Décidément, je ne suis pas la seule à avoir goûté à cet affreux "plat Charest" absolument immangeable (infect) et... de mauvais goût (au sens propre et au sens figuré), du genre: on n'avale rien, on recrache immédiatement!
[6 commentaires et 300 lecteurs pour ce texte->9997], c'est pas mal comme résultat! Mais... me suis-je bien fait comprendre? Pas toujours, semble-t-il, à la lumière de certaines réactions, et comme j'ai eu une demande d'approfondir la question du repli sur soi, ça me fait plaisir de le faire aujourd'hui, parce que ce sujet faisait partie de ma liste de mots à croquer. C'est d'autant plus important qu'on est face, qu'on fait face au dénigrement, quand ce n'est pas à de l'auto-dénigrement collectif... Alors patience, tolérance, et faire oeuvre de pédagogie! Patiemment, en enfonçant toujours et sans cesse le même clou à la même place!
Pour répondre à M. Dominic Desroches (dont j'avais déjà lu [le texte sur le repliement identitaire québécois->9597]), qui me demande de faire la démonstration que ce qui se passe actuellement au Québec n'est pas un repli sur soi mais, au contraire, une "sortie de soi" et un immense mouvement vers l'autre (je rappelle le slogan de la Commission B-T auquel j'adhère à 100%: Échanger pour s'entendre), il me semble, pourtant, qu'elle est faite, que je l'ai faite! J'ai élaboré ma preuve sur la définition même du repli sur soi et sur tous les signes visibles et tangibles contraires à cette définition. Qu'est-ce qu'on me demande de plus? - Reprenons notre marteau.
Le Québec, soutient M. Desroches, "connaît au contraire une période de repliement identitaire: il se cherche, se questionne, doute, hésite, tergiverse", écrit-il. - Qu'il se cherche et se questionne, voilà qui me paraît être un symptôme flagrant de prise de conscience de soi, suivie de, ou co-existante avec une affirmation de soi, de qui on est et, comme je l'ai dit, nous en sommes tous là aujourd'hui. Personne ne me fera croire que s'affirmer, c'est se replier - à moins d'avoir de maudits bons arguments pour m'en convaincre! Et comme tout un chacun affirme son identité en la présentant et en la faisant connaître aux autres, dans le but que nous nous comprenions mieux et que nous fassions enfin taire les préjugés une bonne fois pour toutes (si c'est possible), il s'agit là d'un mouvement d'avancement, de projection en avant, vers l'autre, et non, je le redis, de repli associé, par définition, à la résignation, à l'isolement et à la non-communication.
Se questionner et douter, la prof de philo que j'ai été et que je continue à être dans l'âme ne pourra jamais conclure que c'est là une mauvaise chose, bien au contraire. C'est nécessaire et à reprendre périodiquement pour, justement, ne pas rester replié sur soi et sur son quant-à-soi figé dans l'ciment. On me prendra peut-être pour une optimiste invétérée, qui prend ses désirs pour des réalités, mais je continue de voir, d'écouter et d'affirmer que dans le cadre de ce grand débat de société, en prenant la parole, on va vers l'autre!
M. Desroches dit aussi du Québec qu'il "hésite et tergiverse", signe de repliement, encore une fois, selon son jugement. - Ma foi, il faudrait s'entendre sur l'exacte définition du repli, comme de la signification réelle de l'hésitation et de la tergiversation. Bien sûr qu'il y a des hésitations et des doutes! Nous sommes tous et toutes en état de recherche et de réflexion ces temps-ci et, autre trait de mon optimisme et de ma positivité, je vois plein de signes, plein de solutions consensuelles qui se dessinent de jour en jour aux forums et audiences de la Commission B-T. Il est tout à fait normal de douter quand on est ouvert aux autres et qu'on les écoute, surtout quand ils énoncent un point de vue qui n'est pas le nôtre et qui remet en question certains aspects de notre pensée ou de nos jugements. C'est là que nos oreilles doivent surtout être ouvertes, et notre coeur placé au bon endroit.
Quant à la tergiversation, que mon Petit Robert 95 définit comme "user de détours, de faux-fuyants pour éviter de donner une réponse nette, pour retarder le moment de la décision", on peut toujours se demander qui souffre de cela au Québec. Sûrement pas le Parti québécois, qui a justement fini de tergiverser et qui a rédigé un projet de loi ferme et affirmatif. Pas davantage tous ceux et celles qui se sont donné la peine de préparer une intervention ou un mémoire pour la Commission B-T, et même pour la Commission de la Culture sur les taux d'immigration à fixer pour 2008-2010. Mais sans nul doute Jean Charest qui, en formant cette Commission sur les accommodements reliés aux différences culturelles, a préféré la fuite au leadership et à la prise de décision.
Malgré cette faiblesse, ce repli, reconnaissons-lui tout de même d'avoir, par ce fait même, déclenché ce débat, ces échanges, ces ouvertures à l'autre et que, si cela est possible et se vit, c'est bien la preuve que le Québec ne manque pas de confiance en lui-même!
Et je terminerai mon plaidoyer, Mesdames et Messieurs, par un mot de [Jeffrey Simpson (La Presse, 1 nov 07)->10024]: "Bien sûr, des personnes sensées et tolérantes se présentent aussi au micro. Mais voici une autre vérité de la Palisse: les mauvaises nouvelles se vendent mieux que les bonnes, et les commentaires outranciers sont rapportés plus souvent que les interventions raisonnables. Les médias méritent ici d’être blâmés et, à cause de ce défaut, les personnes qui suivent les audiences de la Commission Bouchard-Taylor dans les médias se feront servir une image déformée des attitudes des Québécois." - ET TAC!
(Ce fut en particulier le cas du forum et des audiences de Trois-Rivières, où j'étais. J'ai été étonnée de la qualité des interventions et des mémoires: l'un des excellents moments de la Commission. Mais sur qui les caméras, jamais aussi nombreuses que là, se sont-elles braquées? Sur Messieurs Drouin et Thompson, et sur la seule femme voilée de la salle, qui se trouvait juste à côté de moi...)
CHRONIQUE DE LA CROQUEUSE DE MOTS (5)
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
1 commentaire
Archives de Vigile Répondre
3 novembre 2007Chère Madame,
si cela est votre démonstration... Ce qui est intéressant, c'est que votre "démonstration" est elle-même bien québécoise : elle avance, elle recule et elle tergiverse aussi. Cependant, vous touchez un point : il y a une grandeur dans le doute, mais ce n'est certainement pas une preuve d'affirmation nationale. Le sceptique doute, vous le savez bien, parce qu'il n'est pas sûr... de savoir où est la vérité sur la réalité et sur lui-même ! Mais bon, je pense comprendre en gros ce que vous voulez dire. Une suggestion ironique pour le titre de votre prochaine chronique : "Vous avez dit démonsration". Enfin, si je ne suis pas convaincu par votre réplique - j'observe partout les effets puissants de la pensée magique -, je vous remercie en revanche pour votre mise au point fort optimiste. L'avenir nous dira si les Québécois, qui connaissent présentement le vertige, avancent ou reculent.
Bonne continuation dans votre travail.