Samedi 20 mars 2010
(La version prononcée fait foi)
Je voudrais d’abord remercier les organisateurs du colloque, le premier évènement d’une série qui marque les 20 ans du Bloc Québécois et surtout, remercier nos invités. D’abord, notre animatrice, Shirley Bishop. Nos conférenciers : Michel Seymour, Louis Balthazar, Micheline Labelle et Suzanne Tremblay. Les auteurs du livre « Le Bloc Québécois, 20 ans au nom du Québec » : Marie-France Charbonneau et Guy Lachapelle. Notre députée hôte, Christiane Gagnon. Et finalement, celui qui vient de souligner avec force le travail remarquable des députés du Bloc, le maire de Huntington, Stéphane Gendron.
Merci à vous toutes et à vous tous. Et je veux vous remercier, vous, les militants, sans qui ces 20 ans n’auraient pas été possibles. Vous avez bâti un parti à partir de zéro, vous avez insufflé la vie démocratique à ce parti unique, essentiel à la démocratie et indispensable pour le Québec. Je vous dis merci, mais c’est tout le Québec qui doit vous remercier! Je tiens également à souligner une première :
Pour la première fois, trois femmes occupent des postes à la direction du parti : Vivian Barbot, la vice-présidente, Lydia Gagnon, la présidente de la Commission de la citoyenneté, et Marie-Andrée Plante, la nouvelle présidente du Forum jeunesse.
20 ans, donc. Quel bel âge. Surtout quand on se compare aux autres partis, conservateur et libéral, qui ont 143 ans, et au NPD, qui a 49 ans. À 20 ans, on a l’énergie de se battre contre le système, et dans notre cas, c’est contre le système fédéral.C’est ce que nous faisons, mes amis, nous résistons aux tentatives du Canada de ravaler le Québec au rang de province comme les autres. Voilà ce que nous sommes : des résistants! C’est ce que disait un grand Québécois, un grand souverainiste à propos du Bloc et il avait mille fois raison.
Cet homme, à qui un hommage bien senti a été rendu par Marie-Ginette Guay ce matin, c’est Pierre Vadeboncoeur!
Permettez-moi maintenant de jeter un regard sur ces 20 ans du Bloc, 20 ans pour le Québec. J’en ai été moi-même un témoin privilégié, puisqu’il y a 20 ans cette année, j’ai été le premier candidat souverainiste élu au fédéral.À l’époque, j’avais dit que la réponse à Sault-Ste-Marie viendrait de Laurier-Ste-Marie et elle est venue! C’était suite à l’échec de Meech, suite au rejet par le Canada des demandes minimales du Québec. On pourrait même parler de demandes minimalistes quand on pense au terme « société distincte ». 20 ans plus tard, jamais le Québec n’accepterait un autre terme que « nation ».
Le Canada ne pourra plus revenir en arrière, car le Bloc a forcé la Chambre des communes à reconnaître que les Québécois forment une nation. Et même si cette reconnaissance est symbolique et même hypocrite à bien des égards, le fait est que jamais plus le Québec ne pourra être rabaissé au rang de société distincte ou de province comme les autres. Il nous a fallu beaucoup de détermination, mais on n’a jamais lâché et le résultat est là. Ce qui caractérise le Bloc Québécois, c’est la détermination, mais aussi la vigilance. La vigilance sur la défense des intérêts du Québec. À Ottawa, les autres partis pensent « canadian ». Et si ça veut dire piétiner les pouvoirs du Québec, les partis fédéralistes ne se gênent pas. Avant la création du Bloc, ces intrusions passaient trop souvent inaperçues. Mais depuis que nous, les députés du Bloc Québécois, sommes présents à Ottawa, nous avons le Canada à l’œil. Je me souviens par exemple de cet épisode où le Québec avait arraché une entente asymétrique en santé, mais quelques semaines plus tard, dans le projet de loi qui mettait en œuvre cette entente, l’asymétrie avait disparu. Nous sommes intervenus, nous avons dénoncé ce reniement de l’entente et nous avons obtenu gain de cause, pour le Québec. Nous avons ensuite bataillé sans relâche contre le déséquilibre fiscal et si tout n’a pas été réglé, nous avons fait une avancée significative en obtenant des milliards pour le Québec.
