Représentation électorale

Vite, une nouvelle carte!

Actualité québécoise 2011



La nouvelle est passée inaperçue la semaine dernière, occultée par la publication du rapport Duchesneau. Elle est néanmoins digne de mention. Après des mois de tergiversations, le gouvernement Charest a accepté la nouvelle délimitation des circonscriptions électorales dressée par la Commission de la représentation électorale. Pour peu que le Parti québécois cesse son obstruction, le prochain scrutin pourra se dérouler suivant une carte électorale plus représentative et plus équitable.
La carte électorale actuelle, adoptée en 2001, ne correspond plus à la réalité démographique du Québec. Les distorsions sont telles que le poids d'un électeur de la région de Montréal est la moitié de celui d'un électeur de la Gaspésie ou de l'Abitibi. Si cette carte devait servir lors de la prochaine élection, on serait loin d'une application équitable du principe de «représentation effective» des électeurs.
La commission de la représentation électorale (CRE) a entrepris en mars 2008 de revoir la délimitation des 125 circonscriptions en appliquant la règle de plus ou moins 25 % prévue à la Loi électorale pour assurer une égalité relative du poids de chaque électeur. Il a résulté de ses travaux l'ajout de trois nouvelles circonscriptions dans la région de Montréal et la disparition de trois autres dans l'Est-du-Québec.
L'abolition de ces trois circonscriptions (Kamouraska, Matane et Gaspé) a heurté leurs populations qui y ont vu une perte du poids politique de leur région. Libéraux et péquistes se sont vertueusement saisis de cette cause et se sont engagés à maintenir la représentation électorale des régions. Ce fut même un enjeu de l'élection partielle dans Kamouraska l'an dernier. Mettant de côté toute gêne, ils se sont même ligués pour suspendre les pouvoirs de la CRE. La cause des régions portait toutefois une intention moins vertueuse. Libéraux comme péquistes savent que la majorité nécessaire pour former le gouvernement s'obtient dans les régions. Contrairement à la région montréalaise où les résultats sont figés d'une élection à l'autre, la lutte électorale y est ouverte. On y est sensible aux promesses des partis. Ce qui compte alors pour les machines électorales est d'avoir le plus grand nombre de circonscriptions où pouvoir véritablement s'affronter. Elles n'ont rien à faire de l'égalité du poids de chaque électeur.
À l'heure où les partis politiques cherchent à faire de la politique autrement, il était devenu plus que gênant de voir libéraux et péquistes retomber dans ce vil jeu électoraliste. Le nouveau ministre chargé de la réforme électorale, Yvon Vallières, semble l'avoir compris. Il faudra maintenant que le leader parlementaire du PQ, Stéphane Bédard, abandonne ses prétentions à recourir à des barèmes différents de représentation pour les zones urbaines et les territoires ruraux.
La carte proposée par la CRE n'est pas parfaite, mais elle est équitable. C'est ce qui compte. On ne cesse ces jours-ci, tout particulièrement au PQ, de valoriser la relation avec le citoyen. Si on le croit vraiment, il faudrait commencer par respecter son droit de vote.
Il y a urgence à ce que les péquistes se rallient aux libéraux. La nouvelle carte électorale devra être approuvée au moins trois mois avant les prochaines élections qui pourraient être tôt en 2012. Le PQ a le moyen de faire traîner les choses par des points de détail procéduriers. Le cas échéant, la responsabilité de cette situation lui reviendra.


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