Bloc québécois - Le virage

Daniel Paillé a bien compris que le Bloc québécois d'aujourd'hui n'a plus grand-chose en commun avec celui d'hier.

Actualité du Québec-dans-le-Canada - Le Québec entravé



Le nouveau chef du Bloc québécois, Daniel Paillé, a chassé toute ambiguïté dès ses premiers mots à la suite de son accession à la direction de son parti dimanche soir. La ligne stratégique qui sera la sienne sera la défense de la souveraineté et l'appui au Parti québécois. Le Bloc ne sera plus ce parapluie sous lequel pouvaient se réunir les nationalistes de toute obédience avec comme commun dénominateur la défense des intérêts du Québec.
Sa déclaration a de quoi surprendre puisqu'il tire un trait sur ce qui a fait le succès du Bloc depuis sa fondation. Si ce parti affirmait franchement ses convictions souverainistes, son programme était accueillant. Il se donnait comme objectif de faire progresser le Québec. Même s'il se voyait comme le parti frère du Parti québécois, il était ouvert à collaborer avec le gouvernement libéral de Jean Charest et à se faire le porteur aux Communes des grandes revendications de l'Assemblée nationale.
Daniel Paillé a bien compris que le Bloc québécois d'aujourd'hui n'a plus grand-chose en commun avec celui d'hier. Il y a eu l'élection du 2 mai qui l'a réduit à l'état de tiers parti. Avec seulement quatre députés, il n'est pas en mesure de mener de batailles au Parlement, ni sur le terrain. Tout est à reconstruire, sur le plan financier et sur celui de l'effectif. La faible participation des membres à l'élection du nouveau chef montre bien l'absence de mobilisation.
Ce 2 mai, le Bloc, s'il n'a fait élire que quatre députés, a tout de même eu l'appui de 23,4 % des électeurs du Québec. Ces irréductibles, qui n'ont pas bronché devant la vague orange, sont, peut-on raisonnablement imaginer, des souverainistes. Appuient-ils toujours le Bloc québécois? Daniel Paillé a besoin d'eux et, avec ce discours résolument souverainiste, cherche à les conforter dans leurs convictions et, surtout, à maintenir leur engagement qui a peut-être ébranlé par le résultat du 2 mai.
Ce virage qu'entreprend Daniel Paillé répond à une logique d'autodéfense. Le prochain rendez-vous des souverainistes est l'élection québécoise attendue pour 2012. S'il arrivait au Parti québécois ce qui est arrivé au Bloc québécois, le mouvement souverainiste ne s'en remettrait pas avant de longues années. Pour le Bloc, ce serait la fin. C'est d'ailleurs ce que disait Gilles Duceppe dans l'entrevue qu'il donnait au Devoir au lendemain de l'élection du 2 mai. «Il faut qu'il gagne», disait-il en parlant du Parti québécois.
Gagner, mais comment? Sous-entendue au discours de Daniel Paillé est la nécessité pour le Parti québécois de centrer à son tour son discours sur la souveraineté. Il se trouve ce faisant à appuyer ceux qui, au sein du mouvement souverainiste, trouvent le discours de la chef péquiste trop mou. Pour Pauline Marois, qui doit aussi proposer un programme de bon gouvernement, le nouveau chef bloquiste pourrait se révéler un allié embarrassant.


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