Vague orange pour l’indépendance

Élection Québec 2012 - les souverainistes


Amir Khadir n’est pas le seul indépendantiste à avoir voté NPD, n’en déplaise à Gilles Duceppe. Non seulement ai-je moi-même voté NPD, mais tous les indépendantistes que je connais en ont fait autant. Est-ce incongru ? Nous sommes-nous éloignés de l’indépendance ? Au contraire !
En regardant les résultats des élections fédérales, on réalise mieux que jamais que les aspirations du Québec et du « Rest of Canada » sont totalement irréconciliables. La souveraineté devient, dès lors, absolument nécessaire.
Mais M. Duceppe se demande pourquoi avoir voté orange plutôt que bleu ? Et, bien sûr, apparaît en filigrane, pourquoi voter Québec solidaire plutôt que Parti québécois ?
Tout simplement parce que la vague orange a donné aux indépendantistes et à ceux et celles qui en ont tout simplement ras le bol du Canada des conservateurs ce qui manque cruellement aux vieux partis souverainistes depuis la défaite au premier référendum : un projet de société distinct !
Il ne suffit pas d’éveiller le conservatisme franco-catholique pour justifier la création d’un pays, ce qu’a fait le Parti québécois en agitant l’anglais et les nouveaux arrivants comme un homme de paille qui menacerait notre culture. Pas étonnant que l’indépendance soit impopulaire chez les nouveaux arrivants si on ne la justifie que pour des raisons ethniques. Pas étonnant non plus que le français soit en déclin si, au-delà d’obliger les gens à le parler, on ne leur en donne pas l’envie, si on ne leur en fait pas sentir la nécessité. Encore faut-il justifier le français, non seulement comme porteur d’une histoire distincte, mais porteur d’une culture vivante dans un futur distinct.

Au-delà du PQ et du BQ
Or, cette vision et cette culture distinctes existent au-delà du PQ et du Bloc québécois. Le malaise vis-à-vis un Canada autoritaire, pollueur, raciste, antidémocratique, guerrier, antiartistique, machiste, évangéliste, corporatiste et conservateur est évident. Voilà pourquoi les souverainistes se sont mis à voter orange. Voilà pourquoi Québec solidaire gagnera beaucoup d’appuis au Québec.
Il est le seul parti à proposer un réel projet de société aux Québécois et Québécoises, celui d’un pays indépendant, pluriel, plus démocratique, plus vert, qui respecte les minorités, où la laïcité de l’État, l’égalité entre les hommes et les femmes, le respect des droits de la personne sont non négociables, où on respecte les droits des peuples autochtones tels que définis dans les chartes de l’ONU, où les services publics sont gratuits et universels, où la justice trouve une expression plus grande que dans la « juste part ». Parce que le Québec ne sera jamais indépendant tant qu’il dépendra des gazières, des minières, de Québecor, des lobbys et du Conseil du patronat. Parce que Québec solidaire ne propose pas « peut-être un référendum », mais de réécrire, tous ensemble, un projet de Constitution et de choisir dès maintenant dans quel genre de pays nous voulons vivre, quel pays nous allons léguer à nos enfants.
Évidemment, ç’aurait été plus simple si le PQ et le Bloc avaient été ces visionnaires. Probablement aurions-nous déjà notre pays. Mais comme le faisait René Lévesque, il faut se méfier des vieux partis, habitués d’exercer le pouvoir, dépendants de leur caisse électorale et incapables d’innover.
Je crois que la vague orange est un avertissement aux vieux partis souverainistes. Si vous voulez ravoir nos votes, il faudra d’abord que vous posiez des actes (pas seulement des promesses électorales) qui vous engagent à réaliser le projet qui vous a vus naître : nous voulons un pays réellement indépendant, nous voulons la social-démocratie, et nous les voulons maintenant. D’ici là, une vague orange, c’est la seule vraie vague d’indépendance. Contre toute attente, le NPD est passé d’un seul député à 58. Un gouvernement solidaire est non seulement possible, mais absolument nécessaire.
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Geoffroy Delorey - Étudiant en lettres et coéditeur de la Coopérative d’édition En jachère

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Étudiant en lettres et coéditeur de la Coopérative d’édition "En jachère"





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