Visibilité nulle sur la route de Sagard

Sans fortune personnelle, on se demande comment Martin Cauchon a pu acquérir ces journaux…





Le transfert des six journaux régionaux de Gesca (Power Corp.) à un nouveau groupe de presse propriété unique de l’ex-ministre libéral fédéral, Martin Cauchon, impose deux questions de fond: qui finance M. Cauchon? Gesca s’est-elle donné un «PKP fédéraliste» pour régner sur les régions?


M. Cauchon est très proche sinon une créature politique de la famille Desmarais. Elle l’a pris sous son aile.


Il a été ministre, candidat négligé à la direction du PLC et par la suite il avait orienté sa pratique professionnelle vers de la représentation en Asie. Sa plongée dans l’information régionale, sous le prétexte qu’il cherchait une occasion d’affaires pour son âme d’entrepreneur né, fait sourciller.


De réels changements ?


Gesca conserve La Presse, déficitaire depuis plusieurs années, selon tous les analystes, et sort de son périmètre comptable des journaux régionaux, jugés rentables? Le quotidien de la rue Saint-Jacques, à Montréal, a connu du succès avec sa version numérique, mais les revenus de ces plateformes sont encore bien inférieurs à ceux des versions papier des journaux. Curieuse décision.


M. Cauchon a d’autre part indiqué qu’il maintenait en place les directions des journaux régionaux et il a nommé au poste de président-directeur général de sa nouvelle entreprise l’actuel éditeur du Soleil de Québec, un journal en déclin accéléré.


Les autres journaux cédés, Le Nouvelliste (Trois-Rivières), La Tribune (Sherbrooke), Le Quotidien (Saguenay), Le Droit (Ottawa) et La Voix de l’Est (Granby) ont de bons taux de pénétration dans leur marché respectif. Ceux-ci sont toutefois dépendants de la maison-mère sur les plans des ventes publicitaires nationales et du contenu rédactionnel. À quelles mamelles s’alimenteront-ils dorénavant si ce n’est plus à celles de Gesca? Ces facettes n’ont pas été élaborées non plus mercredi.


La nouvelle direction n’a pas davantage annoncé un plan d’investissements pour donner un nouveau souffle à ses journaux.


Sous le couvert qu’il s’agirait d’une transaction privée, M. Cauchon n’a pas répondu mercredi à aucune de ces interrogations. La visibilité était aussi nulle que sur la route de Sagard dans les pires tempêtes hivernales.


La dimension politique


La ligne éditoriale chez Gesca a toujours été inconditionnellement fédéraliste.


Martin Cauchon appartient à la filière Trudeau (père) — Chrétien. Des élections fédérales auront lieu en octobre. Dans quelle mesure «callera-t-il la shot»? On peut s’en douter. Les Desmarais ont toujours dicté la page éditoriale de La Presse et par ricochet de leurs journaux régionaux.


Sur la scène québécoise, le Parti québécois mise beaucoup sur la clientèle des régions où il joue les cartes de l’identité et de la négligence du développement régional au profit de la métropole et de la capitale.


Les résultats électoraux sont facilement prévisibles à Montréal. L’île est divisée en deux: libérale à l’ouest; PQ et Québec solidaire à l’est. Québec et les régions font et défont généralement les gouvernements.


La main-mise sur les médias régionaux peut être un atout pour une option politique. Cette dimension a sûrement joué dans la manœuvre de Gesca.


L’annonce de mercredi n’est qu’un premier pas, j’en suis convaincu, vers une restructuration ultérieure qui changera vraiment cette fois le paysage médiatique. Entre-temps, rien n’a changé.




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