Après des semaines de tempête et plusieurs appels à quitter la direction du Bloc québécois, la chef Martine Ouellet accepte finalement de se soumettre à un vote de confiance. Elle estime pouvoir rester en poste si elle obtient 50 % +1 des appuis.
Le Bloc consultera ses délégués pendant son Conseil national, qui se tiendra le 29 avril prochain à Drummondville. Une consultation référendaire sera ensuite tenue auprès des 20 000 membres du Bloc, par téléphone ou par internet.
Il ne s'agira toutefois pas d'un vote de confiance traditionnel. Le Bloc avait déjà annoncé son intention de tenir un référendum auprès de ses membres sur les orientations du parti, et une deuxième question sera ajoutée, concernant cette fois le leadership de Martine Ouellet.
« Ça permettra un référendum à deux questions sur les deux éléments », a précisé Mme Ouellet pendant une conférence de presse lundi matin à Ottawa.
Volte-face
Le leadership de Martine Ouellet est vivement contesté depuis la démission de sept des dix élus de la formation indépendantiste le mois dernier. Ils siègent aujourd'hui comme indépendants à Ottawa.
Plusieurs gros canons du parti, incluant les anciens chefs Gilles Duceppe et Daniel Paillé, ont aussi invité Mme Ouellet à céder son poste. L'ancien leader Lucien Bouchard s'est quant à lui dit « découragé » par la déconfiture du Bloc, qui a chuté dans les intentions de vote depuis le début de cette crise.
Alors qu'elle refusait catégoriquement de se soumettre à un vote de confiance jusqu'ici, Martine Ouellet dit avoir changé d'idée après de nombreuses « consultations » avec les membres de son équipe et des militants du parti.
50 % +1
Un vote de confiance en bonne et due forme était déjà prévu lors du congrès régulier du Bloc en mai 2019, ce qui aurait été trop éloigné dans l'état actuel des choses, a reconnu Martine Ouellet.
La consultation référendaire proposée par le Bloc il y a deux semaines -au plus fort de la crise- permettra « d'innover » et de sonder du même coup les membres sur le leadership de Martine Ouellet, a-t-elle fait valoir.
Plusieurs « modalités » de cette consultation restent encore à préciser. Le vocabulaire des deux questions, par exemple, n'a pas encore été choisi. La durée de la consultation référendaire n'a pas non plus été déterminée, ni la date de l'annonce des résultats.
Martine Ouellet, secouée par les événements des dernières semaines et par les « calomnies » dont elle dit avoir été victime, estime qu'elle pourra légitimement rester en poste si elle obtient 50 % +1 de votes favorables des membres. Elle ne semble pas se laisser démonter par la « tentative de putsch » qu'elle dit avoir subie.
Mission du Bloc
En plus du style de gestion de la chef, jugé trop autoritaire par les députés démissionnaires, la mission première du Bloc québécois repose au centre de la crise actuelle.
D'un côté, les purs et durs comme Martine Ouellet souhaitent marteler les bienfaits de la souveraineté dès qu'ils prennent la parole. L'article 1 du programme du Bloc, adopté en 2014, prévoit que les élus bloquistes fassent la promotion de l'indépendance « sur toutes les tribunes ».
De l'autre côté, les députés démissionnaires -de même que les anciens chefs bloquistes Daniel Paillé et Gilles Duceppe- veulent plutôt défendre en priorité les dossiers québécois à Ottawa, qui touchent directement les électeurs de leurs circonscriptions. Cette ardeur à la tâche pourrait ensuite aider à convaincre les Québécois des vertus de l'indépendance, croient-ils.
Martine Ouellet a insisté lundi sur l'importance de la « démocratie » au sein du Bloc, qui s'exprimera pendant le référendum en deux volets. « L'avenir appartient aux membres », a-t-elle résumé.