Washington perd de l'influence au Proche-Orient

Géopolitique — Proche-Orient

La situation au Proche-Orient est dangereuse - un peu plus encore que d'habitude. Le "printemps arabe" aurait pu être l'occasion d'une relance des négociations entre Israéliens et Palestiniens. Ce n'est pas le cas. On assiste à un durcissement des positions des uns et des autres.
Elément encore plus inquiétant, les Etats-Unis paraissent moins capables que jamais de peser sur le cours des événements. Ce n'est pas affaire de volonté : on ne soupçonne pas les bonnes intentions de Barack Obama en ce domaine. Mais on écoute moins les Etats-Unis. Leur influence paraît décliner. Leur parole semble n'être que cela : des mots... Les épisodes de ces tout derniers jours en témoignent.
Jeudi 19 mai, dans un discours consacré au Proche-Orient, M. Obama se prononce pour un Etat palestinien sur la base des "frontières" de 1967. Les Etats-Unis précisent que des accommodements territoriaux sont possibles pour tenir compte des intérêts de sécurité d'Israël. Rien n'y fait. Israël rejette cette formule. Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, n'en veut pas. Il l'a dit jeudi et répété vendredi alors qu'il était reçu par M. Obama à la Maison Blanche.
Tous les ténors républicains ont appuyé la fin de non-recevoir adressée par le premier ministre au président démocrate. M. Nétanyahou joue le Congrès contre la Maison Blanche. Il est à peu près sûr de gagner. M. Obama est réticent à exercer la moindre pression sur Israël.
Dans son discours, le président américain exhortait encore les Palestiniens à renoncer à leur projet de faire voter en septembre, à l'ONU, une déclaration d'indépendance de la Palestine. Mais Mahmoud Abbas, le chef de l'Autorité palestinienne, ne suivra pas Washington si Israël n'accepte pas le principe d'une négociation sur la base des frontières de 1967... Il présentera sa résolution à la session d'automne des Nations unies. On tourne en rond.
On pourrait multiplier les exemples de cette perte d'influence américaine - relative - dans la région. C'est une évolution déstabilisatrice. Amie d'Israël et alliée des Arabes, l'Amérique passait pour être la seule puissance en mesure de jouer les bons offices, voire d'imposer puis de garantir une solution.
Laissés à eux-mêmes, Israéliens et Palestiniens ont déjà montré mille fois qu'ils étaient incapables de s'entendre sur la paix. Si l'histoire de ces vingt dernières années de vaines conversations israélo-palestiniennes prouve quelque chose, c'est bien cela : la paix devra, très largement, être imposée de l'extérieur.
Mais par qui, si les Etats-Unis pèsent moins dans la région ? Et si, comme ils viennent tous de le démontrer, Israéliens, Palestiniens, Egyptiens ou Saoudiens peuvent ignorer les injonctions américaines ? Aucune autre puissance ne peut remplacer les Etats-Unis. L'Europe est divisée ; la Chine n'en a aucune envie ; les Russes sont hors course. Il se pourrait bien que cette région, en pleine transformation, soit au bord d'une phase de déstabilisation prononcée.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé