Madrid – Le chômage en Espagne a encore progressé au premier trimestre 2013, atteignant le nouveau seuil historique de 27,2 % avec plus de six millions de sans-emploi et plus de 57 % chez les jeunes, alors que le pays reste plongé dans la récession. À la fin mars, l’Espagne, quatrième économie de la zone euro soumise à un effort de rigueur sans précédent, comptait plus de 6,2 millions de chômeurs, soit 237 400 personnes de plus qu’au trimestre précédent, selon les chiffres publiés jeudi par l’Institut national de la statistique. Parmi les pays de l’Union européenne, le taux de chômage en Espagne se situe à peine derrière celui de la Grèce, le plus fort de la région, qui atteignait 27,2 % en janvier. À la fin décembre, l’Espagne affichait un taux de chômage de 26 % et sur le dernier trimestre de 2012. Le nombre de sans-emploi a donc continué à augmenter fortement entre janvier et mars, malgré les assurances données mercredi par le chef du gouvernement conservateur, Mariano Rajoy, selon qui la hausse au premier trimestre devait être « la plus faible de ces dernières années ». Il avait toutefois prévenu que sur l’ensemble de l’année, la situation de l’emploi « ne serait pas bonne », mais qu’elle serait « moins mauvaise que les années précédentes ». Le niveau de chômage est particulièrement dramatique chez les plus jeunes, avec 57,2 % de chômeurs dans la tranche d’âge des 16-24 ans, contre 55,1 % au trimestre précédent, un phénomène qui pousse de très nombreux jeunes Espagnols, souvent diplômés, à partir pour l’étranger à la recherche d’un emploi. En France aussi La France n’est pas épargnée. Le nombre de demandeurs d’emploi sans activité en France métropolitaine a bondi en mars pour atteindre un pic historique, avec plus de 3,2 millions d’inscrits (+36 900 en un mois), battant le record précédent établi en 1997 (3,19 millions), a annoncé jeudi le ministère du Travail. En incluant les demandeurs d’emploi ayant eu une activité réduite et l’outre-mer, le nombre de chômeurs dépasse les 5 millions, un autre record. Cette flambée entérine un 23e mois consécutif de hausse. En visite à Pékin, le président François Hollande a affirmé jeudi que son déplacement en Chine servait aussi la bataille pour l’emploi en France. « Ce que je veux, c’est que les Français puissent se rassembler sur cette seule cause nationale : la lutte contre le chômage. C’est le seul rassemblement qui convienne », a-t-il souligné devant la presse. « Cette situation est le résultat d’une hausse ininterrompue depuis maintenant cinq ans […]. C’est cette tendance, lourde, que notre pays doit renverser », souligne pour sa part dans un communiqué le ministère du Travail. Le ministère précise toutefois que le taux de chômage (10,2 % de la population active fin 2012) reste inférieur au record de 1997 (10,8 % en métropole) même si le nombre absolu de chômeurs dépasse désormais le pic de janvier 1997, la population active du pays ayant augmenté de 3 millions de personnes entre ces deux dates. La France est en proie à une crise économique et sociale, avec un chômage en hausse, une croissance en berne et un report des objectifs de réduction des déficits. Pour autant, le chef de l’État maintient son « objectif » d’inverser « à la fin de l’année » la courbe du chômage. *** Le Royaume-Uni échappe à un retour en récession Le Royaume-Uni a échappé à sa troisième récession depuis la crise de 2008 grâce à une croissance meilleure que prévu de 0,3 % au premier trimestre, une rare bonne nouvelle pour le gouvernement même si l’économie britannique n’est pas au bout de ses peines. Ces chiffres, meilleurs que le taux de croissance de 0,1 % prévu par les économistes, interviennent après une contraction de 0,3 % enregistrée au quatrième trimestre de 2012. Le pays serait officiellement retombé en récession — la troisième depuis 2008, ce qui aurait été inédit sur une aussi courte période — en cas de nouvelle contraction sur les trois premiers mois de l’année. « Ces chiffres représentent un signe encourageant sur le fait que l’économie est en voie de guérison. Nous faisons des progrès en dépit de conditions économiques difficiles », a aussitôt réagi le ministre des Finances, George Osborne. Celui-ci était particulièrement attendu au tournant, tant sa politique d’austérité peine à porter ses fruits et alors que le pays a été privé de la meilleure note AAA par les agences Fitch et Moody’s. La priorité donnée à l’assainissement des finances publiques à tous crins, avec des résultats très mitigés pour l’instant, a même été critiqué directement par le Fonds monétaire international (FMI), qui s’est fait l’avocat de son assouplissement.
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