Une mauvaise stratégie

En somme, est-il trop tard pour que Mme Harel et Projet Montréal arrivent à mettre en place une coalition pour battre le maire Tremblay?

Montréal - élection 2009

J'ai beaucoup d'admiration pour Louise Harel. Elle est une social-démocrate convaincue et une souverainiste de la première heure. Son arrivée en politique municipale laissait présager une possibilité réelle d'un changement de garde à Montréal.
Son choix de s'allier à Vision Montréal m'a surpris, car ses antécédents politiques me laissaient croire que son affiliation avec Projet Montréal était beaucoup plus naturelle. Ce parti municipal lui offrait la candidature à la mairie et son projet politique écologiste, social-démocrate et transparent sur le plan du financement des partis en faisait une niche idéale pour une personnalité progressiste. Pourquoi alors Mme Harel a-t-elle choisi Vision Montréal, un parti incapable de mettre sur pied un programme socioéconomique cohérent et mené par plusieurs personnalités issues du sérail libéral?
Mme Harel a sous-estimé certains facteurs inhérents à la politique québécoise, dont le plus important est celui de la question nationale. Elle a cru, en s'affiliant avec des personnalités politiques libérales et fédéralistes, qu'elle pourrait éviter l'écueil de la question nationale sur la scène municipale; c'est une erreur majeure.
Impact sur la minorité anglophone
Un simple regard sur le comportement des minorités linguistiques dans l'histoire mondiale moderne nous indique que les minorités recherchent toujours, en premier, à sauvegarder leur identité. Avoir un maire souverainiste, surtout à Montréal, représente un danger potentiel trop important pour la minorité anglophone.
En faisant appel à l'histoire des minorités ethniques, nous voyons ce comportement répétitif de sauvegarde. En 1920, les minorités roumaines de Bessarabie (Russie) et de la Hongrie choisissent leur rattachement à la mère patrie, la Roumanie. En 1938, la minorité sudète allemande opte pour l'Allemagne nazie plutôt que pour son maintien dans une Tchécoslovaquie démocratique. Plus récemment, la minorité albanaise (Kosovar) de la Serbie a choisi l'indépendance pour préserver sa langue et ses institutions.
Au Québec, la minorité anglophone a toujours privilégié l'option qui permettait le mieux de sauvegarder son identité. L'élection de gouvernements péquistes et les deux référendums ont conforté ce comportement de défense. Dans le contexte actuel, la question nationale reste, toute proportion gardée, plus importante dans la communauté anglophone que dans la communauté francophone. Je sens chez cette dernière que la question nationale est moins vitale et moins urgente.
Déjà, des conseillers et des personnalités anglophones et allophones de Vision Montréal ont quitté le bateau. Ils ne pouvaient pas envisager d'appuyer la possible victoire d'une souverainiste, surtout dans la ville la plus importante du Québec.
Plusieurs militants péquistes ont été déconcertés par le choix de Mme Harel. Plus à l'aise avec le programme de Projet Montréal, ils se sentent tiraillés entre leur pensée souverainiste et social-démocrate et le danger que le parti du maire Tremblay, Union Montréal, puisse profiter de la division des votes de l'opposition pour remporter de nouveau la mairie de Montréal.
En somme, est-il trop tard pour que Mme Harel et Projet Montréal arrivent à mettre en place une coalition pour battre le maire Tremblay?
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Jean Archambault, Montréal


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