Le Parti conservateur d’Andrew Scheer n’a pas attendu le déclenchement officiel des élections avant d’annoncer qu’il se lance en campagne dès demain. On peut difficilement le blâmer.
Depuis des mois, les libéraux de Justin Trudeau sillonnent le pays d’un bout à l’autre, faisant pleuvoir de l’argent sur des projets en tout genre.
Les députés et ministres libéraux procèdent à ces annonces à titre de membres du gouvernement. Leurs frais de déplacement et d’hébergement sont donc pris en charge par l’État, conséquemment par nous.
Baromètre
Encore cette année, c’est au Québec que les conservateurs donnent le coup d’envoi de leur campagne.
En choisissant Trois-Rivières, une circonscription détenue par un NPD en déroute, M. Scheer annonce ses couleurs. Pas question pour lui de laisser libéraux et bloquistes se disputer seuls les terres néo-démocrates.
La lutte s’annonce particulièrement serrée à Trois-Rivières. Les conservateurs y présentent un candidat vedette, l’ex-maire de la municipalité Yves Lévesque.
Ironiquement, ce dernier fera face à celle qu’il considérait comme sa dauphine au poste de mairesse lorsqu’il a quitté la mairie l’an dernier, la libérale Valérie Renaud-Martin. Produit de la vague orange, Robert Aubin aura aussi à composer avec un Bloc québécois revigoré.
Après Trois-Rivières, M. Scheer s’arrêtera plus tard demain en banlieue de Toronto, où tous les partis vont se livrer une guerre sans merci.
Petit jeu politique
Justin Trudeau n’a peut-être pas encore déclenché les élections, mais c’est tout comme. Lorsqu’ils forment le gouvernement, les partis politiques n’hésitent pas à tirer profit au maximum de leur statut pour faire mousser leur programme.
À quelques semaines du déclenchement des élections de 2015, un député conservateur s’amusait à brandir des chèques d’allocations aux familles vêtu d’un polo aux couleurs de son parti.
Le geste avait soulevé, avec raison, l’ire des oppositions.
Les libéraux ont aussi joué le jeu, en cet été préélectoral, multipliant les annonces de financement.
En août seulement, Justin Trudeau et compagnie ont signé plus de 4500 chèques, pour une valeur totale de 12,9 milliards $, soit neuf fois plus que la bande à Harper durant le mois précédant le déclenchement des dernières élections.
Signe que les libéraux ont eux aussi les yeux rivés sur le Québec, la province a été gâtée, avec plus de 2,7 milliards $ en promesses de financement durant cette période.
Pour M. Scheer, choisir Trois-Rivières comme point de départ d’une campagne qui s’annonce corsée est un symbole fort, qui ne garantit toutefois en rien le succès.