Le Canada est aux USA ce que le Québec est au Canada

Vers l'implosion du Canada

Trudeau manque de jugement

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Chronique de Peter Benoît

Le monde change et plus rapidement encore.  Le modèle atlantiste, né de la deuxième guerre mondiale et poursuivi pendant la guerre froide, a fait son temps; ce fut la période de la construction de la Voie maritime, du Pacte de l'auto et de la très riche Ontario...  La fortune du Canada s'est bâtie sur un partenariat avec les USA alors que l'essentiel de nos exportations se dirigent vers ceux-ci.  La vague de libre-échange des années 1980 avait pour but, entre autres, de diversifier le commerce pour moins se fier aux USA.  C'est comme une entreprise qui n'aurait pratiquement qu'un seul gros client:  si vous perdez votre vache à lait, vous vous retrouvez rapidement dans le pétrin. C'est le Canada en 2018.


Tout a été dit sur les USA et il faut le répéter: L'hégémonie militaire des Américains est maintenant mise à rude épreuve et c'est la première fois depuis au moins Pearl Harbor que les USA ressentent une telle frayeur; c'est existentiel.  Les USA n'ont pas le choix que de se réinventer face à un monde qui devient ou deviendra multi-polaire; la sphère géopolitique s'étant déplacée de l'océan Atlantique aux océans Indien et Pacifique.


Dans ce contexte, les USA doivent se replier et se déployer d'une autre manière avec d'importants défis intérieurs à relever:  Des infrastructures civiles désuètes à refaire,un complexe militaro-industriel autant inefficace que corrompu, des déficits budgétaires importants, une structure industrielle en bonne partie délocalisée qui est devenue un risque stratégique national, un déficit commercial ingérable, la mainmise du dollar américain remise en question et j'en passe... Les Américains se doivent donc d'agir rapidement et avec envergure.


Ainsi, les USA n'en ont rien à foutre de l'Alena et ni du Canada d'ailleurs.  Les USA, qui consomment plus de 13 M de barils de pétrole par jour, en produisent déjà 10 M à l'interne; le reste provenant du Canada (3 M). Toutefois, les Américains deviendront auto-suffisants vers 2025 et ont l'embarras du choix pour s'approvisionner avec plusiers sources disponibles d'ici là; c'est sans compter sur leur imposant surplus et potentiel gazier.


Les Américains savent aussi que la Révolution verte, promue en bonne partie par la Chine, est à leur porte; bref, que la demande mondiale de pétrole est appelée à chuter de façon irréversible à partir de 2020-2021 et que le dollar américain va voir ainsi son statut de monnaie de réserve s'éroder.  La Chine veut devenir le producteur #1 des voitures électriques et hybrides pour jumeler à la fois production industrielle de pointe, déficit énergétique, environnement et pression sur les USA.


Alors que fait Trudeau ?  Il annonce, en pleine période de négociation de l'Alena (le 8 mai dernier), un investissement majeur de Toyota de 1,4 G $ dans la région de London (toujours en Ontario) pour la construction d'une nouvelle usine qui va produire des voitures hybrides destinées au marché nord-américain (essentiellement les USA) et créer au moins 450 emplois !


Évidemment, pour pouvoir faire une telle annonce, il a vendu la peau de l'ours avant de l'avoir tué convaincu que la signature de la nouvelle entente était une bagatelle. Évidemment, cela a déclenché un changement radical dans la négociation de la part des Américains devenus fous furieux... À moins d'un changement radical, il est presque assuré que l'Alena ne sera pas reconduit, du moins dans sa forme actuelle. À noter que l'annonce du 8 mai signifiait aussi que l'essentiel de la question automobile était réglée; ce qui suppose que des pans entiers de mesures agricoles ont été liquidés, soit vraisemblablement l'élimination des quotas au détriment du Québec. Le choix est toujours facile à faire entre le Québec et l'Ontario...


Autre tuile pour le Canada: Si la Chine réussit à s'entendre aec les USA pour acheter plus de céréales, des avions et des produits énergétiques des USA, on s'entend que les 70 G $ par année seront enlevés à quelqu'un, dont le Canada...


Le Canada, victime du couple auto-pétrole depuis plus 50 ans et Ontario-centrique, fait face à l'implosion devant une multitude de menaces commerciales qui met en jeu sa survie financière.  Le Canada, ne pouvant exporter ses voitures et ni écouler son pétrole, va sombrer dans une spirale de décroissance; déjà que l'endettement du Canada et des canadiens est à 305% du PIB (le plus élevé en Occident).  Le Canada aura peu de moyens pour faire face à la crise, sinon que de se délester de nombreuses responsabilités et obligations.  Attendez-vous à ce que le discours de fédéralisme renouvelé revienne à la mode assez prochainement...


Qui seront les gagnants de ce processus ?  Les Provinces les moins exposées au pétrole et à la construction automobile.  Je vous laisse deviner lesquelles...




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1 commentaire

  • Yves Corbeil Répondre

    11 juin 2018

    Bien voyons M.Benoit, vous devriez savoir que Bill, Chrystia et Juste un vont régler le problème en un tournemain.


    Ça fait vraiment dur comme perspective d'avenir et jamais je ne croirai qu'ils comptent sur l'Europe pour sauver la mise canadienne, sont en faillite avec leur système qui pousse les pays vers la banqueroute sur des taux d'intérêts de ''shylock''. Ils auront juste à prendre la méthode Bombardier pour acheter du temps, soit de vendre des actifs quand t'as besoin de ''cash flow''. Donc, ils vendront le Canada à la pièce, province par province pour sauver l'Ontario. À ce moment là, nous aurons peut-être plus de chance d'avoir l'indépendance en ne faisant plus parti du pays des aristocrates british et leurs serviteurs fidèles et sans nuance dans leurs façons de faire à partir du mini Wall Street sur Bay Street.


    On ne dort pas, non on est totalement évanouie ou dichlorométanisé, ce qui convient mieux à l'état des réactions sur la situation.