MARTINE OUELLET AU DEVOIR

Bilan d’une ancienne ministre des Ressources naturelles

La députée de Vachon se prononce en faveur d’une nationalisation du secteur éolien

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Les langues se délient. Intéressant

L’ex-ministre des Ressources naturelles Martine Ouellet estime nécessaire de nationaliser le futur développement éolien au Québec afin de contrôler cette filière qu’elle juge prometteuse. Celle qui est redevenue simple députée s’oppose par ailleurs clairement au développement du gaz de schiste et exprime de sérieuses réserves par rapport au projet d’oléoduc de TransCanada.

Avant de devenir la députée péquiste de Vachon, Mme Ouellet a travaillé pendant plusieurs années chez Hydro-Québec, notamment du côté de la filiale Production. Et pour elle, il ne fait aucun doute que la société d’État serait la structure idéale pour développer la filière éolienne. Une position qui tranche avec celle mise en avant par le Parti québécois au moment du démarrage de l’industrie, à la fin des années 90.

« Je ne vois pas pourquoi Hydro-Québec ne serait pas propriétaire des parcs d’éoliennes. Nous avons l’expertise, on peut réduire les coûts et on peut aussi faire une bien meilleure planification », explique-t-elle au cours d’une longue entrevue accordée au Devoir.

Mme Ouellet juge ainsi qu’il serait possible d’arrimer le développement hydroélectrique à celui de l’éolien. « Lorsqu’on a un projet de développement hydraulique, il faudrait prévoir d’avance un projet éolien en même temps. On réduirait notamment les coûts de raccordement au réseau. Et le meilleur planificateur pour ce genre de projet, c’est Hydro-Québec. Toutes les expertises sont là. »

Pour la députée péquiste, cette forme de nationalisation « nous assure que les bénéfices reviennent aux Québécois ». En vertu du modèle actuel, mis en place sous un gouvernement péquiste, Hydro-Québec Distribution a le mandat de lancer des appels d’offres pour l’achat de blocs d’énergie provenant de producteurs privés. C’est le cas notamment du dernier appel d’offres, lancé en décembre dernier par l’ex-gouvernement Marois.

Celle qui était responsable du dossier énergétique jusqu’au 7 avril rejette toujours la conclusion de la Commission sur les enjeux énergétiques, qui pressait Québec de stopper le développement éolien. Selon le rapport, commandé par le gouvernement péquiste, cette énergie est trop coûteuse, mais aussi inutile dans le contexte actuel de surplus.

« À court terme, on n’en a pas besoin, reconnaît néanmoins Martine Ouellet. Il faut donc faire les quantités minimums pour maintenir l’industrie manufacturière, et invitons-la à faire le plus d’exportation possible. Mais il ne faut pas perdre les emplois pour le jour où nous en aurons besoin. »

Selon elle, l’avenir de l’éolien ne fait aucun doute. « Avec le développement du Québec, avec le transfert du pétrole vers les énergies renouvelables et avec l’électrification des transports, je crois qu’il faudra développer des projets. »

Non au gaz de schiste

Si elle se porte à la défense des nouvelles filières énergétiques renouvelables, Mme Ouellet ne rejette pas pour autant une éventuelle exploitation pétrolière au Québec. En ce sens, celle qui a été réélue dans Vachon s’en tient toujours à la ligne de son parti. Elle évoque cependant pour la première fois la possibilité que le pétrole québécois puisse être carrément exporté. Selon elle, si le potentiel se confirme, Québec pourrait vendre cet or noir à d’autres États et ainsi « en tirer des revenus ».

Elle dit donc oui à une possible industrie pétrolière québécoise, mais ferme définitivement la porte au gaz de schiste. Martine Ouellet, qui a souvent été accusée de tergiverser par rapport à cette filière énergétique, exprime aujourd’hui une position sans équivoque. « Avec les technologies actuelles, je dis clairement non. Le risque est trop grand. Ça n’a aucun sens. On parle de la vallée du Saint-Laurent. On parle d’une zone habitée, mais aussi d’une zone agricole. Et j’inviterais les partisans du gaz de schiste à aller voir ce qui se passe en Pennsylvanie, sur le terrain avec les citoyens. »

Martine Ouellet formule également de sérieuses réserves par rapport au projet de pipeline Énergie Est de TransCanada. « Il y a beaucoup de questions qui se posent, souligne-t-elle. Quelles sont les retombées économiques pour le Québec ? Actuellement, j’en vois peu. J’ai aussi des préoccupations par rapport à la provenance du pétrole. » Reste que, dans ce dossier, la décision définitive se prendra à Ottawa, et par un gouvernement conservateur « qui n’a à peu près jamais en tête les intérêts du Québec ».

Mme Ouellet prend acte du verdict « sévère » servi par les électeurs québécois. Mais surtout, « avec 18 mois au gouvernement, on reste avec un goût d’oeuvre inachevée », insiste-t-elle. Elle dit regretter de ne pas avoir pu élaborer de nouvelle politique énergétique, mais aussi de ne pas avoir été en mesure de présenter davantage de projets pour le développement nordique et la restauration des sites miniers. Mais la députée élue en 2010 affirme qu’elle demeurera en poste jusqu’aux prochaines élections.


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