Bibeau avait-il «infiltré» Hydro?

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Québecor sur le cas Bibeau

Au cœur de l’été, on en apprend des bonnes.


Certes, on a la tête aux vacances ; le cerveau plus ou moins en jachère.


D’ailleurs, même s’ils continuent à faire de la politique en cette saison préélectorale, les politiciens se sentent obligés d’affirmer qu’ils n’en font pas!


Cela en amène certains, comme Philippe Couillard, à produire des perles de type «antiphrase», comme celle-ci : «Je suis plus dans la précampagne. On se promène pour avoir du plaisir avec les gens [...]. Les gens ne veulent pas avoir de chicanes politiques quand ils sont en vacances, c’est pas ça qu’on veut personne, mais on est présents partout. On se fait des barbecues et on a du plaisir.»


On veut du plaisir, pas des «chicanes», peut-être. Mais je parie que la recherche de la vérité, de l’intérêt public, ne prend pas de vacances chez plusieurs d’entre vous.


Permettez-moi donc de mettre en relief un fait révélé par le collègue Éric-Yvan Lemay du Bureau d’enquête la semaine dernière.


Administratrice d’Hydro et avocate de Bibeau



Les entreprises du grand argentier du PLQ de l’ère Charest, Marc Bibeau, accordaient des mandats à une avocate, Marie-Anne Tawil, qui était aussi administratrice d’Hydro-Québec. Elle l’a été de 2005 à 2017.


Peut-être que dans «le milieu» juridique, l’affaire était sue. Chacun connaît plus ou moins la liste de clients de chacun.


Hydro-Québec, elle, n’était officiellement pas au courant, puisque, selon la réponse qu’elle a donnée au Bureau d’enquête, les entreprises de Bibeau «SchokBeton et Saramac n’ont fait l’objet d’aucune mention dans les déclarations annuelles de conflit d’intérêts de Mme Tawil».


Puisque cette dernière n’était pas directement actionnaire des entreprises, les règles éthiques ne l’obligeaient pas à le faire, a-t-on expliqué.


En tout cas, à l’ère Charest, les deux personnages semblaient se parler sur une base régulière. Selon des registres téléphoniques obtenus par l’UPAC que nous avons consultés l’an dernier, sur six ans (2006 à 2012), 1241 appels ont été effectués entre les appareils téléphoniques appartenant à Bibeau et ceux de Me Tawil.


Un intérêt marqué


Tout cela nous rappelle que la commission Charbonneau a conclu que l’argentier bénévole Bibeau a entre autres «demandé au président d’une firme de génie de contribuer à la caisse du parti en prétendant qu’il serait en mesure d’influencer l’octroi de contrats au sein d’Hydro-Québec».


Devant Charbonneau, l’ancien PDG d’Hydro, André Caillé, a aussi affirmé que Bibeau avait approché une cadre de la société d’État, Marie-Josée Nadeau (épouse de l’ancien ministre des Finances de Jean Charest Yves Séguin), pour obtenir de l’information sur les contrats de génie octroyés par la société d’État.


Dans une lettre à la Commission, M. Bibeau avait nié en bloc ces allégations, qui confinent au trafic d’influence.


Aussi, l’homme d’affaires a récemment réussi à faire annuler d’importantes perquisitions effectuées en août 2016 dans ses entreprises par l’Agence du revenu (ARQ). Cette dernière fera appel du jugement qui conclut qu’elle a été négligente lors de la perquisition.


C’est dans cette décision que l’on a pu prendre connaissance des liens d’affaires entre Bibeau et Tawil. Pendant ce temps, l’enquête Mâchurer de l’UPAC se poursuit.


Je dis ça comme ça.