous vivons sous le même joug et notre intérêt objectif est de faire front commun contre la suprématie anglo-saxonne du régime canadien et pour l'égalité des nations socio-historiques pré-britanniques.



  • Léonce Naud Répondre

    4 décembre 2018

    Minorités ethniques dispersées ou citoyens majoritaires quelque part ?


    Il existe une différence identitaire fondamentale entre Canadiens-français et Québécois. Le Canadien-français fait partie d'une minorité ethnique Canadian en voie d'extinction graduelle, le Québécois appartient à une nation majoritaire qui occupe un territoire délimité dans l'Est de l'Amérique. Le premier est ethnique, le second politique. La citoyenneté remplace l'ethnie.


    La stratégie d'Ottawa vise à en finir avec l’identité québécoise en ramenant les Québécois à un groupe ethnique minoritaire de "canadiens francophones". Pour le gouvernement d’Ottawa, il n’existe plus de Canadiens-français ni de Québécois mais seulement des « canadiens francophones ». Tout le reste est bon pour la poubelle de l’histoire canadienne.


    Le Québec : http://wikiquebec.org/images/0/03/Carte-du-quebec-leonce-naud.jpg     


  • Myriam Sylvain Répondre

    2 décembre 2018

    Nouvelle France,  Canadiens Français,  Québécois... Afin de se départir ideologiquement de l'usurpation des britaniques d'amérique du Nord de l'apellation Canada sans pour autant tomber dans la division voulue et programmée par la frange anglosaxone du conquerant, pourquoi ne pas envisager un réel retour aux sources par l'Etat Nation de Kanata?   Je dis ça, je ne dis rien puisque je ne suis ni socioligue,  ni historienne.   Cependant,  en tant que fière francophone, je serais ravie de le voir redéfini par ce retour à La source. La Nation  Kanata nous a été gracieusement offerte par les Premières Nations, pourquoi ne pas leur rendre hommage en l'élevant au rang d'état nation?   Une fièreté, une alliance à redécouvrir qui pourrait stimuler notre volonté commune à voir notre patrimoine reprendre vie dans l'unité et le respect de nos fondateurs et alliés naturels.  


    Notre Pays, c'est notre mémoire, notre culture en notre territoire.  Kanata à l'origine.  Bien avant même que nous le découvrions.  


    • Gilles Verrier Répondre

      3 décembre 2018

      Merci de votre commentaire.
      D'abord, tout comme vous, je ne suis moi-même ni sociologue ni historien. Je participe au débat public à titre de citoyen qui ne fait que son devoir.
      Notre combat traditionnel a toujours visé l'égalité des nations. Plus récemment dans notre histoire, les mots « indépendance » et « souveraineté » ont été employés à profusion pour cerner les initiatives politiques qui, comme les référendums, pouvaient conduire à une forme ou une autre d'égalité entre les nations. La lutte se poursuit et les Premières nations s'y incluent depuis quelques décennies avec des revendications qui leur sont propres. Si l'alliance pouvait se faire entre tous ceux qui contestent l'imposition par la force de la suprématie anglo-saxonne, les progrès de cette lutte légitime connaîtraient une nouvelle impulsion. Les résultats d'une pleine reconnaissance politique des nations socio-historiques pourraient ressembler à une sorte d'États unis du Nord comprenant : 1- Les Canadiens (Français) et Acadiens 2- Les Canadians anglo-saxons et, éventuellement 3- les Premières nations. Ce serait à elles de se donner un nom, et non à nous. Comme vous le dites, Kanata pourrait être un choix. En tout état de cause, l'égalité des nations donne accès à la pleine liberté politique.

  • Michel Matte Répondre

    27 novembre 2018

    En effet, la Révolution tranquille a  rompu le lien avec notre passé sous prétexte de modernisation. Notre identité comme peuple s'est trouvée affaiblie et avec elle la volonté de l'indépendance.  


    L'appellation Canadien-français permet de redéfinir le projet d'indépendance comme foyer national du peuple canadien-français, ce qui est la véritable motivation du projet: se donner le pouvoir politique de s'épanouir selon notre identité propre. Encore faut-il vouloir autre chose que d'être des Nord-Américains parlant français comme Elvis Gratton.


    Le terme Canadien-français permet justement de définir correctement notre statut politique minoritaire.  C'est un  premier pas pour y remédier.  C'est aussi une façon de se réconcilier avec notre passé, avec les francophones hors-Québec et avec ceux qui défendent notre identité traditionnelle.