Et puisque nous parlons de vigilance, que dire de notre travail dans le scandale des commandites. Aucun parti fédéraliste n’aurait dénoncé cette dérive anti-démocratique, dirigée contre le Québec, comme nous l’avons fait au Bloc Québécois. Car au fédéral, le seul parti propre au Québec, c’est le Bloc! Il y a la vigilance et il y a aussi la confiance. Avant la création du Bloc, les députés du Québec étaient trop souvent amenés à faire des compromissions sur le dos de nos intérêts nationaux. Imaginez qu’en 1982, sur 75 députés du Québec à la Chambre des communes, 73 ont voté en faveur du rapatriement de la Constitution. Il fallait le faire : des Québécois qui votent pour qu’on impose une Constitution à leur propre peuple. Chez les libéraux de Trudeau, un seul a eu le courage de se tenir debout pour le Québec et on n’oubliera jamais son nom, c’est Louis Duclos, un gars de la place!
Le Québec ne pouvait alors avoir confiance en ses propres élus pour défendre ses intérêts à Ottawa, même sur les questions les plus fondamentales. Avant le Bloc Québécois, c’était le Canada d’abord et avant tout, Et seulement le Canada.
Maintenant, les Québécois peuvent avoir confiance : avec nous, ils savent que les intérêts du Québec seront défendus à Ottawa, sans compromission. Avant 90, les Québécois n’avaient pas d’alternative. Au fédéral, ils étaient obligés de voter pour des partis qui étaient tous fédéralistes, tous fédéralistes canadiens.
Ça ne correspondait pas à la réalité politique du Québec et les résultats exceptionnels que nous avons obtenus à chaque élection depuis 1990 le démontrent éloquemment. Ce n’est pas un hasard si les Québécois ont donné une majorité d’élus au Bloc Québécois à chacune des six élections générales auxquelles nous avons participé!
Le Bloc répondait et répond toujours à un besoin démocratique, un besoin criant.
Nous avons fait nos devoirs avec le chantier de réflexion sur la citoyenneté et nos actes ont suivi nos paroles en faveur d’une nation inclusive et généreuse.
Déjà en 1993, le Bloc Québécois a fait élire le premier député d’origine sud-américaine à la Chambre des communes, Osvaldo Nuñez. Et dans les années suivant notre congrès de 2000, avec l’élection de la première femme d’origine haïtienne, Vivian Barbot; la première femme d’origine libanaise, Maria Mourani;
le premier député originaire d’Afrique sub-saharienne, Maka Kotto, les deux premières Québécoises d’origine asiatique, Meili Faille et Ève-Mary Thaï Thi-Lac, et le premier député québécois autochtone depuis 1921, avec Bernard Cleary!
Aujourd’hui, les Québécois peuvent voter pour des hommes et des femmes en qui ils se reconnaissent. Des hommes et des femmes de toute origine parce que le Bloc, c’est le parti de toutes les Québécoises et de tous les Québécois, sans exception. Avec le Bloc, les Québécois peuvent voter avec fierté, sans jamais renoncer à leurs convictions nationales. Et puis, le Bloc a enfin permis aux souverainistes de s’affirmer aussi au niveau fédéral, de s’approprier des questions essentiellement traitées à Ottawa. Ces 20 dernières années nous ont permis d’acquérir une expertise et une grande expérience des affaires étrangères, de la défense, du commerce international et de bien d’autres domaines qui échappent encore au contrôle du Québec. Je pense par exemple à nos compatriotes d’origine haïtienne ou chilienne qui ont eu à affronter d’horribles désastres naturels ces dernières semaines. Nous avons aussi acquis une expertise en matière consulaire et d’immigration et je peux vous dire que les promesses du gouvernement Harper d’accélérer les procédures pour les Haïtiens n’ont pas été respectées.
Je vous garantis qu’on ne va pas laisser passer ça sans réagir et sans venir en aide à nos compatriotes. On ne les laissera pas tomber, nous! 20 ans plus tard, donc, après avoir assisté à l’évolution du Canada, j’en arrive toujours à la même conclusion. Avec un sentiment d’urgence encore plus prononcé, avec une conviction encore plus profonde, avec une volonté encore plus forte : le Canada ne répondra jamais aux aspirations de notre peuple et le seul avenir digne de ce nom pour le Québec, c’est la liberté politique. Et la liberté politique pleine et entière,c’est la souveraineté! Comme je le disais tout à l’heure, au Bloc, on se bat contre le système fédéral. C’est crucial de résister pour préserver le plus possible la marge de manœuvre du Québec. Mais malgré toutes nos réussites, une chose demeure : le Québec n’a aucun avenir au sein du Canada.
