Zunera Ishaq, une affaire partisane

Pourquoi pas une Charte des valeurs canadiennes?

Tribune libre

L’affaire Zunera Ishaq, cette pakistanaise de confession musulmane qui a contesté devant la Cour fédérale du Canada une politique du ministre de la Citoyenneté et de l’Immigration qui la forcerait à enlever son voile intégral lors d’une cérémonie publique de prestation du serment de citoyenneté, a fait couler beaucoup d’encre ces derniers temps.

Toutefois, soyons sérieux…Le ministre de la Citoyenneté et de l’Immigration croyait-il vraiment qu’une simple directive de sa part allait contrevenir à la Charte canadienne des droits et libertés? Et pourquoi le gouvernement Harper a-t-il attendu plus de neuf mois avant de réagir sur le jugement de la Cour fédérale qui a jugé illégale, le 6 janvier 2015, la règle qui exige des candidates à la citoyenneté qu’elles se découvrent le visage au moment de prêter serment?

À mes yeux, le scénario est clair : Le gouvernement n’a pas réagi immédiatement, tramant volontairement que l’affaire Ishaq referait surface en pleine campagne électorale, et que Stephen Harper profiterait de l’occasion pour se présenter comme le Robin des bois de la lutte à l’intégrisme religieux. En termes clairs, l’art de planifier sournoisement un scénario…pour la «bonne » cause partisane!

Pourquoi pas une Charte des valeurs canadiennes?

La saga que suscite actuellement le droit pour les femmes musulmanes de porter la burqa lors de la cérémonie d’assermentation de citoyenneté canadienne ne se règlera jamais tant et aussi longtemps que la Charte des droits et libertés viendra protéger cette « tolérance » dans ses statuts.

Et pourtant, on se souviendra que le projet de Charte des valeurs présenté par le gouvernement du PQ et relégué aux oubliettes par le présent gouvernement libéral proposait que les femmes devaient se présenter aux urnes à visage découvert. Toutefois, en cette affaire, je soupçonne que les Québécois ont une longueur d’avance sur les Canadians du ROC.

Néanmoins, imaginons une situation où le Canada a sa propre Charte des valeurs qui viendraient contrebalancer la Charte des droits et libertés…pour autant que le ROC soit ouvert à une telle initiative et surtout qu’il ait des valeurs propres à l’ensemble du Canada, une hypothèse plus que douteuse dans notre beau Canada uni. En réalité, la question que je pose en titre relève-t-elle de l’utopie? Si oui, nous en avons pour longtemps à frapper le mur des droits et libertés individuelles!

Featured 19e390a78eaf9d290f5b6b4a1e389e83

Henri Marineau2032 articles

  • 1 418 987

Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





Laissez un commentaire



2 commentaires

  • Pierre Cloutier Répondre

    23 septembre 2015

    J'ajoute ceci : il aurait été certes plus facile pour le gouvernement Harper de modifier le Règlement encadrant les cérémonies de prestation du serment de citoyenneté en le faisant approuver par le Gouverneur général en conseil au lieu de le faire par une simple directive ministérielle, mais il est raisonnable de penser que la décision aurait été contestée quand même par la requérante en alléguant les articles 2 - liberté de religion - 15 - droit à l'égalité et à la non discrimination et 27 - protection du patrimoine multiculturel du Canada.
    Au moins la Cour fédérale aurait eu l'occasion de disposer de ces arguments, ce qui n'a pas été le cas. Alors, il faudra tout recommencer et comme le PLC et le NPD ont affiché leur couleur pro-niqab et qu'ils risquent de remporter les prochaines élections, il est raisonnable de penser que le statu quoi sera préservé.

  • Pierre Cloutier Répondre

    22 septembre 2015

    Réponse à M. Marineau
    1 - Premièrement, le gouvernement Harper - et je ne le justifie nullement - a porté en appel le jugement rendu en hiver 2015 par la division de première instance de la Cour fédérale, mais la décision de la division d'appel de cette même cour a eu lieu seulement la semaine dernière. Le gouvernement Harper est responsable de la gaffe initiale dans ce dossier - celui d'avoir procédé par une simple directive ministérielle au lieu d'une modification au Règlement - mais pas responsable des délais d'appel.
    2 - Modifier la Charte canadienne qui est comprise dans la constitution du Canada, cela prend plus qu'une simple loi. Il faut alors avoir recours à la procédure d'amendement de cette constitution qui exige le consentement des 2 chambres du Parlement, Chambre des communes et Sénat, plus les assemblées législatives d'au moins 7 provinces et représentant au moins 50% de la population. Voir ici : https://fr.wikipedia.org/wiki/Modification_de_la_Constitution_du_Canada#Formule_g.C3.A9n.C3.A9rale
    Bonne chance, monsieur Marineau.