    • Gilles Verrier Répondre

      3 décembre 2018

      Merci pour votre commentaire avec lequel je suis tout à fait d'accord.
      Vous écrivez : « Le terme Canadien-français permet justement de définir correctement notre statut politique minoritaire. » C'est un point crucial que notre statut politique est celui d'une minorité sociologique, au Canada et au sein de l'État du Québec lui-même. On a cru et propagé l'idée, fausse selon moi, que nous formions une majorité sur le territoire du Québec capable de prendre en mains sa destinée. La Loi 99 a planté le dernier clou dans cette illusion en transformant les contestables privilèges coloniaux des anglo-saxons en « droits consacrés ». C'est le gouvernement du Québec lui-même, soumis à la majorité sociologique que constituent les anglo-saxons, qui a signé sa propre interdiction de remettre en cause les avantages consentis en éducation, en santé et en culture à sa puissante communauté anglophone.

  • Pierre Bourassa Répondre

    26 novembre 2018

    Gilles Verrier: ''Savez-vous que l'identité québécoise a pour créateur Lord Halifax, artisan du génocide acadien ? Savez-vous que le nom The Province of Quebec apparaît pour la première fois dans l'histoire du monde dans une décision du Conseil privé de Londres, le 19 septembre 1763 ? Inversement, les Canadiens (Français) sont signataires des traités internationaux (France, Angleterre, Canada) que constituent les Articles de capitulation de Québec et de Montréal. Ils étaient déjà reconnus par les Anglais dès 1759.  Pendant 250 ans, nous étions les seuls Canadiens. ''


    Jean-Claude Pomerleau: '' De l'origine du nom Québec :Champlain a pris le nom des Amérindiens qui veut dire « là où les eaux se rétrécissent » pour les uns et «là où ça bloque » pour les autres. Donc là où on a le contrôle des communications, là est le pouvoir.C'est donc là que Champlain a établi l'Habitation de Québec, cellule embryonnaire de la nation et de l'État du Québec.''


    Va faloir tirer çà au clair une fois pour toute.D'un côté il y a également le nom amérindien Kanata qui fut à l'origine du nom Canada bien avant que les Britanniques ne débarquent avec leurs gros canons et de l'autre,la terminologie désignée par Lord Halifax semble poser problème principalement de par la définition du mot ''province'' qui vient du latin, pro victis, qui signifie « territoire des vaincus ».Assez lourd à porter au fil des siècles.


    De toute façon ce débat ne date pas d'hier.


    Bernard Frappier,1999:


    «« La Bataille du Québec



    L'année des commencements
    La République de Nouvelle-France Nommer les choses dès leur commencement...

    Un nom nouveau pour une réalité nouvelle!


    Bernard Frappier

    Vigile 4 mars 1999 https://vigile.quebec/archives/ds-edito/docs/99-3-4-bf.html


    Commentaire de R. Gervais

    Origines du mot 'Québec' - Alain LaBonté


    • Gilles Verrier Répondre

      3 décembre 2018

      Merci pour votre commentaire. Bernard Frappier l'a dit avec le sens de la formule qu'on lui connaissait :
      « Nommer les choses dès leur commencement...»
      Il faut se demander comment les générations qui viennent pourront expliquer à leurs enfants les décisions d'aujourd'hui. La construction de la fierté ne se fait pas en magouillant son histoire.

  • Marc Lapierre Répondre

    23 novembre 2018

    "Faut-il comprendre dans cet énoncé que ceux qui ne sont pas Québécois francophones ne sont pas des Québécois ? Si le Québec est un espace politique, ses habitants ne sont-ils pas tous des Québécois ?"


    Leur avez-vous demandé? Parce que moi, à toutes les fois où j'ai traité des connaissances immigrantes ou anglophone de "Québécois", ils se sont mis en rogne. Dans le cas d'un juif montréalais (évidemment anglo) il était tellement enragé que je l'aille considérer comme Québécois, qu'il en avait presque l'écume à la bouche.


    Ma fille de 14 ans va dans une école montréalaise. Pour ceux qui l'ignorent, les Québécois sont maintenant minoritaire à Montréal. Dans ses cours, ils ne sont jamais plus que cinq Québécois sur une trentaine d'élèves issus de l'immigration. En outre, quand ces élèves issus de l'immigration parlent du groupe ethnique dont fait partie ma fille, ils disent "les Québécois". Ils ne s'incluent généralement pas dans ce groupe contrairement aux balivernes du souvrainisme officiel et flasque colporté par les Drainville et Yves François Blanchet de ce monde. La réalité du terrain n'a rien à voir avec le monde féérique dans lequel évoluent ces jovialistes.