Car 20 ans après le rejet des aspirations minimales de notre nation, un constat s’impose : une offre du Canada répondant aux besoins du Québec ne viendra jamais. Depuis l’échec du Lac Meech, il y a 20 ans, les fédéralistes québécois et canadiens n’ont cessé de répéter que le « fruit n’était pas mûr » et que le « terrain n’était pas fertile ». Après 20 ans, je comprends que le fruit n’est pas mûr, il a pourri sur l’arbre! Le terrain n’est pas fertile, c’est certain, c’est un désert bitumineux!
Le dernier exemple en date, c’est le discours du Trône. Ce qu’il y a de plus remarquable dans ce discours concocté par Stephen Harper, c’est l’absence du Québec. C’est comme si le Québec n’existait pas.Le Canada voudrait ignorer qu’il y a dans ce pays une nation – la nation québécoise – qui vit sous une Constitution qu’elle a toujours rejetée. Ignorer le Québec dans le discours du Trône et dans le budget, ce n’est qu’un signe de plus de l’incapacité du Canada à répondre aux aspirations minimales des Québécois. Je vous en cite un extrait :
« Dans la foulée de la reconnaissance que les Québécois forment une nation au sein d’un Canada uni (…) notre gouvernement prendra des mesures en vue de renforcer davantage l’identité francophone du Canada. »
Il est difficile d’imaginer une déclaration plus creuse et plus absurde que celle-là, surtout au moment où la Cour suprême vient encore une fois de défaire une loi – la loi 104 – visant à protéger le français au Québec. Est-ce de l’hypocrisie? Ou simplement de l’indifférence? Probablement un peu des deux. Et pour ceux qui penseraient que ce n’est le fait que du gouvernement conservateur, j’ai de mauvaises nouvelles. Pour les libéraux, c’est la même chose : c’est comme si le Québec n’existait pas. Ce n’est pas le fait d’un parti ou d’un homme, c’est le Canada, tout simplement. Ce qui est vrai en matière constitutionnelle, c’est aussi vrai pour les besoins économiques, sociaux, environnementaux et financiers du Québec. Le Canada tel qu’il est dans ce discours du Trône, pour le Québec, ce n’est pas le statu quo, c’est le recul assuré.
Tout le monde sait qu’au Canada, il n’y a plus aucune volonté de réformer le fédéralisme canadien pour répondre aux aspirations de notre peuple. Les fédéralistes ne peuvent plus promettre le changement aux Québécois, car ils savent que ce n’est pas possible. Ils n’ont plus rien à proposer, que le recul du Québec, que son inexorable affaissement au sein du Canada. Mes amis, les fédéralistes du Québec sont en faillite, ils sont en faillite intellectuelle! Et ceux qui croient que rien de tout cela n’affecte la vie quotidienne des Québécois se trompent lourdement. Les effets sont très concrets. Avec le projet de loi des conservateurs, appuyé par les libéraux et le NPD, le poids politique du Québec à la Chambre des communes sera de 21,9%, ce qui est moins que son poids démographique! Ce Canada que les Québécois ont connu, avec un Québec qui pesait lourd, eh bien ce Canada-là est en train de disparaître. La preuve en a été faite, très concrètement, avec le dernier budget.
Un tableau du budget nous indique que l’industrie de l’auto en Ontario a reçu 9,7 milliards, tandis que l’industrie forestière devra se contenter de 170 millions. Et encore, la part du Québec sera bien moindre que 100 millions. Tout bien compté, les compagnies américaines de l’auto installées en Ontario auront reçu 100 fois plus d’aide fédérale que toute l’industrie forestière québécoise. Comment pourrait-on venir nous dire après ça que le fédéralisme est rentable pour le Québec? 10 milliards de dollars pour l’Ontario et moins de 100 millions pour le Québec, ce ne sont pas juste des mots, c’est de l’argent sonnant et trébuchant.
C’est injustifié et c’est injustifiable.
