Le Bloc québécois vient de choisir un excellent slogan pour les élections : « Le Québec, c’est nous. » En d’autres mots, alors que les autres partis fédéraux représentent le Canada au Québec, et seront toujours prêts à sacrifier les intérêts du Québec au nom des intérêts supérieurs de la fédération, le Bloc n’entend servir que la nation québécoise. On peut trouver qu’il le fait bien ou mal, mais on ne saurait contester la légitimité de ce programme.

Il vaut la peine de le préciser : le Bloc n’a pas dit : « Les Québécois, c’est nous. » Avec son slogan, il n’entend pas monopoliser la référence à l’identité québécoise, mais rappeler qu’il est le seul parti à miser sur le Québec d’abord. Pourtant, certains journalistes ont cherché noise à Yves-François Blanchet en lui demandant si le mot « nous » ne serait pas dangereux ou exclusif.

Question farfelue. Par définition, la politique fonctionne au nous, quoi qu’en pense notre époque tellement obsédée par les « droits individuels » qu’elle ne parvient tout simplement plus à comprendre le collectif. Le nous, c’est la figure du destin partagé qui permet de penser le bien commun.

Nous

Au fond d’eux-mêmes, les Québécois savent bien qu’ils sont un peuple à part entière et qu’ils poursuivent une aventure originale en Amérique. Nous ne sommes pas que des Canadiens francophones. Ce n’est pas sans raison que la tentation de l’indépendance en vient toujours à remonter à la surface.

Apparemment, devant la charge médiatique, Yves-François Blanchet a semblé hésiter un instant. La Presse canadienne rapportait ainsi qu’il ne voulait pas placer son « nous Québécois » en contradiction avec « eux Canadiens anglais ». On comprend qu’il voulait dire par là que les Québécois ne sont pas hostiles au Canada anglais.

Très bien.

Mais le Bloc devrait plutôt assumer pleinement son slogan et rappeler avec insistance aux Québécois que notre existence comme peuple n’est pas harmonieuse au Canada.

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Malheureusement, les Québécois l’oublient trop souvent : nous sommes en conflit avec le Canada anglais. Certes, c’est un conflit civilisé, démocratique, qui ne s’avoue pas et qu’on maquille juridiquement. Mais la réalité demeure, même lorsqu’on veut la cacher.

On le voit lorsqu’il est question d’énergie, d’environnement, d’immigration, de multiculturalisme et de tant d’autres sujets. D’ailleurs, la différence québécoise semble de plus en plus inadmissible au Canada. Dès que nous rappelons que nous sommes un peuple, on nous accuse de suprémacisme ethnique.

Nationalistes

Le Bloc doit imposer le fait national québécois au cœur de la vie politique canadienne.

Allons plus loin. Si le prochain gouvernement fédéral est minoritaire, on peut espérer que les députés bloquistes avanceront sans la moindre hésitation leur programme, sans multiplier les contorsions idéologiques pour bien paraître dans la presse canadienne-anglaise, comme cela a été le cas autrefois. Ils ne sont pas là pour bien faire fonctionner le Canada, mais pour sortir notre peuple de ce pays dysfonctionnel qui mise sur notre dilution progressive dans le grand tout multiculturel.

L’indépendance est une nécessité vitale.

Nous sommes des Québécois. C’est-à-dire que nous ne sommes pas des Canadiens.

Il importait de le rappeler.