400e de QUÉBEC : Le pétard mouillé du 31 décembre

Québec 2008 - 400e anniversaire de la fondation du Canada?...


Bourque, François - Les bombes les plus puissantes qui devaient enflammer le ciel de Québec le soir du 31 décembre n'ont jamais été lancées, retenues au sol pour des raisons de sécurité.
Ces bombes de gros calibre comptaient pour près du tiers de l'arsenal des feux du 400e et devaient en faire un spectacle exceptionnel.
La décision d'y renoncer a été prise à cinq minutes seulement de la mise à feu. La police avait perdu le contrôle de la foule et n'arrivait plus à protéger la zone tampon autour des rampes de lancement du parc de l'Esplanade. Il aurait été dangereux de procéder.
"On est désolé", nous a confié Marcel Dallaire, responsable des feux. "Ce fut un bon spectacle", croit-il. Mais "pas exceptionnel" comme ce devait être.
Les ratés des feux d'artifice sont à l'image d'une soirée qui aura laissé beaucoup de citoyens sur leur appétit. À commencer par le décompte de la nouvelle année.
Trois minutes de retard. Une faute aussi étonnante qu'impardonnable. On invite les citoyens à défoncer l'année au centre-ville et on oublie l'heure.
Les yeux sur la grande horloge de la place D'Youville, les citoyens estomaqués ont compris que le 400e allait rater le train. Ils ont choisi de ne pas attendre la fin du spectacle pour manifester.
Sur le coup de minuit, on a entendu la rumeur monter de la foule et couvrir les mièvreries de Bruno Pelletier. On a vu valser les baisers, les accolades, les bouchons.
Le 400e n'était pas à l'heure, les citoyens le seraient. Au- delà de l'anecdote, il y a là un symbole fort. Des citoyens prêts pour la fête; une organisation qui ne l'est pas. Pas suffisamment.
On ne répétera jamais assez combien le diable est dans les détails.
Ce soir-là, le diable était partout : dans le système de son faiblard, dans les écrans "géants" trop petits, dans la sécurité débordée, dans le transport en commun impuissant à répondre à la forte demande, dans la décision d'éteindre les écrans extérieurs dès que la transmission télé s'est terminée, malgré la foule toujours sur place et la musique qui continuait.
Le diable était sur la scène, dans les choix musicaux d'une pertinence et d'un goût douteux par moments, dans l'absence d'animation et de fil conducteur.
Le diable était dans l'exiguïté des lieux, dans l'étonnante décision de la police de fermer la place D'Youville à 21h pour des raisons de sécurité, puis de laisser les citoyens continuer à s'y entasser.
Il serait injuste d'attribuer toute la responsabilité des ratés du 31 décembre à la seule organisation du 400e. Le Réseau de transport de la Capitale, la Ville et la police ont aussi été débordés.
Personne n'avait de contrôle sur la température qui a fait affluer une foule dépassant les attentes. Mais c'est le propre d'une bonne organisation de voir venir et de planifier les détails.
C'est ici que l'entrée en scène de Daniel Gélinas comme pdg du 400e pourrait faire une différence. Le directeur général du Festival d'été est un homme de vision, de budget et d'opération. Il connaît bien la mécanique du spectacle, de la télé et de l'organisation de grands événements.
Je retiens deux choses de ce qu'il a dit hier. 1- Le succès d'un événement dépend de la planification des détails. 2- Le 400e doit se "réapproprier l'expertise des gens de Québec".
Voilà qui est rassurant, car les ficelles du 400e ne sont pas aussi bien attachées qu'on veut le croire, l'exemple le plus criant étant celui de l'Opéra urbain dont on ne sait plus s'il aura lieu ou non.
Après la tourmente des derniers mois, les perpétuels ratés de communication, le débat sur les apparences de conflit d'intérêts et sur la transparence, l'arrivée de M. Gélinas permettra d'alléger l'atmosphère et d'insuffler une énergie nouvelle autour de l'organisation du 400e. On ne peut que s'en réjouir.
Pour joindre notre chroniqueur : fbourque@lesoleil.com


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