37 milliards pour les infrastructures

PPP sous surveillance

Le premier ministre Jean Charest a qualifié son plan quinquennal d'investissements pour renouveler les infrastructures publiques de «plus grand chantier économique de l’histoire du Québec». (Photo Alain Roberge, La Presse)


Bruno Bisson - Le premier ministre du Québec, Jean Charest, a présenté hier les grandes lignes d'un plan quinquennal d'investissements de 30 milliards de dollars (qui s'ajoutent aux 7,6 milliards pour des projets déjà annoncés) pour renouveler les infrastructures publiques de la province, dont le tiers sera consacré au réseau routier.


Accompagné de la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, et d'une demi-douzaine d'autres ministres de son gouvernement, devant un parterre de maires, de gens d'affaires et de professionnels de tous les milieux, le premier ministre Charest a qualifié cette initiative de «plus grand chantier économique de l'histoire du Québec».
Applaudi à plusieurs reprises par les invités à cette annonce d'envergure, le plan quinquennal du gouvernement a toutefois été accueilli avec de sérieuses réserves par les deux partis de l'opposition à l'Assemblée nationale, qui pourraient être appelés à voter une nouvelle loi sur l'entretien des infrastructures publiques.
Ce plan d'investissements de cinq ans avait déjà été annoncé au printemps dans le premier budget de la ministre Jérôme-Forget. Il permettra d'investir, dès cette année, plus de 4 milliards dans la réfection d'infrastructures municipales, scolaires et routières, ainsi que dans les hôpitaux, les logements publics, les équipements culturels, les transports en commun et la sécurité publique.
En moyenne, le gouvernement du Québec pourra consacrer près de 6 milliards par année au rattrapage nécessaire dans l'entretien des infrastructures publiques.
La ministre des Finances a précisé par ailleurs qu'en plus des investissements qui sont prévus au plan quinquennal, Québec consacrera 7,6 milliards à d'autres projets qui ont déjà été annoncés. Les routes accapareront presque 45% de ces sommes, notamment pour financer les mégaprojets des autoroutes 25 et 30 et des routes 175 et 185.
Ces projets qui sont déjà en cours étant eux aussi financés par l'entremise d'emprunts du gouvernement, l'ensemble de ces investissements d'infrastructures de 37,3 milliards feront grimper la dette publique de 32,5 milliards, d'ici 2012, selon les données rendues publiques hier.
Aucun nouveau projet n'a été annoncé hier par le premier ministre. Concrètement, les projets financés seront annoncés par les ministres responsables de chacun des secteurs (écoles, routes, santé, culture, etc.) où des investissements ont été prévus (voir tableau) au cours des semaines ou des mois à venir.
La ministre Jérôme-Forget a affirmé que ces investissements permettront à terme de rattraper le déficit d'entretien des infrastructures publiques, et de redonner au Québec une image fidèle de sa modernité. «Quand on débarque à l'aéroport international de Dorval et qu'on constate l'état de nos infrastructures publiques, a-t-elle dit en substance, je veux que le Québec ait l'air d'une société riche.»
Réactions mitigées
Mme Jérôme-Forget a ainsi lancé un appel à l'Action démocratique du Québec de Mario Dumont et au Parti québécois de Pauline Marois, pour que l'Assemblée nationale adopte une nouvelle loi qui encadrera désormais l'entretien des infrastructures publiques. Cette loi ferait en sorte que les gouvernements futurs ne répéteront pas les omissions du passé en négligeant ces équipements vitaux durant des décennies.
Le gouvernement Charest étant minoritaire, il lui faudra l'accord d'au moins une de ces formations pour adopter cette loi. Or, hier, les porte-parole de ces deux partis ont exprimé de sérieuses réserves envers le plan gouvernemental de cinq ans.
Le chef de l'opposition, Mario Dumont, a questionné la provenance des sommes qui financeront ce plan quinquennal, et a mis en doute l'utilité d'une nouvelle loi «pour s'obliger à ne plus être négligent dans l'avenir. Ça ne m'impressionne pas tellement».
M. Dumont a dit espérer que cette loi sur la bonne gestion des infrastructures ne connaisse pas le même sort que celle sur le déficit zéro, qui a été adoptée en 1996 par le gouvernement péquiste de Lucien Bouchard. «Depuis qu'on a une loi antidéficit, a-t-il ironisé, on fait des déficits de 3 milliards par année.»
Le critique péquiste en matière de finances et de développement économique, le député de Rousseau, François Legault, s'est dit pour sa part «totalement en désaccord» avec M. Dumont, «qui refuse d'augmenter la dette alors que le toit coule».
«La question qui se pose, c'est comment on va financer ces infrastructures, a-t-il ajouté. On a calculé qu'avec ces annonces, on va arriver à 700 millions de dépenses en intérêts par année. Or, M. Charest n'a pas mis d'argent de côté. Au printemps dernier, il a reçu de l'argent du règlement partiel du déficit fiscal et il a tout donné en cadeau aux contribuables. Il n'en a pas mis de côté pour faire face aux paiements mensuels sur cette hypothèque additionnelle qu'il contracte aujourd'hui.»
Parlant du projet de loi, M. Legault a estimé que son objectif est «louable», mais qu'il faudra attendre son dépôt avant de décider si le PQ l'appuiera.
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Avec la collaboration de Malorie Beauchemin et de Hugo Fontaine
Investissements du plan quinquennal 2007-2012 (en millions de dollars)
Réseau routier 9 843,6

Transports en commun 2 000,4

Santé 7 126,6

Éducation 5 594,7

Culture 714,9

Infrastructures municipales 3 150,5

Logements publics 410,4

Recherche 14,4

Justice et sécurité publique 804,2
TOTAL 29659,7


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