  • Pierre Bouchard Répondre

    21 novembre 2018

    En conclusion de mon commentaire précédent : pour être clair, je suis fier d’être Québécois, citoyen du Québec, fier de ce que notre État est et peut devenir, je ne désire pas éradiquer cette appellation de Québécois. Faut juste savoir de quoi on parle. Même si je suis fier d'être Québécois ça ne m’empêche pas de vouloir que notre nation Canadienne-Française, soit une partie des citoyens Québécois, cessent d’être minorisée et constamment bloquée. Nous existons de moins en moins.


  • Pierre Bouchard Répondre

    21 novembre 2018

    Je pense qu’il est important d’être bien nommé et Canadiens-français est le terme qui nous définit exactement et naturellement. Mais comme il fallait s’y attendre, la plupart des gens sont contre ça.


    Moi je n’aurais pas de problème avec le terme « Québécois » s’il n’entretenait pas la confusion. Québécois francophone, Québécois de souche, ne voyons-nous pas que nous nous nommons désormais comme une communauté parmi les autres ? Ne voyons-nous pas que ce faisant, nous nous minorisons nous-mêmes pas mal plus que si nous parlions simplement des Canadiens-français ?


    Dans sa chronique MBC dit : « Comment, comme peuple, assurer notre continuité historique si nous ne cessons de congédier de grands pans de notre identité comme s'ils étaient périmés? On ne fonde pas grand-chose sur le principe de la table-rase. » Est-il stupide ou quoi ? C’est précisément ce que nous avons fait depuis 50 ans, c’est ce que nous dénonçons.


    MBC a une réaction émotive : il refuse de toutes ses trippes l’appellation « Canadiens-Français » et, en voulant démontrer son point, il perpétue la confusion entre les citoyens civiques et les gens de notre peuple, comme le montre M. Verrier. C’est la première chose que j’ai remarquée en lisant le texte, comme c’est toujours le cas dès que quelqu’un veut parler de nous.


    Cette confusion est le cœur de l’affaire. Soit MBC ne se rend pas compte, mélangeant le réel et l’artificiel et alors, ce n’est pas fort, soit il comprend très bien le problème mais, à cause de son émotivité, il l’ignore sciemment. Et ça, c’est irresponsable.


    Nous sommes peut-être libres de nous nommer comme nous voulons mais nous avons le devoir de sortir de la confusion. Si nous continuons à entretenir cette confusion, nous continuons à laisser agir la minorité de blocage. Donc, malgré l’urgence démographique, nous nous laissons littéralement mourir.


    Il faut comprendre qu’en englobant les 2 nations en compétition (l’anglaise contre la française), nous sommes passés de 80% à 70% et bientôt 60% de la population du Québec et d’ici 20 ans, moins de 50%. Alors c’est bien beau la nation Québécoise comme norme, comme référence de civilisation, mais nous serons morts quand même. À ce moment-là, dira-t-on avec MBC qu’on a assumé notre destin ?


    En regard de notre avenir, il est irresponsable de ne pas s’attaquer directement au problème, la confusion qui nous écarte de l’arène politique, de laisser cette confusion nous tuer peu à peu.


    *******


    Il y a beaucoup d’anciens Irlandais chez les Canadiens-Français, entre autre. Rien n’est statique et tout évolue, la nation québécoise comme le reste. Vouloir que notre nation reprenne sa place sur l’échiquier politique, vouloir être nommé clairement, comme les autres sont nommés, sans confusion, ce n’est pas refuser notre métissage; dans l’état d’urgence où nous nous trouvons, c’est juste préserver notre intégrité pour assurer notre pérennité.


    Nous ne pouvons pas agir comme si nous avions déjà tous les leviers pour nous émanciper, comme si nous étions une majorité au Canada, ce n’est pas vrai. Depuis que nous faisons semblant qu’il n’y a pas 25% des Québécois civiques qui ne veulent rien savoir d’être Québécois, qui sont canadiens-anglais et bloquent toujours tout, depuis que nous ignorons cet éléphant dans le salon, nous avons un trouble d’identité (dixit Gilles Verrier), nous avons cessé de progresser et nous nous sommes mis à chuter, et cette chute va en s’accélérant.