Les Maritimes, l’Ontario et la Colombie-Britannique auront tous été compensés à coups de milliards pour l’harmonisation de la taxe de vente. Et le Québec, qui a été le premier à le faire, ne recevra pas un sou. Quel dédain de la justice la plus élémentaire. On voudrait entendre les élus fédéralistes, libéraux ou conservateurs, protester, défendre un peu les intérêts des Québécois qui les ont élus. Mais non, ils sont en faillite intellectuelle. Déjà, l’an dernier, le gouvernement Harper a coupé un milliard au Québec en péréquation, malgré les promesses de ne pas en modifier la formule. Stephen Harper, qui avait promis aux Québécois d’éliminer le pouvoir fédéral de dépenser, n’a jamais tenu sa promesse. Dans le discours du Trône, je cite : « le gouvernement continuera également à respecter les champs de compétence des provinces ». Un peu plus loin, il répète sa volonté de piétiner les pouvoirs du Québec en valeurs mobilières! Et dire qu’il y a des Québécois élus sous la bannière du Parti conservateur qui acceptent ça.
Et des Québécois élus sous la bannière libérale qui se font complices de ça. Comme je le disais plut tôt, le Canada tel qu’il est, pour le Québec, ce n’est pas le statu quo, c’est le recul assuré. C’est très concret. Au Québec, il y a des centaines de villages qui dépendent de l’industrie de la forêt. L’économie de régions entières est fondée sur la foresterie. Ces gens, ces familles du Lac-Saint-Jean, par exemple, qui payent leurs impôts et leurs taxes à Ottawa ont envoyé des millions en subvention pour soutenir l’industrie de l’auto en Ontario.
En quel honneur ces mêmes familles ne seraient pas aidées, à leur tour, elles qui vivent une crise sévère depuis des années. C’est profondément injuste. Le gouvernement a décidé d’ajuster le programme d’assurance-emploi en fonction des travailleurs de l’Ontario et de l’Alberta, eux qui n’avaient jamais eu à se mettre sur le chômage auparavant. D’abord avec la complicité du NPD, puis avec celle des libéraux, le gouvernement Harper a exclu tous les travailleurs de la forêt et tous les travailleurs saisonniers qui ont été obligés de recourir au chômage dans le passé.
Autrement dit, ces travailleurs du Lac-Saint-Jean, du Saguenay, de la Gaspésie, du Bas-du-Fleuve, de la Côte-Nord, de la Mauricie et de l’Abitibi, eux qui traversent une crise depuis des années, on les laisse tomber. On les laisse tomber et les députés fédéralistes du Québec qui ont cautionné ça devraient avoir honte. Et ils devraient s’inquiéter. Ils devraient s’inquiéter, les fédéralistes, parce que les seuls arguments qu’ils donnent aux Québécois depuis 20 ans pour les convaincre de demeurer dans le Canada, ce sont des arguments économiques. Or, ce budget vient démontrer une fois de plus que le fédéralisme canadien n’est pas rentable pour le Québec. Au Québec, l’idée fédérale est en faillite! Après 20 ans passés à Ottawa et à débattre avec des élus de partout, je connais très bien le Canada et ses intérêts stratégiques. Je sais bien que les pays ont toujours la politique de leurs intérêts. Et l’intérêt stratégique le plus important du Canada, ce sont les sables bitumineux de l’Ouest. C’est tellement vrai que des fois on se demande si on est devant un gouvernement ou devant le conseil d’administration d’une pétrolière : C’est la Tory Oil Company…Mais il ne faut pas nous y tromper, que ce soit un gouvernement libéral ou conservateur, c’est la même chose.C’est la Tory Oil Company, mais les libéraux siègent eux aussi dans le conseil d’administration...
Michael Ignatieff a d’ailleurs livré un vibrant plaidoyer en faveur de l’industrie des sables bitumineux, affirmant que pour lui c’était une question d’unité canadienne. Quand on est rendu là…Remarquez, on ne reproche pas aux Canadiens de vouloir exploiter leurs ressources pétrolières. Ça, ce n’est pas de nos affaires.
Ce que le Bloc a toujours exigé, c’est que le Canada respecte ses engagements internationaux, ce qu’il a toujours refusé de faire après la ratification de Kyoto. Ce que le Bloc a toujours exigé, c’est que le gouvernement fédéral cesse de subventionner la riche industrie pétrolière. Ce que nous voulons, c’est simplement l’équité et la justice pour le Québec et pour l’environnement! Cette absence d’action sur ce front nuit fortement à l’environnement et à l’économie québécoise. Un plan de lutte contre les changements climatiques, avec un marché du carbone comme le prévoyait Kyoto, ça favoriserait beaucoup la réduction des gaz à effet de serre. Mais on a tout le contraire et ça rend terriblement difficile pour le Québec de réduire sa dépendance au pétrole. On ne peut pas se permettre ça, au Québec.
