Beaucoup de vent!

Industrie éolienne

Il faudra beaucoup de vent et de diplomatie pour en venir à faire tourner les centaines d'éoliennes grand format que l'on prévoit ériger d'ici 2015, un peu partout sur le territoire du Québec. Grâce à son hydroélectricité dont le potentiel de développement n'est pas encore épuisé, et à cet ambitieux programme d'éoliennes, le Québec évite le nucléaire, le charbon et le gaz naturel. Mais comme rien n'est gratuit en ce bas monde...
Avec la publication du nom des promoteurs de 15 projets sur les 66 reçus à la suite de l'appel d'offres lancé en 2005, Hydro-Québec devient l'un des plus importants, sinon le plus important, utilisateur d'énergie éolienne en Amérique du Nord. Elle qui était si rébarbative à cette forme d'énergie, la voilà qui plonge tête baissée dans le vent, poussée par un gouvernement converti depuis l'abandon du Suroît.
D'ici 2015, ce ne sont pas moins de 4000 MW de puissance qui seront installés sur le territoire. À raison de 1,5 à 2 MW par machine, il faut donc s'attendre à voir surgir de terre entre 2000 et 3000 moulins à vent d'ici une dizaine d'années.
Pour des raisons techniques et surtout politiques, on avait réservé les premiers projets éoliens à la Gaspésie et aux îles de la Madeleine. À partir de maintenant, ce ne sera plus le cas: la Montérégie, le Centre-du-Québec, Chaudière-Appalaches, la Capitale-Nationale (dont Charlevoix), le Saguenay, le Bas-Saint-Laurent et la Minganie auront aussi le privilège, ou le déplaisir, de louer leurs courants d'air... et leurs montagnes. Pour une municipalité, cela représente entre 150 000 $ et 300 000 $ de redevances annuelles pour un parc d'une cinquantaine d'éoliennes; quant aux propriétaires des terrains, ils recevront environ 5000 $ et 8000 $ par machine hébergée. Des rentes difficiles à refuser!
Jusqu'à ce jour, les principaux adversaires de l'éolien ont été les promoteurs privés eux-mêmes pour avoir chaussé leurs plus gros sabots avant de se présenter dans les villages. Depuis l'échec de quelques projets, la plupart ont modifié leur approche: l'information circule mieux, les redevances promises sont plus généreuses et le choix des emplacements, moins problématique.
Cela dit, quelle que soit l'approche adoptée par les promoteurs, on se heurte souvent au syndrome «pas dans ma cour» et au rejet radical de la présence d'éoliennes dans le paysage chez une partie de la population. Pourtant, les éoliennes sont loin de produire les effets désastreux des lignes de distribution d'électricité, des tours de transmission, des pistes de ski... ou des bungalows.
En arrêtant notre choix sur l'éolien de préférence au nucléaire et au gaz, il faut accepter de composer avec la présence plus fréquente de ces tours blanches dans notre paysage. Tout est dans l'emplacement choisi. Quiconque voyage à l'étranger a pu constater que le Québec n'est pas le seul à avoir fait le compromis du vent.
Pour les consommateurs, le coût de l'électricité produite sera plus élevé que ce que l'on a connu par le passé, soit 8,7 ¢ du kWh sans compter le transport. C'est quatre fois plus que la Manic et le double de ce qui est prévu pour le futur aménagement d'Eastman-1-A-Rupert.
Ce qui nous rappelle combien tous les gouvernements qui se sont succédé à Québec depuis 30 ans ont été d'une générosité irritante envers les alumineries en leur livrant des millions de kilowattheures pour la moitié du prix de revient. Voilà ce qui déprime le plus dans l'actuel développement d'une filière éolienne: savoir que cette énergie verte que l'on s'apprête à produire à grands frais servira à engraisser les actionnaires de multinationales de l'aluminium dont le chantage à l'emploi a le même effet sur nos politiciens qu'un somnifère sur un enfant.


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