Contrats de construction

Aller au fond des choses

Enquête publique - un PM complice?


D'enquête sur l'industrie de la construction, il n'y aura pas, sous une forme ou une autre! Le gouvernement Charest veille au grain. Ainsi, Me Suzanne Côté, qui le représente aux audiences de la commission Bastarache, semble avoir pour rôle de rappeler, aussitôt qu'elle entend le mot «construction», que le mandat du commissaire porte strictement sur le processus de nomination des juges. Une façon d'éviter toute tentation à Me Bastarache.
Le refus répété du gouvernement Charest ne saurait nous convaincre qu'il n'y a pas nécessité de se pencher sur le phénomène de collusion dans l'octroi des contrats. Car collusion il y a eu, dont il a résulté une fraude à grande échelle. On a contourné des lois et taxé les contribuables par des prix nettement supérieurs à la valeur des services rendus. Il y a eu appropriation de biens sociaux de façon systémique pendant des années.
A-t-on encore des doutes à cet effet? Que les sceptiques regardent les récents contrats accordés par Montréal. De 25 à 30 % plus bas que la dernière année, prétend le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron. Moins que cela, disent certains. Mais tous constatent qu'il en coûte nettement moins cher désormais.
La dénonciation publique du phénomène de collusion et les mesures de contrôle adoptées ont eu leur effet. Tant mieux! Mais cela laisse sans réponses bien des questions. À qui a profité cette collusion? Qui participait à ce système? Comment les partis politiques en ont-ils profité par le biais de contributions? Combien d'argent a été ainsi détourné?
On peut se rassurer de voir Revenu Canada entreprendre de passer au peigne fin tous les contrats accordés depuis 2006 par Montréal, les arrondissements et les villes liées à Montréal. Cela représente l'examen de quelque 5 milliards de dollars de contrats. Que l'Agence de revenu du Canada arrive à épingler quelques fraudeurs servira d'exemple pour ceux qui dans l'avenir pourraient être tentés de les imiter.
De la même manière, le travail de l'escouade Marteau oblige certains entrepreneurs qui se savent surveillés à jouer de prudence. Leur appétit est devenu moins grand, comme peuvent le démontrer les coûts plus bas des contrats accordés par Montréal.
Le travail des inspecteurs de l'Agence de revenu du Canada comme celui des policiers de l'escouade Marteau ne pourront toutefois que nous apporter des réponses partielles. Nous n'aurons jamais de portrait global. Nous n'aurons pas la certitude que la collusion n'existe plus et que toutes les mesures sont prises pour qu'elle ne revienne plus. Le refus du gouvernement Charest de s'engager dans la voie d'une enquête approfondie ne peut être interprété que comme un refus de vouloir aller au fond des choses.


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