Victoire pour les marginaux?

8ea6e01ab92194d00ea9ff6f83ce57c9

Ravary se trompe : les médias de masse ont déjà perdu le contrôle de l'opinion publique

Avant internet, le commun des mortels ne se frottait pas tous les jours à des idées flyées, marginales.


À gauche, les marxistes-léninistes, maoïstes, antifas, écologistes profonds et autres anarchistes se rencontraient dans des cafés enfumés, le plus loin possible des gens qu’ils voulaient sauver.


À droite, libertariens, nativistes crypto-fascistes et autres paléoconservateurs déconnectés se faisaient encore plus discrets.


Entre toutes, les années 1960 et 1970 étaient riches en idées folles. Je pense à ces intellectuels européens qui colportaient que le sexe entre adultes et mineurs « consentants » était bénéfique aux enfants.


Sauf qu’entre « passe-moi le beurre » et « passe-moi le sel », les familles ordinaires ne discutaient pas des avantages et désavantages de la pédophilie au souper. C’était marginal.


Sauf qu’avec internet, tout le monde a une opinion sur tout.


À gauche


Les réseaux sociaux mettent à portée de tous des points de vue marginaux en quête d’acceptabilité sociale, créant ainsi l’illusion que la population se passionne pour des sujets marginaux comme les pronoms non genrés – « iel » au lieu de « il » et « elle » – exigés par des personnes qui refusent de se dire homme ou femme.


Or, la discussion sur le genre demeure marginale.


Le mouvement #MoiAussi a ses antennes marginales. Je suis tombée hier sur un site de féministes françaises qui exigent que les hommes ne fassent plus les premiers pas, une tradition jugée inégalitaire et dangereuse.


À la limite, même Québec solidaire est marginal.


À droite


Au Québec, l’extrême droite raciste regroupe des dizaines de milliers de démagogues ignorants, mais violents seulement en paroles. L’attentat de Québec est un événement isolé non seulement ici, mais dans le monde entier.


Par contre, si on se fie au babillage sur les réseaux sociaux, on pourrait croire que la charia est à nos portes et qu’il faut se défendre maintenant. Trois pour cent de musulmans vont remplacer notre système juridique par la charia ? Ça ne va pas la tête ? L’infiltration islamiste est beaucoup plus subtile que cela.


Il y a sur Facebook une enragée à qui je ne veux pas faire de publicité, qui dénonce dans un langage vulgaire les musulmans, les libéraux, les « banksters » (banquiers gangsters et mot-code pour « juifs »), les Illuminati, les instruits, les journalistes au grand bonheur de ses 25 000 amis.


Ce n’est pas parce qu’elle crie et fait des grimaces et que ses « nombreux » amis l’encouragent à continuer de « dire la vérité » qu’elle représente un courant profond au Québec. C’est une marginale.


Islamophobie


La requête de 70 organisations islamiques canadiennes d’instaurer une journée contre l’islamophobie le 29 janvier est aussi l’initiative de marginaux qui prétendent parler au nom de la communauté musulmane. Sauf que LA communauté musulmane, ça n’existe pas. Un réfugié afghan analphabète a peu en commun avec une dentiste marocaine.


Mais voilà, aveuglés par les feux d’artifice sur Facebook et Twitter, excités par les débats qui montent à la tête, il est facile de perdre le sens des proportions. Cent commentaires racistes sur internet à la suite d’un reportage, c’est trop, mais c’est aussi bien peu.


On ne peut laisser la marge dicter les politiques publiques et faire monter notre pression collective.