Une rencontre entre le maire d'Oka et le grand chef de Kanesatake la semaine prochaine

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Québec doit prendre les devants et intervenir pour éviter la crise


OKA | Le maire d’Oka et le grand chef de la communauté mohawk de Kanesatake ont convenu, jeudi, d'une rencontre la semaine prochaine au terme d'une autre journée tendue dans la municipalité.


Après une journée où les deux hommes ont continué de s'interpeller à coup de déclarations dans les médias, le maire Pascal Quévillon et le grand chef Serge Simon se sont entendus sur une rencontre la semaine prochaine afin d'apaiser les tensions qui montent dans ce secteur des Laurentides, a appris TVA Nouvelles. La ministre des Affaires autochtones du Québec, Sylvie d'Amours, ainsi qu'un représentant du gouvernement fédéral doivent aussi y prendre part.


Pour le représentant de Kanesatake, il est important d’arriver à se parler, mais le ton doit changer, avait-il prévenu jeudi.


Des terres litigieuses


Au cœur du litige, des territoires revendiqués par la nation mohawk. Un propriétaire okois, qui possède 95 % des lots vacants dans ce secteur, a récemment accepté de remettre aux Mohawks, que ce soit par la vente ou la cession, l’ensemble de ses terrains.


Certains habitants d’Oka craignent que leur ville devienne enclavée au milieu du territoire mohawk et que des «des cabanes à cigarettes et des cabanes à pot» se retrouvent aux abords de la ville, une perspective qui déplaît au maire Pascal Quévillon.


Mercredi, ce dernier avait convié ses concitoyens à une réunion dans l’église locale. Environ 400 personnes ont répondu à l’appel.


En entrevue avec TVA Nouvelles jeudi matin, le maire d’Oka a été catégorique: «On voit un peu ce qui se passe présentement à Kanesatake, et on ne veut pas que ces choses-là descendent chez nous à Oka», a-t-il dit.


Pour sa part, le grand chef Serge Simon déplore qu’Oka se serve des problèmes sociaux vécus par sa communauté et de l’inaction du fédéral pour «promouvoir son développement et les intérêts de sa communauté».


«On parle de réconciliation, on parle de développement commun, et lui parle de déclencher une crise d’Oka», a-t-il affirmé, assurant vouloir développer les terrains en harmonie avec son voisin.


Une partie du territoire qui pourrait être transféré était au centre de la crise d’Oka de 1990.


Revolver chargé


Le chef Simon demande d’ailleurs à son voisin okois de «faire un pas en arrière» dans ce dossier.


«Là, t’es sur le bord du précipice. Ne fais pas un autre pas. La prochaine marche va être basse. Il peut déclencher quelque chose qu’il n’avait pas l’intention de faire. Il joue avec un revolver chargé et il ne sait même pas comment s’en servir».


Pour le principal intéressé, il serait important de «changer la mire de place».


«Le vrai coupable dans ce dossier, c’est le gouvernement fédéral et son inaction depuis plusieurs années, a rétorqué Pascal Quévillon. On essaie de me faire porter le chapeau, mais depuis plusieurs années, j’essaie de discuter avec le gouvernement fédéral, le gouvernement provincial, et on n’a aucune écoute.»


Selon lui, au niveau provincial, le dossier des terres d’Oka est une «grosse patate chaude dont personne ne veut s’occuper».


«On est un peu laissé à nous-mêmes dans ce dossier-là et c’est très malheureux. Moi, Pascal Quévillon, je suis le maire d’Oka et je vais représenter mes citoyens, je vais faire respecter leurs droits, aujourd’hui en 2019. Personne ne peut me reprocher ça.»


Dialogue?


Le maire assure avoir invité le grand chef Simon à dîner la semaine prochaine, «quand bon lui semblera».


Pour le représentant de Kanesatake, il est important d’arriver à se parler, mais le ton doit changer.


«Si on garde le dialogue ouvert entre les deux communautés, on va trouver une solution éventuellement, croit-il. Parler comme le maire fait, c’est absolument irresponsable.»


Calmer le jeu


Pour sa part, la ministre québécoise des Affaires autochtones, Sylvie D'Amours, a demandé au maire Quévillon de modérer ses déclarations et d’éviter de dire certaines choses publiquement.


«Un maire, par sa fonction, ne devrait pas dire des choses publiquement comme ça, a-t-elle affirmé en entrevue avec TVA Nouvelles. Je n’étais pas d’accord avec les propos qu’il avait tenus à ce sujet et je lui ai dit: "Je t’en conjure Pascal, il faut vraiment que tu mettes tes citoyens en confiance, que tu les rassures".»


«J’invite le maire à s’assoir à une table pour dialoguer avec le grand chef Simon.»


«La réconciliation avec les peuples autochtones est extrêmement importante pour notre pays», a dit de son côté le premier ministre Justin Trudeau.


«Nous reconnaissons qu’il y a des conversations difficiles, un historique chargé à Oka. Mais en même temps, je pense que cela doit se faire dans le respect, dans le dialogue, dans la collaboration. C’est la seule façon d’avancer vers la vraie réconciliation.»