  • Gilles Verrier Répondre

    21 novembre 2018


    Si la France a eu Charlemagne, les États-Unis Benjamin Franklin, l'Italie Garibaldi, le Québec doit son existence à Lord



    Halifax. Voilà bien de quoi nourrir une riche conscience historique !




    Le Canada de la Nouvelle-France, notre berceau national, a donné des Samuel de Champlain, des La Vérendrye, des François La Mothe de Cadillac, des Étienne Brulé, des Louis Riel, toutes des figures hors norme qui, comme tant d'autres, ont rayonné très au-delà des frontières du Québec d'aujourd'hui. Ces géants de notre patrimoine national ne sont pleinement compréhensibles que dans la mesure où ils sont rattachées à notre histoire, qui commence avec le Canada de la Nouvelle-France. L'unité nationale a une exigence qui se fonde sur la fidélité à une histoire. Et non dans sa falsification pour la faire correspondre à une doctrine délétère, celle du « péquisme » qui sévit depuis cinquante ans. 


    Lord Halifax est celui qui a décidé de la céation de The Province of Quebec, dont la date de création a été finalisée à Londres les 3 et 8 octobre 1763. Trois ans après que la signature du Canadien Vaudreuil paraphait les Articles de capitulation de Montréal. C'était une première tentative pour faire disparaître le Canada des Canadiens-Français.  Une deuxième tentative suivra en 1840, au moment de l'Acte d'Union, inspirée par le Rapport Durham. Une troisième, plus insidieuse peut-être, apparut au tournant des années 1960. Cette dernière nous aura laissé cinquante ans bien comptés d'échecs cuisants ( aucune victoire ); et un trouble d'identité qui ne s'était jamais posé avant.  



  • Jean-Claude Pomerleau Répondre

    21 novembre 2018

    Géopolitique 101, nation État...

     

    De l'origine du nom Québec :

    Champlain a pris le nom des Amérindiens qui veut dire « là où les eaux se rétrécissent » pour les uns et «là où ça bloque » pour les autres. Donc là où on a le contrôle des communications, là est le pouvoir.

     

    C'est donc là que Champlain a établi l'Habitation de Québec, cellule embryonnaire de la nation et de l'État du Québec.

     

    L'État est d'abord territorial (G. Bergeron).

     

    Le Québec s'est défini de facto comme un État vers 1960, moment ou nous sommes passé d'un «  nationalisme culturel à un nationalisme étatique » (G. Bergeron : État du Québec en devenir),) entraînant un changement de nom de Canadien français à Québécois, une identification au territoire de cet État (L'État agit avec envergure).

     

    Notre statu de nation française en Amérique repose sur les assises d'un État (dont nous venons de reprendre le contrôle), autrement nous serions un groupe ethnique :

     

    « Nation  : un peuple en possession d'un État" - Karl Deutsch



    « L’histoire mondiale ne retient que les Nations qui se sont constituées en États » - F.W. Hegel

     

    Le problème repose sur notre incapacité à penser le politique à partir d'une doctrine d'État.

    Le dernier premier ministre qui en avait une fut Daniel Johnson, dont ou retrouve les fondamentaux dans son livre : Égalité où indépendance.

     

    JCPomerleau


     


     

     

     

  • Guy Pruneau Répondre

    20 novembre 2018

    Personnellement, je ne vis pas avant 1760 mais dans le monde d'aujourd'hui.  Or, ce que je constate, c'est que, de nos jours:


    1 - Se dire Canadien-Français, c'est se dire Canadien et minoritaire dans son identité même.  Se dire Québécois ne change peut-être rien à notre statut de minoritaire, mais entre subir cette réalité et l'assumer de plein gré, il y a un pas à ne pas franchir.  (Je préfère encore la notion supposément ambiguë de Québécois à cette notion trop clairement réductrice.  Si vous n'aimez pas la référence à la province de Québec des Anglais, vous pouvez y voir une référence au peuple installé dans la vallée du Saint-Laurent et dont la présence a commencé à Québec.  Ou encore trouver un autre nom, mais certainement pas Canadien-Français.)


    2 - C'est aussi s'identifier au pays des fédéralistes et des anglophones, universellement perçu comme un pays anglophone dans le monde.  En effet, presque partout dans le monde, le mot Canadien évoque les Canadiens-Anglais.


    3 - Au Québec même, la grande majorité de ceux qui se disent Canadiens-Français sont des fédéralistes trop heureux d'être contents d'être Canadiens.  Je n'ai aucunement l'intention d'être associé à cette mentalité de perdants.


