Ce qu'ils pourront dire en 2011
20 décembre 2010
Voyez Mme Pelletier comme cette réponse de M. Savard est révélatrice : selon lui, se dire Canadiens-Français serait nier le caractère national du Québec, ce serait avouer habiter une province comme les autres. Pourtant, et vous serez sans doute d’accord avec moi, jusque dans les années 1970, il est entendu que la province de Québec n’est pas comme les autres précisément parce qu’elle constitue le foyer national des Canadiens-Français. Sans la nation canadienne-française, sans nous, le Québec n’est rien de plus qu’une autre province anglaise. Bien plus, il est clair qu’à son origine, le mouvement souverainiste cherche à faire du Québec l’État national des Canadiens-Français, c’est indéniable. Et bien, c’est comme si M. Savard et ses semblables avaient tout oublié ça, plus exactement comme s’ils avaient inversé la donne. Pour eux, c’est maintenant le Québec d’abord, c’est lui qui nous donnerait identité et dignité, c’est lui qui nous aurait finalement investi d’un statut de nation véritable conjointement aux anglophones et aux multiples communautés ethniques qui l’habitent. Certains sont si loin dans cette aliénation, dans cette «québécisation», qu’ils nient carrément la réalité historique et politique de la nation canadienne-française. Nos ancêtres auraient formé au mieux une vague ethnie, une sorte d’erreur de la nature n’ayant que végété avant que d’atteindre la lumière de la québécitude... Rendus là, vous comprenez à quel point il peut être difficile de se dire Canadiens-Français à nouveau. C’est comme si on leur disait qu’ils agissent comme des imbéciles depuis 40 ans. Or, ces beaux messieurs sont si orgueilleux, si infatués d’eux-mêmes, qu’ils préfèreront cent fois nous voir crever comme nation, plutôt que d’admettre la simple possibilité qu’ils puissent s’être un jour trompés.
Cordialement,
RCdB