En réduisant de moitié notre dépendance au pétrole d’ici 2020 par exemple, c’est entre 5 et 10 milliards de plus que nous pourrions investir chez nous, à chaque année. C’est gigantesque et hautement stratégique pour le Québec. En politique comme dans l’énergie, l’indépendance, c’est toujours beaucoup plus payant que la dépendance! Mais pris comme il l’est dans les filets du Canada pétrolier, le Québec peine à avancer vers la réduction de sa dépendance au pétrole.Quand on considère cette question, ce dont on se rend compte, c’est que non seulement le fédéralisme n’est pas rentable pour le Québec, mais pire : le fédéralisme canadien est ruineux pour le Québec! Voilà pourquoi nous devons résister de toutes nos forces et faire en sorte de sortir du bourbier canadien.Je n’ai pas besoin de faire de longue démonstration sur la question nationale québécoise.
Chacun sait ici que depuis la reconnaissance symbolique de la nation par la Chambre des communes, le Bloc Québécois a fait de nombreuses propositions pour la rendre concrète. En matière de langue, de culture et de citoyenneté, nous avons déposé des projets de loi, formulé des propositions concrètes. Aucune de nos propositions n’exigeait de modifications constitutionnelles. Aucune n’enlevait quoi que ce soit au Canada. Eh bien, nos propositions ont toutes été rejetées. Toutes! Qu’est-ce que ça démontre? Ça démontre que la reconnaissance de la nation québécoise par la Chambre des communes, et donc par le Canada, n’était en fait qu’un acte de pure hypocrisie. La réalité, c’est que dans les faits, là où ça compte, le Canada ne reconnaît pas la nation québécoise. Pour notre peuple, ça signifie que le statut de la langue française au Québec va continuer de s’éroder.
Je comprends que Stephen Harper en soit satisfait, lui qui lorsqu’il était président de la National Citizens Coalition, était le bras financier d’une guérilla juridique contre la loi 101. Mais encore une fois, que ce soit le Parti libéral ou le Parti conservateur qui soit aux commandes n’y change rien. La preuve, le chef libéral a donné la consigne de voter contre un de nos projets de loi visant à appliquer la loi 101 aux entreprises fédérales…Michael Ignatieff, lui, s’est défilé, il s’est caché derrière les rideaux au moment du vote. Méchant courage…D’ailleurs, je m’interroge sur la stratégie de M. Ignatieff : quand la Chambre était fermée, il était à Ottawa et depuis que la Chambre est ouverte, il est ailleurs…Je lui concède que de voter en faveur du budget conservateur, c’est gênant, mais quand même…Le Canada a toujours refusé que la nation québécoise soit maître des questions linguistiques chez elle et ce n’est pas à veille de changer.
Pour la nation québécoise, le Canada, ça signifie aussi que la culture québécoise va demeurer à la merci des caprices d’un pays qui ignore cette même culture. On l’a bien vu à l’occasion des cérémonies d’ouverture des Jeux olympiques, de ce discours du Trône et du budget. Et puis, il y a ce débat que nous avons au Québec à propos de la citoyenneté. Au Bloc Québécois, nos idées sont claires : nous voulons une nation inclusive. C’est pourquoi nous avons toujours rejeté cette idéologie du multiculturalisme de Trudeau. Cette idéologie en est une de ghettos et nous, ce qu’on veut au Québec, c’est intégrer chacun au sein de la nation québécoise. On veut vivre ensemble, avec nos valeurs communes et pas chacun de notre côté. Pour nous, c’est « Québécois, sans exception! »
Nous avons ce débat sur la citoyenneté au Québec, sur le multiculturalisme et sur la laïcité, mais ce que beaucoup oublient, c’est que dans le Canada, le Québec va continuer à frapper un mur. C’est ça la réalité crue : tant que le Québec fera partie du Canada, on devra se soumettre à l’idéologie du multiculturalisme, une idéologie inscrite dans cette Constitution imposée de force au Québec. Nous pouvons bâtir tous les consensus qu’on veut, prendre les décisions les plus fidèles à ce que nous sommes, à la fin, le Québec va toujours frapper ce mur. Ce qui est vrai pour la langue, la culture et la citoyenneté est vrai pour la justice, pour l’éducation et combien d’autres domaines. En matière de justice, la nation québécoise prend une direction opposée à celle du Canada. Pour les jeunes contrevenants comme pour le contrôle des armes à feu. Le Canada a décidé de gonfler les dépenses militaires, mais de geler les transferts pour l’éducation postsecondaire. Bref, l’étau se resserre sur le Québec dans tous les domaines.
