Anglos: les bottines et les babines

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La haine des Anglais s'accompagne de l'effondrement culturel québécois

Après avoir lu le dossier du Journal sur les anglos, je me suis demandé si l’attitude victimaire de certains anglophones du Québec n’était pas alimentée par des personnalités publiques crinquées à l’os.


Quand la Gazette te répète jour après jour que les francos sont anglophobes, que le Québec pratique de l’apartheid, peut-être que tu finis par le croire.


Et puis j’ai repensé à une vieille histoire très représentative des « fake news » qui alimentent les frictions anglo-franco.


C’EST RIEN QU’UN DÉBUT


En 1977, dans le Atlantic Monthly, le montréalais Mordecai Richler (auteur de L’apprentissage de Duddy Kravitz) avait affirmé que, le soir du 15 novembre 1976, les militants et les dirigeants péquistes avaient chanté... un chant nazi !


Alors que c’était À partir d’aujourd’hui, demain nous appartient de Stéphane Venne (l’auteur du Début d’un temps nouveau) !!!


En entrevue à la CBC avec la vedette Peter Gzowski, Mordecai Richler avait osé répéter son affirmation mensongère.


Et c’est comme ça, Mesdames et Messieurs, que l’on créait des #fakenews en 1976...


Dans son livre Oh Canada ! Oh Québec !, publié en 1992, Richler raconte qu’il avait rencontré René Lévesque peu de temps après cet épisode honteux et que Ti-Poil lui avait lancé : « Quand l’auteur de notre chanson va vous rattraper, vous recevrez son poing dans la figure. »


J’ai communiqué avec Stéphane Venne hier. Il n’a jamais mis son poing dans la figure de Richler. Mais il confirme que Peter Gzowski lui avait refusé le droit de réplique et que Richler lui-même ne s’est jamais excusé.


(Dans son livre de 1992, Richler parle simplement d’une « gaffe embarrassante ».)


Quarante ans plus tard, Stéphane Venne n’en revient pas du manque d’éthique de Mordecai Richler. « À la lumière de cet événement spécifique, Richler était un être intellectuellement abject et malfaisant (et, dans ce cas-ci, superficiel). Un homme d’honneur, devenu conscient de son erreur, aurait agi autrement », m’a-t-il écrit hier.


Quand, en 1977, l’auteur anglophone le plus célèbre perpétue des mythes sur le fascisme des nationalistes ou quand, en 2018, un chroniqueur compare l’interdiction du « Bonjour-Hi » à la ségrégation raciale dans le sud des États-Unis, pas étonnant que certains anglos se sentent victimes du méchant nationalisme québécois.


DANCING IN THE RAIN


Il m’est venu une autre réflexion après ce dossier percutant. On a beau affirmer qu’on veut défendre le français, il faut que nos bottines suivent nos babines.


Jean-François Ruel, qui joue Damien dans Fugueuse, fait partie du groupe de rap Dead Obies.


Voici un extrait de leur chanson Wake Up Call : « I guess j’suis pogné pour le do it / I guess t’es pogné pour m’écouter now / On est pogné dans un two-way, moi pis toi, right ? J’suis le premier à en douter though. »


Et avez-vous remarqué les noms de groupe à Danser pour gagner à V ? Deux groupes, QMDA (Québec Multidanse Association) et Ôr pür, ont des noms plus francos.


Les autres s’appellent Steez, Gossip, Rockwell family, Dead Angle Crew, Womanity, T.EENAGERS, The Fellaz, Team Unified et MARVL (qui ne fait pas référence aux superhéros, mais plutôt au mot marvelous).


Pourtant, l’entreprise culturelle québécoise la plus connue à travers le monde a conservé son nom français : le Cirque du Soleil.