Blanchet veut faire respecter la «souveraineté environnementale» du Québec

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Énergie Est reviendra probablement hanter la campagne

C’est devant un champ de soya que le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, est venu dénoncer le pouvoir du fédéral d’implanter certains types d’infrastructures interprovinciales sans égard aux lois et règlements du Québec, vendredi matin.

Le champ en question est celui-là même où les citoyens se sont vigoureusement opposés avec succès à la construction d’un aéroport privé à Saint-Roch-de-l’Achigan, dans Lanaudière.

Le ministre fédéral des Transports, Marc Garneau, a finalement décidé à la fin du mois d’août de ne pas donner son aval au projet à la suite d’une mobilisation massive de la population locale, de ses élus et producteurs agricoles.

Yves-François Blanchet a utilisé cet exemple pour rappeler que la menace de la construction de l’oléoduc Énergie Est plane toujours sur le Québec, bien que la population y soit opposée.

Menace réelle

« On ne peut pas être raisonnablement confiants qu’il n’y aura pas Énergie Est », a-t-il averti, rappelant que les conservateurs sont toujours « farouchement en faveur » d’un tel oléoduc pour transporter le pétrole des sables bitumineux d’Alberta vers l’Est à des fins d’exportation et que les libéraux, de leur côté, ne se sont jamais engagés à ne pas le construire.

Plus encore, il rappelle que le gouvernement de Justin Trudeau a obtenu gain de cause en mai dernier dans un bras de fer juridique avec la Colombie-Britannique entourant le passage de l’oléoduc Trans Mountain entre l’Alberta et la côte ouest et que tant les conservateurs que les libéraux n’auront aucun scrupule à utiliser cette jurisprudence.

« La Cour [d’appel] en Colombie-Britannique vient de donner raison au gouvernement fédéral selon ce bon vieux principe voulant que, à la fin de la journée, quand il y a un conflit juridictionnel entre Ottawa et une province, le patron, ce soit Ottawa. La province est un territoire vassal qui se tait et qui s’assoit dans son coin parce qu’Ottawa va trancher et décider. »

« Souveraineté environnementale » du Québec

Le Bloc québécois avait déposé durant le dernier mandat le projet de loi C-392 visant à obliger le gouvernement canadien à respecter ce qu’il appelle « la souveraineté environnementale » du Québec, projet de loi qui est mort au feuilleton devant l’opposition des libéraux et des conservateurs.

Malgré tout, le chef bloquiste demande aux autres chefs de parti de s’engager à respecter ladite souveraineté environnementale du Québec.

Un tel engagement serait étonnant des libéraux, après leurs démarches victorieuses devant les tribunaux de la Colombie-Britannique, bien que les contestations judiciaires se poursuivent dans ce dossier.

Les conservateurs ne sont pas susceptibles d’être chauds à l’idée non plus, eux qui promettent de faire transiter le pétrole albertain à travers le pays par un corridor énergétique, que le chef bloquiste a qualifié de « grosse arnaque d’expropriation du territoire québécois ».

Yves-François Blanchet déplore que chaque projet qui relève de la compétence fédérale — qu’il s’agisse d’aéroports, de pipelines ou de tours cellulaires — doive nécessiter une forte mobilisation pour être bloqué par des citoyens qui n’en veulent pas, et que de tels projets puissent être implantés sans égard aux lois et règlements québécois, notamment en matière d’aménagement du territoire, particulièrement en zone agricole.

Concurrent politique ?

Le chef bloquiste n’est par ailleurs pas du tout inquiet de l’apparition d’une nouvelle formation indépendantiste québécoise sur la scène fédérale.

Le Devoir rapportait jeudi la création du « Parti pour l’indépendance du Québec », que l’on retrouve désormais sur la liste des partis admissibles à une inscription auprès d’Élection Canada. La formation, une initiative d’ex-bloquistes partisans de l’ex-chef Martine Ouellet avec à leur tête l’ancien président d’association bloquiste de Châteauguay-Lacolle, Michel Blondin, prône comme Mme Ouellet la défense et la promotion constantes de la souveraineté du Québec, plutôt que la défense des intérêts du Québec à Ottawa.

« Ça ne m’inquiète pas du tout », a d’abord répondu M. Blanchet, ajoutant que « la démocratie s’exerce ainsi. […] Je leur souhaite beaucoup de plaisir ». Il estime que cela ne démontre aucunement quelque chicane que ce soit dans le Bloc. « S’ils font une offre politique, les citoyens disposeront de l’offre politique et ce n’est assurément pas une indication de quelque forme de division que ce soit au Bloc québécois, parce qu’ils n’y sont plus, au Bloc québécois. »

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