Une percée conservatrice au Québec?

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Le vrai mirage des faux avantages





On s’est tellement habitués à dire des conservateurs fédéraux qu’ils étaient étrangers au Québec que personne ne croit vraiment à la possibilité de leur percée lors des élections fédérales à venir à l’automne 2015. Le gouvernement Harper n’est-il pas unanimement décrié dans nos grands médias? Ne dit-on pas que ses valeurs sont fondamentalement incompatibles avec celles des Québécois?


Pourtant, une tendance semble se dessiner: le Parti conservateur amorce une remontée au Québec. D’abord dans les régions qui lui sont naturellement favorables, comme celle de la capitale nationale ou la rive-sud de Québec. Il pourrait aussi percer ailleurs. Les conservateurs ont d'ailleurs lancé une offensive au Québec. Ils ne le considèrent plus comme un terrain perdu. Ils ont annoncé récemment des candidats de prestige, et il pourrait bien y en avoir d’autres.


Comment expliquer cela? On peut y voir d’abord un des nombreux effets à long terme de l’effondrement du Bloc Québécois. Tant que ce dernier occupait l’espace politique, la question nationale demeurait au cœur de la politique fédérale. Dans la mesure où il n’est plus qu’un tiers-parti (ce qui ne veut pas dire qu’il ne pourrait pas remporter une douzaine de comtés en automne), la vie politique se réorganise autour des grands partis fédéraux.


Les conservateurs sont au pouvoir depuis 2006 et sont majoritaires depuis 2011. Ils se sont normalisés. Et depuis quelques temps, les enjeux qu’ils embrassent ne les placent pas nécessairement en contradiction avec les sentiments d’un grand nombre de Québécois. Qu’il s’agisse de la lutte contre le terrorisme, de la loi et de l’ordre ou de la volonté de réduire le fardeau fiscal, ils rejoignent bien des Québécois.


Harper est peut-être même servi par la campagne de diabolisation permanente menée contre lui depuis des années. Car souvent, ses adversaires ne se sont pas contentés de le critiquer durement: ils le présentaient comme le diable, comme une honte pour le pays, comme un ennemi juré du genre humain. Cela fait en sorte qu’aujourd’hui, bien des électeurs risquent de dire que s’ils ne sont pas fans du chef conservateur, il n’est pas aussi pire qu'on le dit et pourrait obtenir leur appui.


Les conservateurs se retrouvent aussi devant une opposition d’une faiblesse navrante. Le Parti libéral, avec à sa tête Justin Trudeau, fait pitié. Ce dernier multiplie les déclarations erratiques. On savait déjà qu’il manquait d’envergure, mais on découvre aujourd’hui qu’il manque en plus de jugement et de sens politique. Comment a-t-il pu ainsi endosser la cause de cette immigrante pakistanaise qui refuse absolument de soulever son niqab au moment de son serment de citoyenneté?


Le NPD, quant à lui, a de plus en plus l’air d’une erreur historique dans le paysage québécois. Son chef ne manque pas de talent. Mais la collection d’anonymes qui peuplent sa députation est sidérante. Ils se sont fait élire sans l’avoir prévu en 2011 et n’ont toujours pas su quoi faire à la Chambre des communes depuis. Le NPD conservera de gros appuis au Québec, en bonne partie parce que bien des nationalistes ont décidé de voter pour lui. Mais il n’aura pas cette fois de vague.


Le problème, c’est qu’avec ou sans députation au Québec, le Parti conservateur considérera toujours les Québécois comme des supplétifs sans véritable intérêt. Pour eux, les Québécois sont des francophones de service appelés à faire de la figuration dans un parti qui est d’abord et avant tout celui du Canada anglais, et qui entend le rester. Les années Stanfield et Mulroney sont définitivement derrière nous. Le Canda sera toujours de plus en plus anglais. Le peuple québécois s'y décompose lentement mais surement.


Il n’y a plus que les Québécois pour faire semblant de croire un peu à la thèse des deux peuples fondateurs dans un pays qui l’a constitutionnellement rejeté en 1982. Ne soyons pas surpris, toutefois: ils seront toujours nombreux, les Québécois prêts à servir le Canada en espérant y obtenir quelques avantages, quelque position de prestige. C’est ce qu’on appelle s’habituer à sa dépendance et chercher à en tirer quelques avantages.




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