Attentat de Christchurch : « Le concept de “grand remplacement” tend à se banaliser dans une partie de l’opinion publique »

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Le Grand Remplacement s'impose dans le débat public car il décrit une réalité : la mise en place d'une immigration de substitution

Tribune. Le document de 74 pages mis en ligne par Brenton Tarrant, l’auteur de l’attentat de Christchurch, le 15 mars, en Nouvelle-Zélande, est intitulé « The Great Replacement » (« Le Grand Remplacement »). Ce manifeste ne fait pas la moindre référence explicite à Renaud Camus, l’inventeur de l’expression en français. C’est bien pourtant à ce dernier qu’il convient d’en attribuer la paternité. Ou du moins sa remise au goût du jour, puisque l’expression « grand remplacement » avait déjà été utilisée par les nationalistes français à la fin du XIXe siècle, notamment par Maurice Barrès.


C’est en 2010, dans son livre Abécédaire de l’in-nocence (éditions David Reinharc), que Renaud Camus emploie cette expression, avant d’y consacrer, l’année suivante, chez le même éditeur, un ouvrage. Dans Le Grand Remplacement, la thèse qu’il développe est celle de l’existence d’une entreprise délibérée, ourdie par les « élites mondialistes », de substitution des « Français de souche » par l’immigration musulmane de l’Afrique et du Maghreb.


L’expression et le concept de « grand remplacement » sont relayés par Internet, notamment par des sites « anti-islamisation ». Au-delà des sites et des groupuscules situés dans l’orbite de l’extrême droite identitaire et/ou du complotisme, le concept est également repris par des formations politiques représentées au Parlement.


Invitée, le 2 novembre 2015, sur BFMTV, Marion Maréchal, alors députée du Front national (aujourd’hui Rassemblement national, RN), déclarait : « Il y a aujourd’hui un effet de substitution sur certaines parties du territoire de ce qu’on appelle les Français de souche par une population nouvellement immigrée. » Dans Le Figaro du 18 mars 2016, l’essayiste Eric Zemmour signait pour sa part une chronique intitulée « Le Grand Remplacement, fantasme ou réalité ? », qu’il concluait en ces termes : « Et si c’était tout simplement un projet ? Un objectif ? Une réalité en marche qu’on ne peut, qu’on ne veut arrêter. »


Le 1er septembre 2016, Robert Ménard, le maire de Béziers, proche du RN, publiait ce Tweet : « #Rentréedesclasses : la preuve la plus éclatante du #GrandRemplacement en cours. Il suffit de regarder d’anciennes photos de classe. » Sans employer formellement l’expression de « grand remplacement », le président de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan, interrogé le 17 janvier 2017 par Le Figaro, déclarait : « Il faut arrêter d’avoir peur des mots. (…) Je ne suis pas pour l’immigration zéro, mais pour la prise en compte de ce remplacement rampant. »