    4 - Ce genre de débat pourrait se tenir dans n'importe quel État-nation, indépendant ou pas.  Quand on parle des Français, Britanniques, Italiens, Allemands, ou pire encore, États-Uniens/Américains, parle-t-on des citoyens de ces pays respectifs ou bien des membres de l'ethnie de souche?  On peut discuter jusqu'à plus soif de ce genre de question, comme le sont aussi le serment à la reine et l'éventuelle assemblée constituante, sans rien régler de concret pour autant.


    La volonté de participation à la nation et la culture me semblent plus importantes que l'ethnie.  Jean Chrétien a beau être ethniquement Québécois/Canadien-Français de souche, quel vrai Québécois le considère comme l'un des siens?  Gregory Charles, Normand Brathwaite, Jim Corcoran sont certainement plus des nôtres que lui.  Chrétien, justement, se définit probablement comme Canadien-Français.  Vous vous identifieriez à lui?


    Quant au statut de fondateur du Canada, quel est-il, ce fameux prix à payer pour y renoncer?  Les Rocheuses?  Avant 1960, les Québécois de souche se disaient Canadiens-Français, cela a-t-il amélioré leur condition économique ou empêché les francophones des autres provinces de s'assimiler à vitesse grand V?  Je comprendrais si les fédéralistes, plutôt que de jouer aux sous-tapis, se montraient irrédentistes, mais c'est à qui se coucherait le plus à plat ventre.  Même chez les pseudo-souverainistes, on a un Lisée qui n'avait rien de plus pressé que de participer à un débat en anglais.


    Quant à moi, j'adhère à la notion de nation culturelle, qui comprend ceux des membres de la nation ethnique "de souche" qui veulent préserver leur caractère national, ainsi que tous ceux qui se joignent à eux sans réserve, comme les quelques personnes susnommées.


    Les coupes du gouvernement Ford et la formation du nouveau gouvernement du Nouveau-Brunswick nous fournissent une occasion de définir notre rapport à la francophonie canadienne.  Puisque les francophones sont trop pacifiques pour défendre sérieusement leurs positions, ce qui exclut ipso facto un irrédentisme ethnique/culturel à la Poutine (en Ukraine) ou même à la Hitler (au Sudetenland et à Dantzig), ce qui nous permettrait au moins de défendre certaines zones comme l'Acadie, le nord de l'Ontario ou le Prescott-Russell, il reste l'option décrite par cette réflexion de Choiseul au sujet de la Nouvelle-France:  "Quand la maison est en feu, on ne se préoccupe pas de l'écurie".  C'est-à-dire se concentrer sur le territoire que nous contrôlons au moins en partie en le rendant beaucoup moins accueillant pour les anglophones et allophones qui ne veulent pas se joindre à nous - cesser de surfinancer les institutions anglophones serait déjà un bon début.  Ensuite, lorsque nous serons vraiment maîtres chez nous, y compris dans la tête, nous pourrons penser aux francophones hors Québec, s'il en reste.  Et de cette façon, les notions territoriales et culturelles de la nation se rapprocheront graduellement.


    De toute façon, au-delà de toute question de morale et de justice, le bilinguisme non régionalisé n'a jamais fonctionné nulle part.  Si les francophones hors Québec aiment le français, mais pas au point de quitter un environnement anglophone assimilateur, il me semble que nous pouvons les supporter dans la mesure du possible, mais pas au point de renoncer à nos intérêts.  Le Canada a beaucoup de défauts, mais a au moins cette qualité de laisser ses citoyens circuler librement.  Ceux qui tiennent vraiment à leur culture n'ont qu'à venir au Québec.


  • Catherine Doucet Répondre

    20 novembre 2018

    Gloire et honneur aux deux grands mystagogues de la Québécitude: Gérard Bouchard et Mathieu Bock-Côté! Le premier nous invite à brûler nos souches canadiennes françaises au feu de la Saint-Jean, le deuxième prétend qu'il faut s'identifier à une identité qui ne ressemble à rien afin de rester toujours majoritaires...Ah, oui, j'allais oublier Pierre Falardeau, selon qui, nous pouvons nousappeler des mauves à pitons jaunes si ça nous tente, tout ce qui compte, c'est que le Québec soit indépendant.


    Finalement, c'est ça que ça donne la Québécitude: l'identité n'intéresse plus personne.