Le fédéralisme canadien nuit à la prédominance du français, il nous empêche de définir notre citoyenneté, il prête flanc au mépris de notre culture, il nous empêche de faire des choix sociaux. Pour la nation québécoise, le Canada est une voie sans issue, un cul-de-sac identitaire, économique et politique. Oui, nous sommes un parti voué à la défense des intérêts du Québec. Après 20 ans de détermination. 20 ans de vigilance. Après 20 ans que vous nous faites confiance.
20 ans que le Bloc représente la démocratie en action. Après 20 ans de fierté.
Après 20 ans pour le Québec. Oui, nous allons continuer à faire notre travail. Nous allons continuer à résister! Oui, mais nous allons aussi faire notre travail de parti souverainiste, pour ouvrir la voie, la seule voie d’avenir pour nous et pour les générations de demain, la seule voie d’avenir pour le Québec : la liberté! Parce que nous, mes amis, contrairement aux fédéralistes, on est loin d’être en faillite. Je dirais même que sur le plan des idées, des projets et de l’ambition, le mouvement souverainiste est très prospère.
Je regarde aller notre parti frère, le Parti Québécois et sa chef, Pauline Marois, et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils sont pas mal plus vigoureux que leurs adversaires fédéralistes. J’ai hâte que le Québec se donne une femme Premier ministre, une souverainiste! Car l’idée de souveraineté est en pleine forme et je vous donne quelques exemples. Pour ce qui est de la capacité des Québécois à peser sur les décisions, pour ce qui est du poids politique, dans un Québec souverain, il sera de 100%. Pas 23,7% ou 21% : 100%! L’avenir, dans un Québec souverain, c’est d’aller de l’avant, d’avancer rapidement quand il y a consensus, au lieu de devoir se chicaner sur tout. L’avenir, dans un Québec souverain, c’est de ne pas nous endetter pour soutenir l’industrie de l’auto chez nos voisins lors d’une crise économique, c’est de soutenir notre économie, à nous, chez nous! Quand les nôtres seront frappés par une crise comme c’est le cas pour nos travailleurs forestiers, nous pourrons mettre toutes nos forces dans la balance pour les soutenir.
L’avenir, c’est un Québec souverain où nous aurons les mains libres, où nous pourrons mettre tous les moyens de l’État à contribution pour devenir un pays plus vert et moins dépendant du pétrole, ce qui contribuera à notre prospérité.
Le Québec est déjà l’endroit en Amérique du Nord qui partage le plus sa richesse. L’avenir, c’est un Québec souverain, un Québec plus riche, qui saura encore mieux partager cette richesse. Le Québec souverain aura tout ce qu’il faut pour être un pays généreux. Et puis, sur l’essentiel, sur les questions existentielles pour le Québec comme la langue, la culture et la citoyenneté, nous serons enfin libres. Le Québec souverain ne sera pas un pays bilingue, il sera un pays francophone! L’avenir, c’est un Québec souverain où la culture sera non seulement soutenue et encouragée, comme elle l’est actuellement, mais aussi célébrée et considérée comme une priorité nationale. L’avenir, c’est un Québec souverain où la seule citoyenneté sera la citoyenneté québécoise.
Aucun fédéraliste ne pourra jamais garantir aux Québécois un pays francophone, où la culture québécoise sera reconnue et célébrée et où la citoyenneté correspondra à nos valeurs et à nos intérêts. Les fédéralistes n’ont aucune réponse à donner sur aucun des problèmes auxquels le Québec moderne est confronté. Ça fait 20 ans que je suis à Ottawa, le cœur politique du Canada. J’ai vu ce pays évoluer, je vois ce pays se construire. Ce pays n’est pas notre pays.
Comme le disait si bien Pierre Bourgault : « On veut pas être une province pas comme les autres, nous voulons être un pays comme les autres. » Mes amis, nous sommes sur le bon versant, le versant ascendant de l’histoire. Pour le moment, nous sommes des résistants. Mais les résistants d’hier seront les vainqueurs de demain. Vive le Québec, souverain!
MERCI
Conseil général 2010
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