Virage ou mirage?

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Dans ce dossier comme dans bien d'autres, le gouvernement Couillard n'a aucune crédibilité

Pour la puissante compagnie albertaine TransCanada, la fuite dans les médias de son plan «secret» de relations publiques a eu l’effet d’une bombe à fragmentation.
Concocté par la firme américaine Edelman, il détaillait une kyrielle de tactiques médiatiques et politiques douteuses. Sur un ton guerrier, le plan visait surtout à amadouer une opinion publique québécoise de plus en plus réfractaire à son projet controversé de pipeline Énergie Est.
Face à la réaction outrée de nombreux Québécois, la compagnie a beau multiplier les entrevues de son nouveau porte-parole et ex-journaliste de la CBC pour redorer son image ternie, le dommage est fait. Même sa rupture avec Edelman n’y change rien.
De toute évidence, malgré son armada de lobbyistes, son omniprésence publicitaire sur toutes les tribunes et l’appui tacite ou ouvert de la plupart des gouvernements au pays, la mobilisation citoyenne au Québec inquiète TransCanada.
Un projet inquiétant
Rappelons que chaque jour, le pipeline Énergie Est — un projet de 12 milliards de dollars —, ferait transiter par le Québec plus d’un million de barils de pétrole lourd et polluant de l’Alberta. Ce qui exposerait des centaines de municipalités, de rivières, le Saint-Laurent et sa faune unique, dont les bélugas, aux dangers d’un déversement de pétrole.
Le succès monstre de la campagne citoyenne «Coule pas chez nous!» témoigne de la grogne qui monte. Suivant l’appel lancé par l’ex-leader étudiant, Gabriel Nadeau-Dubois, de doubler sa mise d’un don de 25 000 $ — le montant de sa bourse reçue pour le prix du Gouverneur général —, en quelques jours, la campagne a engrangé plus de 300 000 $.
Aujourd’hui, le maire Denis Coderre et la Communauté métropolitaine de Montréal ajoutaient leurs voix en exigeant aussi de la pétrolière Enbridge qu’elle refasse ses «devoirs» pour son projet d’inversion de l’oléoduc 9B.
Une bien drôle de coïncidence
Le «coulage» du plan de TransCanada force aussi le gouvernement Couillard à repositionner son «message».
Le jour même de la fuite, son ministre de l’Environnement opérait un virage. Imposant tout à coup sept conditions à TransCanada, dont l’«acceptabilité sociale», David Heurtel poussait même la métamorphose jusqu’à adopter un béluga pour soutenir la recherche…
Et pourtant, jusqu’à preuve du contraire, la plupart des gouvernements et les milieux d’affaires au pays sont favorables à l’industrie pétrolière albertaine.
L’an dernier, la tenue d’une commission parlementaire spéciale sur le projet tout aussi controversé d’Enbridge fut elle-même un exercice d’une complaisance désolante.
Cette semaine, Philippe Couillard lançait quant à lui qu’exercer «notre juridiction en environnement» est «incontournable».
Or, du même souffle, il vantait à nouveau la «richesse générée» par le pétrole albertain dont bénéficierait le Québec. Disant reconnaître que le pétrole «va devoir se déplacer», il se limitait à vouloir s’assurer que ça se fasse de la façon «la plus correcte possible».
En d’autres termes, face à la colère qui monte, le gouvernement durcit le ton pour des raisons essentiellement stratégiques.
Question de paraître lui-même un tantinet moins complaisant face à l’industrie pétrolière.
Le virage risque fort d’être un mirage…

Addendum:
Et s’il y avait déversement de pétrole dans la Saint-Laurent? Ici,quelques «scénarios du pire»…


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