Affaire Bugingo: Benoît Dutrizac se dit furieux

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Un affront à la profession














Benoît Dutrizac a brièvement réagi à «l’affaire Bugingo», lundi midi, en ouverture de son émission Dutrizac l’après-midi, au 98,5.

François Bugingo tenait jusqu’à la semaine dernière une chronique quotidienne à Dutrizac l’après-midi, et Benoît Dutrizac avait promis, ce week-end, sur son compte Twitter, de s’exprimer aujourd’hui suite à la parution, dans La Presse, samedi, de l’article titré François Bugingo: des reportages inventés de toutes pièces.

Depuis, le 98,5 et Groupe Média, qui regroupe les entités de Québecor Média, ont suspendu Bugingo et ce dernier a fait savoir, dimanche, qu’il se retirait «momentanément» de la vie publique, le temps de préparer une réplique digne des accusations pointées vers lui.

À mots couverts, Benoît Dutrizac a laissé entendre qu’il est un peu dépassé par cette «bombe», reprise par des médias de partout dans le monde.

«Sacré lundi! Toute une fin de semaine, je peux vous le dire…», a dit Dutrizac après avoir salué ses auditeurs. «Je veux juste préciser que François Bugingo n’a tué personne, n’a violé personne, n’a extorqué personne, à ce que je sache…», a-t-il enchaîné, avant de décocher une flèche au Premier ministre Philippe Couillard et de soutenir que François Bugingo n’a pas la GRC à ses trousses pour une affaire de 22 millions. «François était un collaborateur, un ami…»

Benoît Dutrizac accueillait lundi, comme première invitée, la journaliste Isabelle Hachey, qui a signé le papier qui a mis le feu aux poudres, samedi.

«Je ne suis pas là pour le défendre, je veux que ce soit clair entre nous», a martelé Dutrizac au début de l’entretien.

Isabelle Hachey a expliqué la démarche qui l’a conduite à toutes les révélations contenues dans son long reportage.

«Ce n’est pas une commande, cette histoire-là. C’est vraiment moi qui, en lisant ses affaires, qui me suis dit : il va falloir que quelqu’un l’arrête. C’est un pattern…», a fait valoir Isabelle Hachey.

Benoît Dutrizac s’est montré très objectif tout au long de l’entrevue, affirmant tantôt être «furieux» contre Bugingo («vous avez même pas idée», a-t-il spécifié), et questionnant quelques minutes plus tard Isabelle Hachey à savoir si son deuxième article sur François Bugingo publié ce matin, dans La Presse, était de l’acharnement. «Quand on ruine la vie d’un homme, qu’on le détruit, lui, sa famille, sa carrière…», a-t-il évoqué. Il a aussi, toutefois, insisté sur l’honnêteté et l’intégrité d’Isabelle Hachey, qu’il lisait «dans ses yeux», a-t-il souligné.

Isabelle Hachey s’est pour sa part défendue d’avoir été à la solde de ses patrons qui auraient voulu orchestrer un complot contre des médias concurrents, en l’occurrence le 98,5 et Québecor Média, et a précisé posséder d’autres informations qu’elle n’a pas publiées quant à d’autres faussetés que François Bugingo aurait racontées. La journaliste s’est dite totalement surprise de l’impact causé par son dossier.

Beaucoup d’émotions

Tout de suite après le passage d’Isabelle Hachey, Benoît Dutrizac a échangé pendant quelques minutes avec Jean-François Dumas, d’Influence Communication, qui a analysé la couverture médiatique accordée à «l’affaire Bugingo» ce week-end, et dressé un portrait sommaire des proportions que la controverse a prise à l’international.

«On est tous ébranlés. Samedi matin, on était tous ébranlés, on était sur le téléphone, on se parlait… François Bugingo, c’est notre ami… C’a fait le tour du monde…», a répété Dutrizac avant d’interviewer Jean-François Dumas.

Puis, avant d’aller à la pause commerciale, Benoît Dutrizac y est allé d’une dernière tirade, pour bien exprimer son opinion. Entrecoupé de plusieurs soupirs, son petit laïus s’est terminé sur une réelle note d’émotion. On sentait l’animateur sur le point de craquer et on percevait bien son impuissance et son désarroi devant la situation.

«Je vais prendre le temps, a-t-il posément déclaré. J’ai marché droit toute ma vie, j’ai refusé des privilèges, des invitations […] J’ai passé une fin de semaine furieuse. Sur les réseaux sociaux, je me suis fermé, et c’aurait été bien si d’autres commentateurs auraient pu [faire pareil] et arrêter de piétiner François, qui était déjà à terre […]»

«On va laisser François préparer sa réponse. Je ne suis pas en mesure de dire ce qui est vrai et ce qui est faux», a continué Dutrizac, se disant d’accord avec la décision de son employeur, Cogeco, de suspendre Bugingo. Ce dernier avait avisé ses collègues, la semaine dernière, qu’un article à son sujet paraîtrait dans La Presse dans les jours suivants et avait tout de suite démenti son contenu, mais personne ne se doutait à quel point les allégations y seraient importantes.

Benoît Dutrizac a vanté le talent de François Bugingo. «À preuve, TVA est venu le chercher. À preuve, tout le monde le consultait. Maintenant, il faut analyser, voir ce qui est vrai et faux […].»

«Toute la fin de semaine, j’ai été hors de moi. Tout ça me dégoûte. J’ai cherché des failles dans l’article d’Isabelle Hachey […] Je suis furieux que moi, mon équipe, mes patrons soyons éclaboussés dans cette affaire. […] Qu’un ami m’ait menti, qu’il ait fait de l’esbroufe à ce micro. Mais le mensonge, dans ce milieu, c’est très fréquent […].

«Est-ce que François a menti parce qu’il est mythomane? C’est ce qu’on a dit toute la fin de semaine et, si c’est le cas, il n’a pas sa place ici, à l’émission […]»

«J’étais fier d’offrir une chronique de nouvelles internationales…», a conclu Dutrizac, la voix étouffée.

Jusqu’à nouvel ordre, Loïc Tassé prendra la relève de François Bugingo au segment d’actualités internationales de Dutrizac l’après-midi.

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