Que s'est-il donc passé le 2 mai 2011 ? Comment comprendre un phénomène aussi radical dans une démocratie aussi âgée et aussi développée que la nôtre ? Beaucoup d'hypothèses circulent déjà dans nos journaux permettez-moi d'ajouter la mienne.
Non, il ne s’agit pas d’une polarisation gauche-droite. Oui, il est question d’un second beau risque en faveur du fédéralisme canadien. Cette vague, a débuté et s’est arrêté au Québec dès le début de la campagne par la perspective panique d’un gouvernement majoritaire conservateur. Dans ce contexte, les québécois risquaient en effet de perdre leur seul outil efficace de représentation à Ottawa. Le Bloc deviendrait brutalement caduc et sans influence. C’est ce qui explique en grande partie, selon moi, le balayage NPD d’hier. Le cauchemar appréhendé d'un gouvernement conservateur majoritaire s'est effectivement réalisé mais le Québec s'en sort indemne malgré tout grâce au NPD.
Collectivement, nous y aurions vu une opportunité UNIQUE: confier à un tiers-parti sans grand avenir la mission de négocier la place du Québec au sein de la fédération. Nous avons réussi cette opération avec brio le 2 mai 2011. Le Québec vient de prendre le contrôle de ce parti et lui offre en prime l'occasion de former l’opposition officielle à Ottawa ! Cela signifie qu'à partir de maintenant, il y aura nécessairement ARBITRAGE au sein du NPD pour bâtir une proposition constitutionnelle représentant une solution honorable et acceptable à l’ensemble des québécois et des canadiens. Dans ce processus, ce seront les militants et les députés du Québec qui contrôleront le jeux. Une fois cette proposition acceptée en congrès, elle pourra être soumise à l’ensemble des canadiens et des canadiennes dans une ultime tentative d'inclure le Québec dans le respect de ce qu'il représente. J’ai foi en l’intelligence et en la sensibilité des militants socialistes des autres provinces pour qu’ils accueillent positivement cette démarche. Si par miracle cette vision pour un nouveau Canada plus fort incluant un Québec considérablement plus autonome arrivait à trouver son chemin dans le cœur, dans l’esprit et la conscience des habitants de ce pays, le NPD pourra devenir le parti majoritaire à la prochaine élection. Car il sera alors le SEUL instrument porteur d'un grand projet collectif destiné à inclure le Québec dans l’honneur et l’enthousiasme. Nul besoin par conséquent de coalition ou de fusion avec le parti Libéral. Cette perspective sera vraisemblablement bloquée par les militants et les députés néo-démocrate du Québec, un point c’est tout. Le parti Libéral est définitivement brûlé !
Pour l’heure, le NPD est devenu l’unique instrument de négociation d’égal à égal ouvrant la porte à l’intégration dans la dignité du Québec dans un nouveau pays plus tolérant construit sur la reconnaissance et l’acceptation mutuelle. S’il devait échoué dans cette mission, ce sera certainement la fin du Canada ! Cette fois-ci, il n’y aura plus d’autres portes de sortie pour les québécois. C’est avec la conviction d’avoir tout essayé qu'ils décideront alors à faire l’indépendance. Et dans ce scénario, se sera le Canada qui perdra le plus. Au NPD, nous avons donc hérité d’une lourde responsabilité. Il n’existe plus de faux fuyants. Nous devons être lucide et faire preuve de leadership. Au nom de l’Histoire, nous n’avons pas le droit d’échouer.
Serge Savoie
Militant du NPD-Québec