PCAA

Verglas financier

Bourse - Québec inc. vs Toronto inc.

La Caisse de dépôt avait rendez-vous avec ses commettants hier. Son président était invité à expliquer l'exposition de l'institution face à la crise de liquidité qui frappe les PCAA. Qualifiant cette crise de «verglas financier», Henri-Paul Rousseau a tout de même réussi à convaincre que la Caisse et ses déposants devraient s'en sortir avec seulement quelques égratignures superficielles.

Le témoignage était attendu. Surtout, Henri-Paul Rousseau se devait de calmer le jeu. Car, en l'absence de précision, la machine à rumeurs s'emballait, alimentée par les scénarios de catastrophe relayés sans retenue par l'opposition à Québec. Les dernières estimations lancées par l'ADQ, basées sur une règle de trois, faisaient état de pertes de plus de quatre milliards pour la Caisse. Du pur délire!
Henri-Paul Rousseau a commencé sa présentation avec un cours de PCAA 101. Il a expliqué ce qu'étaient les papiers commerciaux adossés à des actifs financiers. Des titres de première qualité pour leur quasi-totalité, reposant sur des actifs solides, plongés soudainement dans une crise de confiance sans discernement alimentée par le segment composé de subprimes, des crédits hypothécaires à haut risque. Il a par la suite rappelé que l'échéance de ces actifs étaient, pour l'essentiel, à long terme. Que la Caisse était également un investisseur de long terme. Qu'il serait dangereux d'exiger qu'elle rende des comptes tous les trois mois sans risquer de revenir à une culture du court terme à la Caisse.
Le président a insisté sur la non-ingérence politique pour ensuite passer à la définition des termes comptables. Ainsi, une provision n'est pas une perte, une radiation d'actif n'est pas une sortie d'argent. Ce n'est qu'un ajustement comptable visant à refléter la valeur de l'actif à un moment donné, une valeur pouvant s'apprécier dans le temps. Tant que l'actif n'est pas vendu... Ces subtilités comptables sont trop souvent sacrifiées au profit de la démagogie.
Mais ces nuances étant, on voulait des chiffres. Ils sont venus, partiellement. La Caisse a pour 13,2 milliards de dollars de PCAA dans ses portefeuilles. De ce total, un milliard prennent la forme de subprimes. Ainsi, une somme de 12,2 milliards continue à s'appuyer sur des éléments d'actif de grande qualité.
Quant aux provisions que la Caisse devra comptabiliser, le calcul n'est pas fait. La portion subprime devra être provisionnée. En prenant le scénario du pire, en supposant que la moitié sera provisionnée, ce sera 500 millions. Un impact de quelques points de base seulement sur un actif de 150 milliards, a souligné Henri-Paul Rousseau. Tout est une question d'échelle, évidemment, mais sur cette base relative, nous sommes loin du péril en la demeure.
Une provision devra également être constituée sur les 12,2 milliards qui, malgré leur qualité, demeurent secoués par la crise de liquidité et cette absence d'acheteurs venant déprécier ces titres, sur papier. L'impact réel sera reflété dans les propositions que le comité Crawford doit faire le 14 décembre. Rappelons que ce comité, mis sur pied à l'instigation de la Caisse et comprenant 17 membres recrutés parmi les institutions financières détentrices de PCAA, a pour mission d'évaluer et de restructurer de manière ordonnée le segment de ces titres fragilisés. «Laissons le travail de fin d'année se faire», a suggéré le président.
Une partie de la présentation de M. Rousseau a porté sur la façon dont les institutions et les gouvernements ont réagi dès que l'alarme a rugi. Du travail de haut calibre, qui a nécessité une analyse rapide des ministères des Finances, à Québec et à Ottawa, et une intervention aussi rapide et précise de la part de la Banque du Canada. Cette action concertée a facilité cette transition entre la période de crise, qui s'est étendue du 15 août au 6 septembre, en une période de solution.
«Nous sommes dans une période de solution. Oui, ça va abaisser notre moyenne au bâton, mais on va être très élevé», a renchéri Henri-Paul Rousseau, en parlant du rendement que devrait dégager la Caisse cette année.
À une question lui demandant s'il est raisonnable d'appliquer la radiation moyenne de 10 %, observée ailleurs, aux 12,2 milliards que retient la Caisse dans les PCAA de première qualité, le président de l'institution a répondu: «Je vais vous laisser vos chiffres.» Il a cependant invité tout le monde à la prudence. Et, selon tous les scénarios élaborés, aucun des déposants ne verrait son équilibre financier être menacé. Et si le pire des cas survenait, les déposants n'auraient même pas à revoir le montant de leurs cotisations ou de leurs prestations, a-t-il assuré.
Il a invité les parlementaires à la patience. Il a expliqué que la correction boursière des dernières semaines et la forte évaluation du dollar pouvaient faire plus mal, quoique sur cette question du dollar la Caisse était bien couverte. «Je ne fais pas que des bons coups. Mais je veux être évalué sur mes résultats globaux», a-t-il affirmé.
Voilà pour cette crise de «verglas financier». Quant à cette autre crise du verglas, la vraie, celle de 1998, elle n'avait finalement eu pour conséquence que de retrancher 84 millions, ou 10 % du bénéfice net d'Hydro-Québec. Pour les adeptes de la règle de trois, si on appliquait ce pourcentage par extrapolation aux résultats de la Caisse au 31 décembre dernier, celle-ci devrait afficher un rendement moyen de 10,6 % cette année, contre 14,6 % en 2006. Mais comme le dit Henri-Paul Rousseau, attendons les résultats, qui seront dévoilés en février.


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